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A VOIR - Des clowns chez les aînés, ça bouscule !

Publié le 18/12/2013
des clows chez les ainés en unité Alzheimer

des clows chez les ainés en unité Alzheimer

des clows chez les ainés en unité Alzheimer

des clows chez les ainés en unité Alzheimer

Les clowns chez les ainés en unité Alzheimer

Les clowns chez les ainés en unité Alzheimer

Porter un regard nouveau sur la personne âgée dépendante grâce à la capacité des clowns à réveiller et à susciter la vie, le plaisir de rire, de jouer, de s’exprimer... Une histoire d’humour et d’amour qui permet de réinventer la relation à l'autre lorsqu'il est malade... Un film en témoigne.

Ces clowns n'hésitent pas à perturber, à avoir des postures que les soignants ne s'autorisent pas, ils interpellent les patients Alzheimer

Projeté en avant-première le 19 novembre 2013 à Toulouse, le film « Nous sommes venus vous dire bonjour ! »1 montre l'intervention des clowns d'accompagnement de la Compagnie du Bout du Nez2 au sein de deux unités Alzheimer du CHU de Toulouse3. Depuis 2009 déjà, ces derniers, qui opèrent en binôme à raison d’une demi-journée tous les 15 jours dans chacune des unités, « relationnent » avec toutes les personnes présentes - patients (8 à 12 en moyenne), soignants, familles - et ce, partout au sein de chacune des unités (chambres, salle commune, couloirs). Concrètement, leur action s'effectue en trois temps : transmissions avec les soignants, intervention à proprement parler 2 heures non stop en parallèle de l’activité des soignants, débriefing où tout est consigné par écrit de part et d’autre.

Une démarche ajustée mais « en dehors des normes »

Une chose saute aux yeux du spectateur : si la démarche est ajustée, l'intervention s’effectue, elle, « en dehors des normes ». Ces clowns n'hésitent pas à perturber, à avoir des postures que les soignants ne s'autorisent pas (via certains gestes, certaines grimaces). Pour nous, le seul objectif, c’est tenter d’entrer en relation. Même lorsqu’un patient dit qu’il ne veut pas nous voir, nous allons chercher à nous mettre en relation, ou tout au moins tenter de le faire. Nous dépassons les conventions sociales. Nous sommes formés pour cela. Nous sommes plus à l’écoute du corps que des mots, explique Gilles Padié, l’un des quatre clowns de la Compagnie qui pratique par ailleurs cette activité artistique depuis près de dix ans dans divers Ehpad de Midi-Pyrénées. On voit ainsi les clowns entrer d’un pas assuré dans la chambre d'un patient qui dort, le réveiller et communiquer avec lui, échanger des balles avec d’autres patients au détour d’un couloir… Ces derniers touchent, caressent, jouent… mais sans infantiliser ; ils communiquent de façon intuitive, affective, non verbale. Et l’interaction opère : les patients sollicités répondent par le chant, le rire, des jeux de regards, un mouvement de pieds…  Bien sûr, le paramètre temps s’avère ici un élément fondamental pour entrer en relation.

Avec les clowns, on pointe des éléments positifs sur les capacités restantes de la personne

Une intervention bénéfique et éclairante pour tous

En dépit de la maladie, ce film témoigne aussi du fait que la communication avec des patients atteints de troubles cognitivo-comportementaux est toujours possible. Il véhicule l’idée que vieillir ainsi peut avoir du sens et que la relation est toujours possible. Et cela est essentiel pour les soignants comme pour les familles qui ont parfois la « tête dans le guidon ». Avec les clowns, on pointe des éléments positifs sur les capacités restantes de la personne, souligne dans le film Maryse Pedra, cadre de santé au sein du Gérontopôle du CHU de Toulouse. On est au tout début. On ouvre des portes. C’est une expérience enrichissante pour les soignants, les équipes même si l’on ne peut pas le démontrer scientifiquement. Toujours est-il qu’on observe un ressenti positif sur le terrain, renchérit le Pr Yves Rolland, médecin responsable USLD, hôpital Garonne (CHU de Toulouse). Il y a même un peu de jalousie car les clowns, eux, ont presque tous les droits, ajoute-t-il un brin provocateur.

Le film véhicule l’idée que vieillir peut avoir du sens et que la relation est toujours possible

Une approche non médicamenteuse dans le cadre du projet culturel du Gérontopôle

Cette approche non médicamenteuse des clowns d’accompagnement dans ces unités Alzheimer s’inscrit dans le cadre du projet culturel du Gérontopôle. Il s’agit d’un projet pilote expérimental unique en France, avec une ambition de modélisation. Mais pour cela il faut au préalable l’évaluer, explique Anne Lelièvre, attachée culturelle, art-thérapeute au Gérontopôle (CHU de Toulouse). Reste en tout cas qu’aujourd’hui il y a un axe de recherche sur les approches non médicamenteuses au sein du Gérontopôle ainsi qu’une vraie prise de conscience des soignants et des chercheurs sur les activités culturelles et artistiques. Nous sommes d’ailleurs à la recherche de financements pour développer cette activité des clowns d’accompagnement4 dans d’autres services (soins palliatifs, post-urgence) compte tenu de la demande croissante », conclut-elle. Une alternative non pharmacologique qui s’avère une vraie réponse face au manque d’efficacité des médicaments (neuroleptiques) dans la prise en charge de la maladie d’Alzheimer5.

Visionnez la bande-annonce du film

Notes

  1. Film réalisé par Marc Khanne et financé par AG2R La Mondiale.
  2. Compagnie du Bout du Nez : Gilles Padié cie.boutdunez@wanadoo.fr
    Tél. : 0563040137 -  www.compagnie-duboutdunez.fr
  3. Unité de soins de longue durée (USLD) Alzheimer "la Roseraie" de l'hôpital Garonne et de unité cognitivo-comportementale (UCC) de l’hôpital Casselardit.
  4. Activité co-financée par l’association Plus de soleil pour nos aînés et AG2R La Mondiale.
  5. Avec en plus de nombreux effets indésirables à noter.

Valérie HEDEF-CAPELLE

Renseignements : Anne Lelièvre : lelievre.a@chu-toulouse.fr ; tél. : 0534557628.


Source : infirmiers.com