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AU COEUR DU METIER

Un premier pas… en Médecine Tropicale... Episode 1 !

Publié le 22/04/2014
Institut de Médecine Tropicale d

Institut de Médecine Tropicale d

An Verwulgen

An Verwulgen

Institut en médecine tropicale

Institut en médecine tropicale

Jérémie, un des membres du comité de rédaction d’Infirmiers.com , suivi il y a quelques mois lors d'une mission aux Philippines , se lance dans une nouvelle aventure et reprend la route des cours pour une formation en médecine tropicale, à l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, en Belgique. Une série qu’il nous propose de vivre de l’intérieur, au cours de ces 3 prochains mois. Merci !

Etudiant en médecine tropicale, Jérélie nous raconte...

Voilà maintenant sept belles années que mon parcours professionnel se construit. Il y a eu de nombreux hôpitaux et services visités, quelques dispensaires aussi, et plus récemment une mission d’aide aux Philippines . Un parcours sinueusement riche qui me fait régulièrement penser que notre profession reste l’une des plus variée qu'il soit. Pourtant, malgré cette diversité, ces rencontres et ces instants d’une rare intensité, il m’arrive parfois (déjà ?) de me sentir déphasé avec ce quotidien et ce rouage hospitalier un peu trop grinçant pour mes oreilles. 

C’est en général dans ces cas là qu’on se pose de nombreuses questions. Quelle direction prendre, et pourquoi. Comment poursuivre (survivre ?) au mieux dans cette profession si passionnante mais à la fois si usante et lourde à porter. Tout arrêter ou se laisser envahir par la routine ?

Ni l’un ni l’autre...

Un petit break professionnel était donc nécessaire. Non pas pour fuir, mais pour se rendre compte qu’il existe aussi d’autres réalités, d’autres fonctionnements… Et puis se rappeler qu’il suffit parfois de regarder un peu ailleurs pour se souvenir que nous ne sommes que des privilégiés dans notre système de santé. Alors de voyages en voyages, se pencher d’un peu plus près sur « ces pathologies de là bas », semblait être une évidence.

Aujourd’hui, c’est en quelque sorte un nouveau voyage qui commence, retour sur les bancs de l’ «école ». Mais je ne suis pas le seul, nous voilà plus de 70 soignants venus de toutes les régions du monde, à avoir fait ce même choix. Tous curieux d’en apprendre un peu plus, sur la médecine tropicale. Ils viennent de Belgique, de France, de Suisse, mais aussi du Canada, d’Argentine, du Rwanda…  répartis en un groupe francophone et un autre anglophone. Aujourd’hui, nous reprenons le statut d’étudiant. Drôle de sensation que de repasser en mode « inactif ». Loin des sonnettes incessantes et des prescriptions illisibles, loin du décalage constant et des rythmes de nuit… On arrive même à se surprendre de se poser certaines questions… mais que vais-je faire de ces 12 prochains week-ends libres d’affilé ?.

L'Institut de Médecine Tropicale d’Anvers, un havre de paix pour une formation intensive et de qualité....

Quid de l’Institut de Médecine Tropicale d’Anvers

Les maladies tropicales. Elles sont nombreuses, aux noms en général imprononçables, mais surtout, très rarement rencontrées dans nos contrées. Il est évident qu’Anvers, petite ville Belge de 512 000 habitants, n’est pour le coup pas vraiment une région spécialement « tropicale ». Alors pourquoi un tel Institut aussi spécialisé dans un endroit aussi éloigné des tropiques ?

