Une évaluation exhaustive du poids médical et économique des infections ostéo-articulaires a été réalisée pour la première fois en France par le centre hospitalier universitaire (CHU) de Tours, et a été publiée le mardi 5 février 2013 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) de l'Institut de veille sanitaire (InVS).
Peu d'études ont estimé l'incidence globale des infections ostéo-articulaires (IOA) survenant sur une articulation dite "native" ou suite à la pose d'une prothèse. Chaque séjour hospitalier étant enregistré dans la base nationale médico-administrative du programme médicalisé des systèmes d'information (PMSI), Leslie Grammatico-Guillon et ses collègues du CHU de Tours l'ont exploitée pour décrire l'impact médical et économique global des infections ostéo-articulaires de l'adulte en France.
Les données de séjours recueillies dans le cadre du PMSI sont chaînables grâce au "numéro patient" unique et anonyme qui permet de relier les différents séjours d'un même patient et d'appréhender sa trajectoire de soins, expliquent les auteurs.
En 2008, sur 16 millions de séjours, 36.091 répondaient à la définition d'IOA. Parmi eux, 99% étaient correctement chaînés, ce qui a permis aux auteurs de recenser 28.453 patients distincts.
L'IOA la plus fréquemment rencontrée était l'arthrite septique (52%), puis les ostéomyélites (34%) et les spondylodiscites (10%). Globalement, ces infections touchaient plus fréquemment les hommes et dans un tiers des cas, elles étaient dites "sur matériel", c'est-à-dire survenant sur du matériel prothétique.
Le taux de létalité des patients concernés par une IOA s'élevait en 2008 à 4,6%, soit "bien supérieur au taux de létalité toutes pathologies confondues" de 3,4%, commentent les auteurs.
Ils ont constaté qu'un germe était codé dans seulement 40% des cas, probablement en raison de "la difficulté d'isoler les agents pathogènes dans l'os". Lorsque ce renseignement était précisé, il ressort que dans les deux tiers des cas, un staphylocoque doré était impliqué, "comme attendu", ajoutent-ils.
L'équipe tourangelle a estimé les dépenses à 259 millions d'euros, en ne prenant en compte que les coûts directs d'hospitalisation de soins aigus. "Les IOA sur matériel ont un coût financier plus important que les infections natives du fait de durées moyennes de séjour plus longues et d'une prise en charge chirurgicale plus fréquente", précisent-ils.
Le codage PMSI confronté à la réalité
Comme les études se basant sur les données du PMSI sont fréquemment critiquées en raison d'un potentiel manque de cohérence entre les codes et la réalité des actes et des pathologies, les auteurs ont testé la fiabilité de cette base.
Ils ont analysé 100 dossiers de patients répondant à la définition d'IOA dans la base PMSI. A la lecture des dossiers, 84 cas sur 100 étaient des IOA confirmées. Ils ont également testé la fiabilité du codage des actes. Selon eux, sur 205 patients ayant subi une intervention sur prothèse orthopédique, la valeur prédictive positive de la définition des cas PMSI était de 97,5%, la sensibilité de 95,1% et la spécificité de 99,4%.
"Malgré ses limites, le PMSI reste un outil intéressant de suivi sur les prises en charge hospitalières et leur coût pour la société", écrivent les auteurs. Le Dr Grammatico-Guillon estime que ces bases devraient être plus largement exploitées pour la recherche.
Elle poursuit son travail et cherche désormais à discriminer les IOA d'origine nosocomiale des autres, dans le cadre d'une thèse qu'elle prévoit de soutenir en 2013.
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