Pour traiter du sujet de l'épuisement professionnel des soignants, l'Appel Médical dans le cadre de ses « Exclusifs » a fait confiance à infirmiers.com Hélène Lehongre, Psychologue Clinicienne, répond donc à nos questions sur ce sujet sensible, brûlant d'actualité, et ce sur deux axes : le comprendre et le prévenir.
Lever les idées reçues et mieux connaître le phénomène d’épuisement professionnel des soignants, comprendre les mécanismes favorisant l’apparition de ce syndrome bien particulier, identifier les leviers pour prévenir la souffrance au travail des soignants… sont les thèmes de cet interview.
Hélène Lehongre a rappelé d'emblée qu'il n'existait pas « précisément » de définition « officielle » de ce syndrome mais plus de 120 qui bien que connexes peuvent induire des difficultés de compréhension du processus.
Pour la psychologue clinienne qu'elle est, la mouche qui se tape inlassablement contre la vitre pour tenter de sortir de son emprisonnement semble être l'image la plus parlante de l'épuisement professionnel.
L'épuisement professionnel, c'est l'épuisement des ressources psychologiques et physiques d'un individu qui se retrouve confronté à atteindre un but souvent irréalisable mais qui s'acharne à vouloir y parvenir…
Plus l'engagement de la personne, du soignant est fort, plus le risque d'épuisement est grand face à des contraintes qui l'empêche d'agir comme ses valeurs le lui dictent. Il y a alors souffrance et acharnement à trouver des solutions qui demeurent impossibles concrètement à mettre en œuvre.
Bien sûr, le « profil » particulier des professionnels de santé les exposent à ce syndrome d'épuisement professionnel. Hélène Lehongre le souligne, ils sont en charge de personnes humaines, avec un engagement empathique fort et des exigences émotionnelles fortes. Ils sont aussi confrontés à l'impuissance, notamment dans les maisons de retraite où la notion curative n'est plus la priorité.
De plus, on assiste aujourd'hui à un télescopage entre les contraintes de l'organisation et les valeurs du soignant qui se retrouve le plus souvent seul à arbitrer… jusqu'où aller, sur quoi lâcher sans entâcher la qualité du soin et la qualité relationnelle qui lui est si chère.
Les modes de management ont considérablement évolué ces 15 à 20 dernières années, l'hôpital est devenu une entreprise. Les valeurs de soin et de relation se heurtent à des objectifs comptables. Il y a hiatus et c'est douloureux pour les soignants
Il faut que le soignant puisse partager ses problématiques douloureuses avec ses collègues afin de trouver une écoute sur sa souffrance, d'alerter également sa hiérarchie et, dans le meilleur des cas, disposer de solutions à mettre en œuvre...
Il faut bien évidement avoir le temps de parler, prendre le temps, et le rôle des cadres de santé est ici très important alors que l'on sait aussi qu'ils sont de la même façon pressurissés et que les tâches administratives phagocitent leur temps de travail… Les groupes de parole, les groupe d'analyses de pratique, les réunions d'équipe, entre pairs et avec l'encadrement sont indispensables pour prévenir l'épuisement professionnel… Le prendre soin de soi pour prendre soin des autres trouve ici tout son sens…
La parole, c'est ce qui fait la différence mais l'organisation est nécessaire pour permettre qu'elle circule en toute liberté. « Il faut préserver des espaces dans les équipes pour se parler de l'organisation du travail , se demander « comment on fait, ou pas ?… mais aussi « comment on va ? »
Rédaction Infirmiers.com @infirmierscom
PRENDRE SOIN DES SOIGNANTS
La santé et la qualité de vie au travail, une priorité au CHU de Nice
AFFAIRE JUDICIAIRE
Strasbourg : une infirmière mise en examen pour meurtre sur deux patients
SECRÉTARIAT INTERNATIONAL DES INFIRMIÈRES ET INFIRMIERS DE L'ESPACE FRANCOPHONE
Rendez-vous au 9e Congrès mondial des infirmiers francophones
DÉBAT VIDÉO
Infirmier en psychiatrie : un métier motivant au-delà de la crise