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« S'il vous plaît le monsieur au T-shirt rouge, vous m'entendez ? »

Publié le 03/10/2014
patiente crie dans le stéthoscope

patiente crie dans le stéthoscope

A la suite d'un séjour à l'hôpital, Nathalie témoigne du mal-être des établissements français et de la maltraitance des patients qu'elle a elle-même subie...

« S'il vous plaît, vous m'entendez ? »

Au travers de l'hôpital, je décèle le mal-être de la France. Les infirmiers oublient les quatorze besoins fondamentaux de Virginia Henderson et les médecins négligent le serment d’Hippocrate, devenu le « serment d’hypocrite ». Ces derniers pensent « rendement », « client » et non « patient ». Je les comprends, ils n’ont pas le choix, c’est l’état gouvernemental qui veut ça. La crise économique a engendré beaucoup de restrictions budgétaires. Il y a une aide-soignante et une infirmière pour dix-huit chambres. Le personnel manque terriblement et beaucoup de choses ne sont plus remboursées par la sécurité sociale. Moi-même je me suis retrouvée « coincée » à ne pas avoir tout ce dont j’avais besoin pour quitter l’hôpital, à cause de dépassement d’honoraire que je ne pouvais plus suivre. Une infirmière est allée jusqu'à voler des médicaments pour que j'ai de quoi "survivre" le dimanche soir, le lundi matin et midi, le temps pour moi de trouver quelqu'un pouvant aller à la pharmacie à ma place. Elle m'a demandé de garder cela pour moi et de ne surtout pas le dire à l'hôpital sinon elle allait se faire taper sur les doigts. C'est grave d'en arriver là.

Patient ignoré, patient maltraité

Il y a quelques jours, je me suis rendue à l'hôpital pour une visite de contrôle. Partie à 14h pour rentrer à 21h. J'ai fait la révolution dans la salle d'attente. J'ai vu une femme âgée sur un brancard dans le couloir supplier qu'on vienne l'aider car son bras était coincé. J’étais dans mon fauteuil roulant, je ne pouvais pas l’aider. Dix médecins sont passés à côté d'elle sans la regarder avant qu'une docteur daigne s'arrêter, lui faire un sourire, la rassurer et lui remettre son bras en place. Alors là, j'ai applaudi bien fort et j'ai hurlé bravo madame, vous êtes la première à vous êtes arrêtée, la première à avoir du cœur, vous méritez une médaille !.

Cette situation, je l'ai moi même vécue. Le lendemain de mon opération, lorsqu'on m'a envoyée passer une radio, je suis restée seule dans le couloir pendant des heures car il n'y avait personne. Quand tu meurs de soif à cause des médicaments, de la morphine et j'en passe, qu'il t'est impossible d'aller aux toilettes et que tu es seule au monde dans un couloir, assise sur un fauteuil roulant, ce n'est pas marrant. Quand enfin je vois un docteur, je l'appelle. Il me regarde et me tourne le dos comme s'il ne m'avait pas vue. Puis un autre, et un autre... Et moi qui disais s'il vous plaît, s'il vous plaît. Puis, j'ai vu un homme qui balayait à qui j'avais dit bonjour en entrant et je l'interpelle aussi : s'il vous plaît le monsieur au T-shirt rouge ? Vous m'entendez ? Et là, miracle il me dit Oui ! Alléluia ! C'est vrai ? Vous m'entendez ? Vous entendez ce que je dis ? Vous êtes sûr ? Et il me dit oui qu'il m'entend bien. Je réponds donc que je ne suis pas folle parce que trois médecins étaient passés devant moi et ils avaient finalement tous fait semblant de ne pas m'entendre. Honnêtement, j'ai fondu en larmes. Nous sommes en train de perdre tout ce pour quoi nos parents et grands-parents se sont battus. J'ai des idées révolutionnaires. Je souhaite un retour de mai 68.

Ne me parlez plus de réformes, je n'y crois pas. Parlez-moi d'évolution, d'égalité pour tous mais pas de réformes.

Pardon si j'ai accusé à tort les infirmiers et les docteurs. J'ai bien conscience que vous êtes dépassés par les événements et que vous faites ce que vous pouvez en fonction de ce que vous avez. Mais vous êtes tellement dépourvus que cela se répercute sur les patients. Nombreux en perdent leur âme et ça fait mal de voir ça. J'en suis arrivée à penser que je n'étais qu'un boulet de la société, une handicapée qui dérange et que l'on ferait mieux de m'éradiquer tout de suite de ce système. Ne me parlez plus de réformes, je n'y crois pas. Parlez-moi d'évolution, d'égalité pour tous mais pas de réformes.

Aujourd'hui, j'ai lu plusieurs articles sur le taux de suicide en France : trente par jour. Un toutes les cinquante minutes. Est-ce que le but du gouvernement est d'assister, depuis son observatoire national, à un suicide collectif ? S'il n'y a pas un changement radical, la planète va se déchirer. Elle va tellement pleurer que ses larmes vont la renverser. Et là, il sera trop tard. Tout est possible. Quand on veut, on peut. Alors, à vous les "chefs d'états", les "sages des tribus", montrez l'exemple s'il vous plaît ! Montrez-nous qu'en un temps record, tout peut s'améliorer. Imaginez-vous que ce sont les Jeux Olympiques du meilleur pays des richesses équitables. Liberté, Egalité, Fraternité sont les valeurs de la France et il est grand temps de les revaloriser !

Nathalie


Source : infirmiers.com