Infirmier depuis plus de dix ans, Kevin Malacarne, 34 ans, est ce qu'on pourrait appeler "un homme pressé". Il a créé un cabinet d'une soixantaine d'infirmiers libéraux qui couvre l'ensemble des arrondissements de Paris. D'où lui est venue cette idée ? Comment l'a-t-il mise en œuvre ? Comment fonctionne aujourd'hui son cabinet ? Infirmiers.com a suivi cet infirmier à plusieurs casquettes durant une matinée de travail.
Le cabinet, un groupement d’une soixantaine d’infirmiers, fait face à l’hôpital Necker, dans le 15e arrondissement de Paris. Kevin Malacarne arrive, pressé, en scooter, en retard. Cet infirmier depuis dix ans, devenu chef d’entreprise, est de nature dynamique, à le voir passer d’un bureau à l’autre, parler de son cabinet, ou encore évoquer son emploi du temps… chargé. Diplômé en Bretagne, c’est en arrivant à Paris qu’il découvre : une offre de soin éclatée, avec plein de petits cabinets dont on avait du mal à savoir comment ils fonctionnaient et des infirmiers qui voulaient faire du libéral mais qui se trouvaient face à des barrières, entre autres, administratives
. Il imagine alors un groupement d’infirmiers libéraux pour répondre à la demande. Je me suis dit : si on accompagnait les gens pour faire du libéral, et qu’en même temps, on pouvait proposer un service dans tout Paris, pour commencer, ça pourrait déjà être un super projet. Tout est parti de là
, raconte-t-il.
Créer son entreprise demande « des compétences extrêmement larges. C'est ça que j'aime bien, ça va du management aux ressources humaines, en passant par la comptabilité, la finance, le droit, l'immobilier...
L’infirmier puise dans son expérience pour monter son cabinet
De son expérience de pompier volontaire (c’est ainsi qu’il a commencé dans le milieu sanitaire), le futur chef d’entreprise tire le découpage de la ville en une vingtaine de secteurs, correspondant à peu de choses près à autant d’arrondissements. De ses années passées à l’hôpital (il a travaillé pendant deux ans et demi à la Pitié-Salpêtrière en réanimation chirurgicale), il tire le modèle du roulement : sur chaque secteur, une équipe intervient le matin et une autre le soir
. Résultat : un groupement d’infirmiers qui couvre tous les arrondissements, sur une plage horaire plus étendue (21h-22h le soir), doublé d’une infirmière de garde qui assure les soins urgents de nuit. Et ça tourne. Les clients se rendent sur place, les infirmiers assurent leurs tournées tandis que le cabinet centralise les appels. Créer son entreprise demande des compétences extrêmement larges. C'est ça que j'aime bien, ça va du management aux ressources humaines, en passant par la comptabilité, la finance, le droit, l'immobilier... Et la notion de création me plaît bien aussi
, précise Kevin Malacarne. Créer un projet et le mener comme on l’entend, ça c’est super
. De son expérience professionnelle, il a tiré, aussi, quelques désillusions : freins institutionnels, d’organisation... Dans le libéral, quand j’ai voulu développer ce groupement, je me suis dit : ça va être bien, on va faire un groupement avec des structures infirmières, créées par des infirmiers, pilotées par des infirmiers, qui vont être puissantes, qui vont pouvoir avoir des ressources… mais je me suis rendu-compte que ça pouvait gêner, déstabiliser un peu l’ordre en place
.
L’infirmier devenu chef d’entreprise n’est pas du genre à baisser les bras. Aujourd’hui, il a délégué la responsabilité du cabinet pour se consacrer à d’autres projets. J’ai eu l’opportunité de le faire
, explique-t-il. La clinique me passionne, le rapport au patient…
Depuis trois ans, il est donc retourné sur les bancs de la faculté pour suivre… des études de médecine.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
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