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« Une envie, des besoins, une certaine lâcheté... »

Publié le 09/06/2012

Sur son blog au titre évocateur « Être pharmacien ou ne pas être », ce professionnel de santé s’interroge et livre ses états d’âme. L’une de ses chroniques, publiée le 29 mai 2012, a retenu notre attention. Avec l’autorisation de son auteur, nous la partageons aujourd’hui avec la communauté d’Infirmiers.com.

« Une envie, des besoins, une certaine lâcheté... », ce titre résume les sensations éprouvées lorsque je pense au monde de l'humanitaire.
Mes études sont terminées, je suis un professionnel de santé. Je n'aime pas réellement ce titre, pompeux et manifestement prétentieux, étymologiquement parlant. Le terme de santé est cependant important.
La santé, c'est la vie et l'argent, les envies et la retenue. Elle permet de réaliser l'ensemble des actes qui construisent notre être ou d'y mettre des limites. La nécessaire balance, immuable. On veut mais peut-on ? On doit mais peut-on ?
Si l'on peut, il nous reste le choix.
Je pense à ces personnes qui ne l'ont pas ce choix. Qui ne choisissent jamais de pouvoir l'avoir.

J'ai fait des études de santé. J'ai validé mes compétences dans le domaine de la santé. Je fais un métier de santé. Pour autant, je n'ai pas l'impression d'améliorer quoique ce soit dans ce monde. Je sers à quoi, là, dans mon (petit) bureau, ou derrière mon comptoir officinal ? Pourquoi n'ai-je aucune influence sur le monde sanitaire qui m'entoure ?
Je passerai sur le fait que le métier ne va pas dans le sens espéré (MoneyMoneyMoney). Et que cela fatigue de ramer à contre-courant, bien que je sache que je ne suis pas le seul. Mais bon, une équipe d'aviron contre des paquebots, va falloir donner.

Je me lève tranquillement tous les matins, sans surprise aucune. J'ai mal dormi, parfois très mal. Mon corps a faim, j’ingurgite sans réfléchir, sans distinction du goût.
Une douche vite expédiée, s'en suit la pose des yeux.
Je met ma belle blouse d'un blanc tout sauf immaculé, au dessus d'une belle chemise, selon les jours et le réveil. Je passe prendre mon peu de cerveau disponible, dans le freezer de l'appartement. Je peux partir au boulot.
Mes objectifs quotidiens sont toujours bouclés, car ils sont d'une hauteur et d'une importance toute relatives à mes propres possibilités. Et dans le cas extrême où je n'y arriverai point, aucune conséquence, en mal comme en bien. Une pierre de plus à un édifice en mousse. Je peux repartir, j'ai peu servi.

C'est le regard que j'ai sur mes actuels tâches journalières. Je m'étonne moi même de supporter encore de me lever pour ça mais je suis assez lâche, finalement. Lâche de ne pas (encore) quitter ce job. Lâche de ne pas sauver des vies et mes idées.
Lâche de ne pas aider là où est le réel besoin.
J'envisage donc de plus en plus un départ humanitaire. Cela me ferait du bien de faire du bien à des malades.

PS : Je suis tout sauf déprimé. Je remets juste à la surface les choses importantes. Et merci à toutes les personnes que je rencontre via twitter, mes pensées s'enrichissent grâce à vous.

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Source : infirmiers.com