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Stérilisation des dispositifs médicaux: les professionnels demandent une reconnaissance des compétences des agents

Publié le 10/04/2009

"Ces dernières années, nous avons étudié l'évolution de nos investissements. Il y a eu beaucoup d'efforts faits par les établissements sur le matériel et les locaux mais maintenant se pose le problème du personnel et de sa fidélisation", a introduit Bernard Charles, président-fondateur du Centre d'études et de formation hospitalières (CEFH) qui organise ces journées.

Les professionnels impliqués dans l'encadrement des stérilisations hospitalières sont confrontés dans leur pratique quotidienne aux problématiques de recrutement, de formation, d'évaluation et de qualification des personnels qu'ils encadrent.

La stérilisation des dispositifs médicaux, qui se faisait autrefois au bloc opératoire, relève maintenant du process industriel dans une structure centralisée. Cette activité essentielle pour offrir des soins de qualité aux patients et lutter contre les infections nosocomiales, est de plus en plus éloignée des blocs, ce qui augmente la technicité (avec la recomposition des plateaux) et exige d'avoir des agents très bien formés.

Or comme l'a rappelé Guy Vallet, inspecteur général des affaires sociales (Igas), qui a notamment dirigé l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM), la stérilisation concentre certaines contradictions des hôpitaux.

"C'est une activité méconnue, dans l'ombre des grands chirurgiens, et pourtant un goulet d'étranglement. On ne peut pas la fermer. On lui demande d'être de plus en plus performante mais aussi de contribuer à la baisse du chômage. Les agents qui y sont affectés sont parfois ceux qui ne peuvent plus être en contact avec le patient", a-t-il décrit.

Les établissements ont du mal à recruter. Ils doivent faire de gros investissements de formation initiale et continue puisqu'il n'existe pas de formation spécifique. Certains diplômes comportent une formation sur la stérilisation: la formation des préparateurs en pharmacie hospitalière, celle des infirmiers de bloc opératoire (Ibode), mais aussi des formations en lycée professionnel avec les BEP métiers de l'hygiène, de la propreté et de l'environnement.

Parmi le personnel, on compte aussi des aides soignants, des agents de service hospitaliers (ASH), des agents d'entretien qualifiés (AEQ), sans formation initiale mais qui ont acquis une expérience en stérilisation et donc une compétence. Comme le travail est pénible, loin des patients et qu'il manque de reconnaissance et de perspectives de progression, il existe un fort turn-over pour ces catégories, qui oblige les responsables des stérilisations à recommencer le processus de recrutement et de formation régulièrement.

DES SOLUTIONS, DES INITIATIVES LOCALES

Pour remédier à ces problèmes, des solutions sont proposées. Les professionnels organisent des plans de formation, perfectionnent le recrutement. Ainsi, l'AP-HM a été confrontée à une problématique de personnel quand elle a dû complètement réorganiser la stérilisation de l'hôpital La Timone qui avait été construit avec une stérilisation par bloc opératoire, plus une stérilisation centrale pour l'ensemble des services de soins et que l'inspection de la pharmacie menaçait de l'interdire.

"Il a fallu régler deux problématiques: quel type de personnel et comment choisir les agents" a rapporté le directeur chargé des ressources humaines, Robert Foglietta.

Il a été retenu de prendre des Ibode et des préparateurs pour l'encadrement et d'autres catégories plus exécutantes (AS, ASH, AEQ). Les aides soignants sortant des écoles ont été "forcés" à venir en stérilisation, compte tenu de la pression liée au risque de fermeture, mais devant la désaffection au bout de quelques mois, le personnel préférant les services de soins, "l'idée à germé d'aller chercher parmi des gens déjà formés (dans les entreprises privés) en leur proposant d'intégrer l'hôpital avec un statut spécial.

"Nous sommes bloqués par l'absence de statut mais nous proposons des solutions comme un grade d'agent de stérilisation, pris en contrat à durée indéterminée, avec un salaire correspondant à celui de la grille d'ouvrier professionnel, et avec possibilité d'évolution", a-t-il expliqué.

Comme eux aussi demandent à évoluer (pour devenir aides-soignants), les nouveaux recrutés devront signer un contrat comprenant un engagement de 3 à 5 ans en stérilisation.

