Universitarisation, profils des formateurs, révision du référentiel… La refonte du métier infirmier implique nécessairement celle de sa formation, qui doit faire l’objet de travaux spécifique. Le jeudi 14 mars, le Comité d'entente des formations infirmières et cadres (CEFIEC) réunissait justement les principaux acteurs pour un séminaire autour des enjeux de cette refonte. Étaient notamment présents Christine Ammirati, professeure des universités en charge de la mission d’accompagnement de l’universitarisation de la formation, Pauline Bourdin, présidente de la FNESI, Patrick Chamboredon, président de l'Ordre National des Infirmiers, et Michèle Appelshaeuser, présidente du CEFIEC, liste l’organisation dans un communiqué. Rappelant l’importance de la réforme pour « répondre aux défis actuels du système de santé », alors qu’un infirmier sur 2 juge la formation inadaptée aux réalités du terrain, ces échanges ont permis d’en esquisser les grandes lignes.
Des profils de formateurs à définir
Dans un contexte de pénurie et de fuite des soignants, Catherine Ammirati a ainsi rappelé que l’un des enjeux « cruciaux » de l’attractivité des métiers réside dans la capacité d’offrir « une vision claire et des perspectives d’évolution de carrières », qui s’incarne notamment dans le cursus Licence-Master-Doctorat*. Il s’agit donc de co-construire la formation infirmière en « collaboration étroite entre les universités et les Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) », a-t-elle fait valoir. Une collaboration qui s’inscrit pleinement dans le processus d’universitarisation de la formation, et qui suppose également de redéfinir les profils des futurs formateurs. « Ces profils devront être diversifiés et dotés de compétences multidisciplinaires, afin de répondre aux exigences d'une formation infirmière en constante évolution », note le communiqué. Sur ce point, le collège cadre du CEFIEC, piloté par les vices-présidentes Isabelle Bayle et Marielle Boissart, a pu présenter les conclusions du travail mené depuis septembre 2021 sur l’activité de ces formateurs en IFSI. Elles ont conduit à la proposition de 6 profils complémentaires :
- Formateur mono-apprenant exerçant à temps plein au sein de l’IFSI
- Formateur en poste partagé exerçant à 70% de son temps en milieu clinique et à 30% en IFSI
- Formateur en poste partagé qui exerce à 70% en institut de formation infirmière (IFSI) et à 30% en milieu clinique
- Formateur en poste partagé qui exerce en poste partagé au sein des instituts de formation (50%) et au sein d’un département universitaire en sciences infirmières (50%)
- Formateur en poste partagé qui exerce à 50% au sein d’un département universitaire en sciences infirmières (DUSI) et à 50% dans une ou plusieurs unités de soins ou en ambulatoire.
- Formateur mono appartenant, docteur en sciences, rattaché à 100 % à l’Université.
Le bien-être des étudiants constitue l’autre impératif de cette transformation, en commençant par garantir « un environnement d'apprentissage sain et favorable à l'épanouissement personnel et professionnel des futurs professionnels de santé », a défendu Pauline Bourdin. La question est en effet de taille alors que les taux d’abandon des étudiants en soins infirmiers tendent à augmenter.
Sortir d'une logique "médico-centrée"
Côté métier enfin, a été évoquée la nécessité de sortir du « système médico-centré et d’orienter l’exercice de la profession infirmière vers la pluralité. » Soit faire évoluer les modes d’exercice du métier afin qu’il prenne mieux en compte les enjeux liés aux approches populationnelles. « Le patient est un acteur majeur qui peut contribuer de manière significative à faire évoluer les pratiques de soins », défend le CEFIEC, qui plaide pour l’intégration du savoir-expérientiel du patient dans les différentes composantes du système de santé (soins, organisation des soins, recherche, formation…)
*Dans lequel s’inscrit la formation infirmière depuis 2009.
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