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MODES D'EXERCICE

Témoignage – Québec, belle terre d'accueil pour les infirmières

Publié le 07/09/2011
carriere infirmiere quebec

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En direct de Montréal, au Québec, Lucie Danen partage son expérience avec la communauté d'infirmiers.com...

J'ai 22 ans. Diplômée fin 2009, je travaille aujourd'hui au Québec. J'ai d'abord exercé de nuit, un an et demi durant, dans le service de chirurgie vasculaire d'une petite clinique. L'idée de travailler à Montréal (ou ailleurs au Québec) trottait depuis longtemps dans ma tête. Je savais qu'au-delà de l'envie, il me faudrait aussi beaucoup de motivation pour y parvenir, démarches administratives complexes obligent...

En novembre 2010, je me rends donc au Salon infirmier, à Paris. Rendez-vous sur le stand « Recrutement santé Québec » destiné aux infirmières désireuses de tenter l'aventure professionnelle « outre-Atlantique ». Renseignements précis, démarches à effectuer, type d'immigration souhaité (permis de travail de deux ans ou demande de résidence permanente), entretien de motivation... les « cousines » québécoises sont très efficaces.

Très vite, en fonction de cette première évaluation, me voilà « affectée » à un établissement de santé avec lequel je signe un « contrat de travail ».

Comme j'avais mentionné que j'avais un bon niveau en Anglais et que mon désir était de m'améliorer, on m'a proposé de travailler d'emblée dans un hôpital anglophone : l'hôpital universitaire McGill, le plus gros hôpital anglophone de Montréal.

Ce n'était qu'un (bon) début. Le plus dur restait à faire : continuer les démarches, envoyer tous les documents administratifs réclamés par l'Ordre infirmier québecois (certificat de l'Ifsi de formation, copie du diplôme d'Etat, certificat d'enregistrement de diplôme à l'Agence régionale de santé...). Ce qui est vraiment facilitateur aujourd'hui, c'est l'accord passé entre la France et le Québec permettant la reconnaissance des diplômes infirmiers en France et au Québec.

Pour obtenir la reconnaissance de ses qualifications professionnelles, l'infirmier français doit être titulaire du diplôme d'Etat, être inscrit au tableau de l'Ordre des infirmiers et réussir un stage d'adaptation de 75 jours en milieu clinique (le contenu et les modalités de ce stage d'adaptation fera l'objet d'une évaluation par l'Ordre infirmier québécois).

L'obtention du permis de travail...

Après ces premiers contacts très productifs, l’hôpital McGill a pris contact avec moi. J'ai eu entretien (sur skype) avec une infirmière de la direction des ressources humaines qui m'a alors proposé mon poste. Pour ce faire, elle a vraiment tenu compte de mon expérience en France, m'assurant qu'elle essaierait de m'intégrer dans un service de chirurgie, vasculaire de préférence.

J'ai ensuite rencontré (toujours sur skype) le cadre de santé de mon futur service (chirurgie vasculaire, urologique et plastique), quelqu'un de vraiment gentil, qui a vraiment cherché à connaître mes appréhensions, ma personnalité et mon expérience afin de rendre mon adaptation la plus facile possible.

Pendant ce temps, je continuais mes démarches administratives pour obtenir mon permis de travail. L'hôpital doit fournir des documents qu'ils faut envoyer (avec plein d'autres) à l'Ambassade. Cette étape a pris beaucoup de temps (retards et relances incessantes aux différentes instances...). J'ai dû également passer une visite médicale (radio pulmonaire, prise de sang, analyse d'urine...) avec un médecin agréé par l'Ambassade. Enfin, un beau jour, j'ai reçu mon autorisation à recevoir un permis de travail, et je me suis envolé pour Montréal le 11 juillet. Dernier. Il m'aura donc fallu huit mois pour concrétiser mon projet.

La réalité québécoise...

Ici, les hôpitaux ne fournissent pas d'aide pour le logement. Heureusement, je connaissais des amis sur place qui ont pu m'héberger le temps que je trouve un appartement. Puis ça a été très vite, une semaine plus tard, je commençais à travailler. Les conditions sont très différentes de celle que j'ai pu connaître en France. Mais comme l'ont dit d'autres infirmiers dans leur témoignage, chaque hôpital a ses spécificités. C'est pour cela que je ne parlerais que de ce que je vis à McGill, un hôpital anglophone.

