En septembre 2014, Thomas Lilti dévoilait Hippocrate , un film relatant l'envers du décor de l'univers hospitalier au travers du parcours d'un jeune interne. Son nouveau film « Médecin de campagne », sorti le 23 mars 2016, s'intéresse cette fois à la médecine rurale et à ses problématiques...
Après avoir vu le nouveau film de Thomas Lilti, « Médecin de campagne », criant de vérité sur l’univers médical, et plus particulièrement sur la médecine rurale, je ressors, encore une fois du cinéma, avec une multitude de questions profondes sur ma pratique soignante quotidienne concernant la fin de vie, la relation soignant-soigné ou encore le sens du soin, de l’accompagnement patient. Comme le titre l’indique, le film raconte l’histoire d’un médecin de campagne un peu bourru -interprété par François Cluzet-, investi corps et âme dans son travail, et qui se voit contraint d’envisager une collaboration avec une jeune consœur car il est atteint d’une tumeur cérébrale avec les conséquences physiques des soins associés : chimiothérapie… Contrairement à son premier film, Hippocrate, centré sur la médecine hospitalière et sa hiérarchie, l’internat ou encore la situation des médecins étrangers, le réalisateur, médecin lui-même, se concentre ici sur la médecine rurale et aborde de nouveaux thèmes comme les réseaux de soins et les maisons de santé, la maladie chronique, la relation soignant-soigné… Cependant, il n’oublie pas, à chaque fois, de montrer et souligner les possibles dérives de la médecine et des politiques de santé.
On retrouve aussi, dans « Médecin de campagne », un thème qui semble particulièrement toucher Thomas Lilti, tout comme il marque la société française depuis plusieurs années au travers de plusieurs affaires (Humbert, Lambert , Bonnemaison) et deux lois (Léonetti 2005/2015 ) : la fin de vie et l’acharnement thérapeutique. En effet, ce film aborde les problématiques de la maladie chronique, de la surmédicalisation de la fin de vie, des directives anticipées, des limitations de soins ou encore de la nécessaire coordination des différents acteurs (médecin, infirmières, aides à domicile, famille).
Évidemment, tout n’est pas parfait dans le film et il n’échappera pas au regard du soignant certains gestes ou attitudes inadaptées, voire néfastes médicalement, telles que la mise en position latérale de sécurité (PLS) d’un patient conscient ayant fait un accident de la voie publique (rien à voir avec Nina cependant …)
Finalement humain, touchant et réaliste, ce film nous permet à nous, soignants de tous horizons, de nous remettre en question, de nous recentrer sur le sens, l’essence de notre métier, le patient, que l’on perd parfois de vue à cause de considérations annexes comme la rentabilité, le manque de personnel ou de matériel, l’accroissement des tâches administratives et des exigences de traçabilité toujours plus grandes face à une judiciarisation accrue, bref tous ces travers que les soignants connaissent aussi bien que moi malheureusement…
Voir la bande annonce de Médecin de campagne (1'56)
Mickael PERCHOC Infirmier aux urgencesMembre du comité de rédaction Infirmiers.com mickael.perchoc@infirmiers.com
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