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#SurLeVif : stop aux idées reçues sur la dépression !

Publié le 10/10/2019
philippe Courtet

philippe Courtet

 

Maladie psychiatrique la plus fréquente, la dépression touche chaque année 2,5 millions de Français. A l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, jeudi 10 octobre, La Fondation Fondamental a fait appel à trois experts pour en finir avec les idées reçues autour de cette maladie, enjeu de santé publique. Nous avons tendu notre micro à Philippe Courtet, professeur de psychiatrie à l'Université de Montpellier.

En 2017, près de 20% de Français âgés de 15 à 75 ans (soit près de 9 millions de personnes), ont vécu ou vivront une dépression au cours de leur vie, avec une prévalence deux fois plus importante chez les femmes que chez les hommes, selon les données de Santé Publique France. La dépression est aussi la première cause de suicide. 70% des personnes qui décèdent par suicide souffriraient d'une dépression, le plus souvent non disgnostiquée ou non traitée. Devant les chiffres alarmants de consommation d'antidépresseurs, il convient de se demander si la prise en charge est efficiente, interroge la Fondation Fondamental.

Et pourtant, cette maladie, fréquente, reste absolument incomprise, explique Philippe Courtet, professeur de psychiatrie au CHU et à l'Université de Montpellier - Fondation Fondamental. Nous lui avons tendu notre micro.

#SurLeVif : "Mets-toi un coup de pied au cul", "bouge toi". Voici ce que les proches d'une personne dépressive peuvent lui asséner, pensant qu'elle se laisse aller. On fait le point sur les idées reçues qui entourent la dépression avec Philippe Courtet :

 

 


La dépression se définit par une constellation de symptômes qui vont avoir une intensité, un retentissement, une durée suffisante pour que l'on puisse parler d'un authentique syndrome, confie Philippe Courtet. En plus, la dépression va s'accompagner d'anomalies au niveau biologique, au niveau du cerveau - des anomalies de fonctionnement (du système lymbique, des systèmes de récompense...) qui font d'elle une authentique maladie. Celle-ci a des conséquences importantes comme le suicide (on estime que 10% des sujets qui souffrent de dépression risquent de se suicider et la moitié des patients déprimés présentent des idées de suicide au cours de leur vie), mais aussi sociales, familiales, relationnelles (un sujet fatigué, qui a du mal à se lever le matin et présente des crises de larmes va avoir du mal à aller travailler normalement. Le problème va aussi toucher ses relations familiales, de couple...) Le comportement d'une personne dépressive, qui manque de fait de motivation, qui est anxieuse, provoque en général l'incompréhension de l'entourage.

Une journée pour mettre l'accent sur la santé mentale

Les maladies mentales affectent une personne sur cinq chaque année et une sur trois si l’on se réfère à la prévalence sur la vie entière, rappelle la Fondation Fondamental. Les jeunes sont en première ligne : dans plus de 70% des cas, les premiers signes apparaissent entre 15 et 25 ans (avant 3 ans pour les troubles du spectre de l’autisme). Trouble bipolaire, schizophrénie, trouble du spectre de l'autisme, dépression résistante... Les maladies mentales altèrent non seulement le fonctionnement du cerveau, système nerveux central, mais aussi les systèmes périphériques (comme en témoignent les maladies somatiques qui leur sont souvent associées). Elles perturbent la capacité des personnes qui en sont atteintes à s'adapter à leur environnement et s'accompagnent souvent d'une grande souffrance psychique. Elles se caractérisent notamment par des troubles comportementaux souvent associés à des troubles cognitifs (touchant la mémoire, la concentration, etc.), qui handicapent la personne atteinte et altèrent son fonctionnement social, familial et professionnel. Les conséquences sont parfois dramatiques : on observe une mortalité prématurée des personnes atteintes de maladies mentales, liée aux maladies somatiques généralement non dépistées et non traitées (pathologies cardiovasculaires, diabète, etc.) ainsi qu’aux suicides. Ainsi, en France, chaque année près de 10 000 personnes se suicident et 200 000 attentent à leur jour.

Le Conseil international des infirmier(e)s (CII) dans un communiqué de presse du jour appelle "à investir dans les soins infirmiers, condition préalable essentielle à des services de santé mentale de qualité.

La recherche apporte néanmoins de nombreux espoirs pour combattre les maladies psyhiatriques. Elles sont, pour la grande majorité, la conséquence d’un terrain biologique et/ou génétique les favorisant, combiné à des facteurs environnementaux déclenchants (stress, polluant, alimentation, infection, migration, maltraitance, addiction …). La recherche a également permis de démontrer qu’une prise en charge adaptée et précoce améliore considérablement le pronostic (en prévenant ou minimisant les rechutes) ainsi que la qualité de vie des patients.

Suicide : un mort toutes les 40 secondes dans le monde

Comment prévenir le suicide ? C'est le thème de cette Journée mondiale de la santé mentale. En France, près de 10 000 personnes se tuent volontairement chaque année, soit environ 25 par jour, selon le dernier rapport de l’Observatoire national du suicide. Dans le monde ce sont plus de 800 000 personnes qui mettent fin à leurs jours chaque année, soit un mort toutes les 40 secondes. Le suicide est aussi la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans, une population particulièrement exposée. Comprendre et prévenir le passage à l'acte suicidaire sont ainsi absolument essentiels. A l'initiative du Professeur Philippe Courtet, une équipe d'informaticiens a mis au point l'application "Emma" destinée à prévenir le risque suicidaire ou la récidive chez des patients volontaires. 100 patients "à risque élevé de suicide" sont en ce moment même en train de tester l'application. Emma prend régulièrement des nouvelles de l'utilisateur et l'accompagne partout et à tout moment de la journée. Le patient peut ainsi régulièrement évaluer son état mental, mais aussi faire appel à des personnes ressources ou à un numéro d'appel en cas de crise suicidaire. "Une fois terminée cette première étude, nous analyserons les profils (dont nous disposons) en fonction des caractéristiques cliniques des patients et tenterons de créer un algorithme prédictif de la survenue d'événements suicidaires", souligne Philippe Courtet.

 

 

 

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Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin


Source : infirmiers.com