Nous travaillons en 12 heures essentiellement, de jour et de nuit (de 7h 30 à 19h 30 et 19h30 à 7h30). Le temps de travail est de 75 heures pour deux semaines. J'ai un roulement sensiblement identique à celui que j'avais de nuit en France. Toujours deux ou trois jours de repos à la suite, et pas plus de trois jours de travail à la suite. C'est cependant un planning difficile, à cause notamment de l'alternance jour et nuit. Par contre, le temps de travail me convient car j'ai plus de jours de repos pour profiter et visiter la ville.

Durant la journée, chaque infirmière s'occupe en moyenne de quatre à cinq patients (de six à huit la nuit). C'est vraiment confortable car, de fait, nous les connaissons bien, mais le travail est différent, plus d'administratif (beaucoup de notes dans les dossiers, remise à jour des prescriptions...).

Ce qui diffère du modèle francophone (d'après mes collègues), c'est que nous nous entretenons directement avec les médecins, sans intermédiaire. Il y a moins de hiérarchie. Les médecins sont en effet très à l'écoute et les québécois, d'une manière générale, fuient le conflit. Je n'ai pas encore entendu ici quelqu'un hausser le ton ! De même, entre collègues, l'ambiance est bonne. Il y a peu de stress, est cela est sûrement dû au nombre de personnel. On sait qu'on peut compter sur les autres !

Le service dispose d'un « coordinateur », une personne chargée de saisir les données informatiques (examens, prises de sang...), de répondre au téléphone, d'organiser les transferts, les entrées et les sorties. De mon point de vue, c'est vraiment agréable d'avoir une personne qui s'occupe de tout cela. Il y a également une éducatrice, présente quelques jours par semaine. Elle s'occupe de l'information et de l'intégration des nouveaux embauchés, de la formation continue, des questions diverses et variées sur la pratique infirmière.

 

"Je voulais témoigner de cette riche expérience ici, au Québec, pour montrer à quel point ma vision des choses s'est enrichie, dans mon métier, bien sûr, car les infirmières sont très valorisées, mais aussi dans ma jeune vie"

Autre différence, ici, les infirmiers ne font pas de nursing, ce sont les « préposés aux bénéficiaires » (l'équivalent des aides-soignants, sauf que c'est un personnel qui n'a pas accès au dossier) qui s'en chargent. Quant aux actes techniques, ils sont à peu près les mêmes qu'en France, sauf qu'ici (en tout cas dans mon service), les infirmiers ne touchent pas à tout ce qui est artériel (pas de gaz du sang, pas d'ablation de cathéter central).

Par ailleurs, ils sont formés à l'auscultation pulmonaire et ont des connaissances techniques assez poussées. Les surveillances aux patients sont plus rapprochées et plus développées que ce que j'avais vu dans ma clinique en France. Le matériel est également de meilleure qualité car les moyens financiers sont supérieurs. Depuis que j'ai commencé à travailler (j'ai été doublée pendant 6 semaines), j'ai appris beaucoup de choses.

Financièrement, je suis mieux payée que je ne l'étais en France. L'hôpital a repris mon année d'expérience, je suis donc à l'échelon 2, payée 22,47 dollars/heure. Nous recevons nos rémunérations toutes deux semaines. Pour mon premier mois complet, j'ai été payée 2 500 dollars, avec les primes de nuit, de soir et de week-end (environ 1800 euros) sachant qu'ici, les impôts sont prélevés sur le salaire.

Si la période de vacances est au départ limitée, au bout d'un an d'ancienneté, on dispose de quatre semaines de congés payés par an (ce qui n'est absolument pas le cas partout au Québec).
Enfin, la vie n'est pas chère à Montréal, les loyers sont très accessibles, on ne paye pas l'eau, juste l'électricité. La qualité de vie est donc excellente (beaucoup d'espaces verts et la proximité du fleuve rendent l'air très respirables), la ville organise beaucoup d'événements culturels et sportifs et comme mon pouvoir d'achat est relevé, j'en profite !

Je voulais témoigner de cette riche expérience ici, au Québec, pour montrer à quel point ma vision des choses s'est enrichie, dans mon métier, bien sûr, car les infirmières sont très valorisées, mais aussi dans ma jeune vie. N'hésitez pas à me contacter si vous voulez en savoir plus !

Lucie DANEN
infirmière,hôpital McGille,Montréal (Québec).


Source : infirmiers.com