Pour trouver l’explication, il faut faire un grand pas dans l’histoire. Au temps des colonies plus exactement. Au temps où la Belgique avait une forte présence coloniale, notamment dans l’Etat indépendant du Congo. Anvers, principal port de Belgique, était alors le lieu où revenaient les bateaux après de longs voyages en mer, avec à leur bord, de nombreux malades aux pathologies inconnues. C’est donc en 1933 que l’ « Ecole de Médecine Tropicale » de Bruxelles, fut transférée à Anvers, non loin des « quais du Congo » avec comme principal but de former les médecins et infirmiers avant leurs départs dans les colonies, mais aussi de soigner les malades arrivants des tropiques.  Après la décolonisation en 1960, l’institut devient très rapidement un lieu spécialisé dans la formation en médecine tropicale et humanitaire et dans les recherches épidémiologiques sur le terrain. Aujourd’hui, l’IMT d’Anvers n’accueille plus de patients hospitalisés, en raison d’une trop faible affluence. Cependant, il reste un Institut à la pointe de la recherche et de la promotion de la santé dans les pays à bas revenus. Plus de 400 scientifiques et techniciens du monde entier y travaillent, et plus de 500 professionnels de la santé y viennent se faire former chaque année. Un service de médecine du voyage est toujours actif, avec plus de 30 000 consultations réalisées chaque année.

Pour An Verwulgen qui coordonne la promotion 2014, "Avant, le cours était surtout théorique mais voilà deux ans, il y a eu une réelle volonté de mettre en place une formation beaucoup plus pratique."

Une formation adaptée...

Pour sa deuxième année consécutive, l’Institut  propose une nouvelle version de sa formation pour les infirmiers et sages-femmes. L’objectif est clair : offrir une formation adaptée aux réalités de terrain que rencontrent les professionnels soignants de nos jours.

An Verwulgen est Belge et infirmière de profession. Après un riche parcours humanitaire de plus de 14 années en Afrique (en passant par le Congo, le Burundi, le Rwanda, l’Angola ou encore le Soudan), elle est de retour en Belgique pour coordonner la promotion 2014  du postgraduat en médecine tropicale. Elle nous explique les particularités de cette formation.

Avant, le cours était surtout théorique mais voilà deux ans, il y a eu une réelle volonté de mettre en place une formation beaucoup plus pratique. Il y a quelques années, les médecins et infirmiers étaient même mélangés. Même si les matières enseignées étaient très intéressantes, les étudiants étaient moins bien préparés et perdurait encore un gros écart entre la théorie et le terrain. On parlait par exemple de la rougeole, mais on n’avait pas parlé de comment mettre en place une vaccination, de comment organiser une vaccination de routine, d’enquêter une épidémie… Depuis deux ans, cette formation a été entièrement repensée par des gens de « terrain », pour que les soignants arrivent dans leur première mission, avec un maximum de pratique et qu’ils soient plus à l’aise.

Hormis une renommée internationale et une reconnaissance par de nombreuses ONG, l’Institut propose une formation en français et en anglais, ce qui le rend très prisé des soignants du monde entier. Chaque année, de nombreuses candidatures doivent être refusées. Nous ne cherchons pas forcément de profils particuliers, explique An Verwulgen, et nous ne demandons pas aux étudiants d’avoir déjà eu une expérience de terrain. D’autres métiers de la santé sont d’ailleurs aussi admis, comme une kinésithérapeute cette année. Nous essayons d’avoir un groupe varié, dans les expériences, les âges, les origines... Nous demandons juste une expérience de 2 ans dans un hôpital européen. Après cette formation, beaucoup d’infirmiers et sages-femmes se lancent dans un parcours humanitaire. Elle est d’ailleurs très appréciée des ONG, voir obligatoire pour certaines.

Aujourd’hui, nous sommes plus de 70 soignants à reprendre le statut d’étudiants, pour un peu plus de trois mois et demi de formation, soit plus de 600 heures de cours. Le programme sera chargé, mais extrêmement varié. Nous étudierons plus en détail la clinique des pathologies tropicales, la nutrition, l’obstétrique… mais aussi la mise en place de campagnes de vaccination, l’assainissement de l’eau, les vecteurs de transmission. A cela viendront s’ajouter quelques heures derrière les microscopiques, avec des cours d’analyses en laboratoire. Un complément essentiel pour un travail optimal sur le terrain et il va sans dire passionnant ! A suivre…

Plus d’infos sur l’Institut de Médecine Tropicale et sur twitter : @ITMantwerp

Jérémie THIRION  Rédacteur Infirmiers.comjeremie.thirion@gmail.com http://yetiyetu.com Twitter : @YetiYetu   Facebook : www.facebook.fr/yetiyetu


Source : infirmiers.com