Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

Merci d'avoir répondu !

IBODE

Un mot et un point sur l'iode

Publié le 30/04/2009

Découvert sur les côtes de Normandie en 1811 et produit à l’origine à partir de cendres d’algues marines, l’iode, «ioeides» en grec qui signifie « à l’aspect violet » est bien connue dans notre milieu par ses propriétés désinfectantes. Elle n’est pas utilisée à l’état pur on le sait.

Les articles sur l’allergie à l’iode ont été nombreux ces dernières années et les erreurs d’interprétation l’ont été tout autant. Il peut donc sembler opportun aujourd’hui pour nos collègues des blocs opératoires de refaire un point sur cette fameuse supposée et traquée « allergie à l’iode », qui tel un leitmotiv en pré opératoire occupe le terrain des questions classiques posées au futur opéré.

Nous ne prétendrons pas ici réaliser une bibliographie au sens médical du terme ni même un exposé scientifique asphyxiant voire irritant ( !) sur la question, mais synthétiser quelques articles importants sur le sujet. Ainsi souhaitons-nous nous appuyer sur la publication de l’AGORA en 2006 (1) et celle du laboratoire de radio-immunologie au CHU de Caen (2).
Pour évoquer le phénomène allergique, on parlera désormais d’hypersensibilité allergique ou non allergique, avec un effet immédiat, c'est-à-dire observé en moins d’une heure, ou retardé (de 1h a 7 jours)
Il faut également se mettre d’accord sur les termes à employer. Il ne s’agit pas de jouer sur les mots, mais d’être professionnels dans nos propos. Il s’agit aussi de s’entendre sur le sujet, nous parlerons ici de l’utilisation de produit iodé sur la peau du patient, un antiseptique iodé donc, dans le cadre d’une préparation cutanée de l’opéré, en pré opératoire immédiat. Retenons qu’à ce jour, 7 cas seulement sur les millions d’applications, sont documentés et rapportés, comme étant une réaction d’anaphylaxie à la povidone iodée.

Ainsi, lorsqu’un patient déclare une allergie vraie aux produits de la mer, il ne faut guère croire au principe de précaution avec l’éviction de tous les produits iodés : l’allergène n’est pas le même. On doit donc pouvoir utiliser l’antiseptique iodé ! Quant à l’allergie à l’iode en intra veineux, elle existe et n’est pas si rare, et ce n’est pas non plus une raison objective pour ne pas utiliser un iodophore, un produit contenant de l’iode, sur la peau. Rappelons au passage, qu’avant une injection d’iode, la Société Française de Radiologie ne propose pas de prémédication.

Les questions posées à nos patients peuvent paraître angoissantes en préopératoire immédiat, alors s’abstenir de provoquer un doute sur une éventuelle allergie à l’iode évite de générer plus d’angoisse. Enfin, il vaut donc mieux demander si le produit utilisé lui même, comme la Bétadine®, n’a pas provoqué d’irritation plutôt que de traquer l’allergie à l’iode via une allergie aux crustacés. Certains n’en mangent peut être pas tous les jours ! Il ne faut cependant pas passer outre les contre-indications réelles à l’utilisation de ces produits déterminées par le fabriquant.

On l’a compris, ce n’est pas l’iode qui est allergisante, c’est le produit qui est associé à l’iode. Le choix d’un autre produit  contenant de l’iode peut donc aussi bien être indiqué.

Bibliographie

    • Pascale Dewachter, département d’anesthésie, université de Columbia, New York, L’allergie à l’iode a-t-elle encore de la valeur ? AGORA 2006, p.299 à 308
    • Dominique Laroche, MCU-PH immunologiste, CHU de Caen, 7ème journée régionale d’hygiène de Basse Normandie, 05/10/2006

      Nicolas Le Verge
      nicolas.leverge@infirmiers.com
      IBODE hygiéniste, CHU de Brest.
      Rédacteur infirmiers.com


      Source : infirmiers.com