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A voir - Augustine : la (re)belle hystérique de Charcot...

Publié le 06/11/2012

A l’hiver 1885, à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, le Pr Charcot, grand clinicien et neurologue, étudie une mystérieuse maladie féminine : l’hystérie. Augustine, 19 ans, avec ses crises spectaculaires, devient son objet d’étude… et, peu à peu, de désir. Dès le 7 novembre 2012, courez voir cette histoire sur grand écran !

La réalisatrice Alice Winocour l’explique : « en découvrant les travaux de Charcot, j’ai été immédiatement fascinée. A l’hôpital de la Salpêtrière, dans cette Cité des femmes, des milliers de malades étaient alors soumises à l’autorité de quelques médecins. Des femmes quasi nues, abandonnées au regard d’hommes en costumes trois pièces. Augustine, en tant qu’égérie de Charcot, était la star de ses études, la plus photographiée, la plus observée, jusqu’au jour où…»

Rappelons que Jean-Martin Charcot (1825-1893), neurologue et clinicien d’exception, est à l’époque en train de construire les bases de la neurologie moderne. Au cours de ses fameuses « Leçons du mardi », il expose les cas cliniques de ses patientes, les examine en direct, les met en scène. Il prend également des photographies et réalise des esquisses très précises des effets des pathologies. Ses travaux sur l’hystérie et l’usage de l’hypnose qu’il y associera contribueront à sa réputation mondiale. Ils le conduisent en effet à considérer que les symptômes hystériques sont dus à un « choc » traumatique qui provoque une dissociation de la conscience et dont le souvenir reste inconscient ou subconscient : les fondements mêmes de la psychanalyse qui inspireront Sigmund Freud, jeune stagiaire de Charcot un semestre durant à la Salpêtrière. Freud qui dira ceci : « aucun autre homme n’aura jamais eu autant d’influence sur moi ».

«  L’hystérique est une esclave qui cherche un maître sur qui régner » Jacques Lacan

La réalisatrice nous montre donc l’hystérie côté pile - objet de toutes les attentions cliniques de Charcot qui inventera même des objets insensés pour en contrecarrer les effets (un compresseur d’ovaires notamment…) - mais aussi côté face par le point de vue d’Augustine qui, en premier lieu, victime de ses crises spectaculaires qui laissent son corps meurtri, en fera un atout de séduction implacable. En effet, les crises d’Augustine, véritables crises de possession où son corps à la fois sensuel et sexuel lui échappe, vont peu à peu en trouvant un décryptage clinique - et surtout psychologique - devenir une redoutable arme de séduction dont Charcot, le maître, sera la première victime consentante… payant ainsi le prix de sa renommée. Augustine, désirée et enfin aimée, prendra alors le pouvoir, maître de sa destinée…

Il ne restera d’elle que ces quelques lignes consignées sur son rapport médical : « le 13 mai 1885, au soir, Augustine s’est enfuie de la Salpêtrière, déguisée en homme ».

« Charcot voulait démontrer que les hystériques n'étaient pas des « sorcières », tout en les exhibant comme de vulgaires cobayes… »

Vincent Lindon campe un Charcot habité tout entier par sa quête de vérité, tout puissant, taciturne, enfermé dans un carcan où « l'animalité » n’a pas de place mais ne demande qu’à être réveillée… Quant à la chanteuse Soko, elle est sidérante de réalisme et de densité dans le rôle d’Augustine, sauvageonne inculte mais intelligente. Son jeu physique et sensuel révèle la révolte inconsciente de toutes ces « folles » (des femmes de basse condition sociale, des bonnes sans éducation et sans droits) et la libère. La réalisatrice a également choisi pour figurantes incarnant les patientes de l'hôpital de la Salpêtrière de vraies malades internées dans des hôpitaux psychiatriques. En costumes d'époque, ponctuellement au cours du film, elles racontent leurs propres histoires. Cet écho contemporain donne ainsi au film, au-delà de la seule histoire d’Augustine et de Charcot, un aspect militant qui vise à mettre en lumière la souffrance des patientes et à déstigmatiser la maladie mentale.

Un avant-goût du film, en visionnant la bande-annonce

Augustine, un film d’Alice Winocour, drame français, 1h42 mn, avec Vincent Lindon, Stéphanie Sokolinski, Chiara Mastroianni, en salle le 7 novembre 2012.

Lire aussi l'interview de la réalisatrice Alice Winocour sur Santé Mentale, octobre 2012

Bernadette FABREGAS
Rédactrice en chef Infirmiers.com
bernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com