Pour éviter que "la stérilisation soit le refuge des personnes qui ont des ennuis de santé ou des difficultés d'exercice ou de compétences", Robert Foglietta a recommandé de demander un CV, même en interne, qui sera détaillé par une commission de recrutement. Cette commission conduira aussi un entretien pour connaître les réelles motivations du postulant et pour lui donner des informations sur la fiche de poste, les conditions de travail et le salaire.

"Il faut un vrai partenariat entre les pharmaciens responsables de stérilisation et la direction des ressources humaines pour trouver du personnel adapté, mais il y a encore des sites où des recrutements sont imposés à l'encadrant de stérilisation", a estimé Brigitte Faoro du CHU de Montpellier, coordonnateur scientifique des journées.

Aux Hospices civils de Lyon (HCL) où le projet de construction d'une stérilisation centrale unique qu'on annonce comme la plus grande d'Europe, a subi quelques déboires et du retard, la formation du personnel a été anticipée car le personnel a été embauché avant la mise en place des stérilisations provisoires.

De janvier 2007 à décembre 2008, 110 agents ont été formés en 14 groupes, faisant faire à l'établissement une économie de près de 45.000 euros car faite en interne par le groupe projet stérilisation, a indiqué Dominique Goullet des HCL.

Les industriels qui recrutent beaucoup d'agents de stérilisation pour leurs sites de production de stérilisation mettent aussi en place des formations. Sterience s'est rapproché du CEFH pour former totalement du personnel de l'industrie pharmaceutique et souhaite faire reconnaître cette formation par l'Education nationale, tandis qu'Omasa a mis en place un module de formation initiale et organise un cursus d'intégration des opérateurs sous forme de tutorat avec des évaluations régulières.

NECESSITE D'UNE FORMATION RECONNUE ET D'UN GRADE

Le CEFH qui propose des formations depuis 1978 avec une offre diversifiée à plusieurs niveaux, cherche à faire évoluer le dossier vers une formation initiale (pour les Ibode, préparateurs, AS) et vers une reconnaissance du métier, a indiqué son vice-président, Dominique Thiveaud.

L'organisme qui s'est attelé au problème de la reconnaissance dès 1982 mais sans résultat, souhaite faire reconnaître le titre d'agent de stérilisation par l'Education nationale et la validation des acquis de l'expérience (VAE). Dominique Thiveaud y travaille en Midi-Pyrénées.

Pour lui, il faut pouvoir proposer aux agents de stérilisation, une grille de progression pour donner de l'espoir et un salaire en fonction de la grille.

Au niveau des salaires, "un chef de pôle a une certaine latitude", a reconnu le Pr Jean-Pierre Reynier, chef de pôle pharmacie à, l'AP-HM. D'autres utilisent les heures supplémentaires ou des primes, note-t-on.

L'Association française de stérilisation (AFS) travaille sur cette reconnaissance depuis plusieurs années. Elle souhaite la création d'un grade agent de stérilisation avec une reconnaissance pécuniaire. Elle vient de publier un guide* qui décrit le métier, la formation, l'organisation et propose des expériences.

Le Pr Reynier a souligné la diversité des catégories professionnelles dans les stérilisations, qui ont longtemps servi de "fourre-tout". Il faut pouvoir avoir du personnel reconnu comme compétent et que cette compétence soit reconnue".

BESOIN DE CATALYSER LES REVENDICATIONS

Les débats ont montré que la réflexion est mûre pour tout le monde. Les professionnels s'entendent bien sur ce voeu de reconnaissance mais pas encore sur le nom. Un pharmacien de l'hôpital Henri Mondor à Créteil a proposé le titre de technicien de stérilisation, mais Dominique Goullet a regretté que cette appellation fasse disparaître le "médico" de médico-technique. "Nous sommes tous des soignants", a-t-il rappelé. D'autres optent pour "opérateur en stérilisation".

"Les solutions sont souvent issues de volontés locales. Il y a encore des divergences mais nous devons y réfléchir tous ensemble", a estimé Brigitte Faoro.

"Désormais, nous devons soutenir cette demande ensemble, avec une appellation consensuelle. C'est une activité à part entière. Il existe une fiche métier reconnue par le ministère; il faut arriver à fédérer et faire une proposition" aux autorités, a conclu Dominique Thiveaud.

(Les ressources humaines en stérilisation, 112 pages, 20 euros, renseignements www.afs.asso.fr)


Source : infirmiers.com