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Secours en milieu hostile : une mission de spécialistes

Publié le 08/11/2012
Secours en milieu hostile : une mission de spécialistes

Secours en milieu hostile : une mission de spécialistes

Secours en milieu hostile : une mission de spécialistes

Secours en milieu hostile : une mission de spécialistes

Secours en milieu hostile : une mission de spécialistes

Secours en milieu hostile : une mission de spécialistes

Une belle rencontre s’est déroulée du 21 au 23 septembre 2012, dans les sous-sols de Sainte-Marie-aux-Mines, dans le Haut-Rhin. Infirmiers du Spéléo Secours Français Alsace, du SMUR de Colmar, mais aussi sapeurs-pompiers se sont retrouvés autour de la thématique des secours en milieu hostile. L’occasion de tester de nouvelles techniques pour la prise en charge des victimes.

Hypothermie, douleurs, risques liés aux gaz, tels étaient les trois grands axes de travail pour cette rencontre entre le Spéléo Secours Français Alsace, le SMUR de Colmar et le SDIS 68. Le milieu spéléo, froid, humide, isolé et confiné, regroupe de nombreuses conditions qualifiées d´hostiles, qui rendent l’intervention des secours compliquée. Toutefois, ces techniques de prise en charge, complexes et adaptées au milieu, trouvent un champ d’application déclinable dans de nombreux domaines : secours en montagne, secours de catastrophe, accidents de la circulation en hiver et/ou complexe... L’idée était donc de tester de nouvelles techniques à l’aide de nouveaux outils en phase d’expérimentation, et de proposer un nouveau regard sur les pratiques habituellement mises en œuvre dans les secours en milieu hostile.

SSF, SMUR, et SDIS réunis pour de mêmes objectifs

Eric Zipper, Conseiller Technique Départemental en Spéléologie et ancien président du Spéléo Secours Français (SSF), explique l’intérêt de telles rencontres. « L’idée de réunir ces trois structures régionales se place délibérément dans le but essentiel de partager nos compétences. Chacun a ses techniques, ses adaptations, son rôle à jouer dans la chaîne des secours. Mais comment fait-on quand il faut travailler en condition isolée, dans le froid, l’humidité, et loin d’un milieu hospitalier ? Le milieu souterrain réunit tous ces éléments d’hostilité. Ces techniques sont valables pour un secours en milieu souterrain, mais aussi pour une désincarcération en plein hiver. Il s’agit alors de travailler et d’avancer sur le conditionnement du matériel, son ergonomie, sa capacité à résister au froid et à l’humidité. L’objectif final étant, de développer du matériel aussi bien utilisable par un médecin un infirmier, ou un secouriste, tout cela dans un mode plus ou moins dégradé. »

La réussite de ce riche week-end d’échanges était aussi dû à la présence de secouristes et d’artificiers du Spéléo Secours Français, de médecins du SDIS et du SMUR 68, mais aussi des membres du Spéléo Secours Belge et Suisse.

Le point chaud, élément clé du secours spéléo

Pour palier les longues heures d’attente des victimes lors d’accidents sous terre, le Spéléo Secours Français a développé parmi d’autres techniques très spécifiques, la construction de « points chauds ». Il s’agit de « bulles » réalisées à l’aide de simples arceaux et de couvertures de survie. Si leurs constructions peuvent paraître rudimentaires, ces véritables « cocons » où sont conditionnées les victimes lors d’accidents sous terre, peuvent atteindre des températures dépassant les 27°C dans un milieu qui n’en compte que 6 à 10°C ! La victime, isolée du sol par un matelas gonflable, une couverture et une bâche, est ensuite placée dans une « doudoune », sorte de combinaison en sac de couchage, que l’on peut ouvrir petits morceaux par petits morceaux. Le point chaud est ensuite fermé de manière étanche et chauffé par différents moyens (flammes, Heatpac…). La victime est prise en charge par l’équipe d’Assistance Victime (ASV). Elle ne quittera ce point chaud qu’une fois la cavité équipée pour son évacuation.

Réchauffement des victimes, de nouveaux outils

L’hypothermie reste en secours spéléo un des sujets complexes en matière de prise en charge. Ses conséquences délétères peuvent vitre devenir graves et rendre une situation de plus en plus difficile. De nombreux outils se développent dans le domaine du réchauffement, mais leur efficacité dans ce milieu si hostile reste encore à prouver. « Voilà pourquoi nous voulions tester ces outils en condition réelle, explique Jean-Claude Point, infirmier au SSF Alsace. Nous manquions de valeurs réelles. Nous avons donc placé des victimes dans différents points chauds et réalisé des mesures à l’aide de sondes et d’une caméra thermique, en modifiant leurs paramètres de réchauffement. Nous avons testé de nouvelles couvertures de survies qui maintiennent une meilleure température dans le point chaud, mais aussi plusieurs modèles de couvertures auto-chauffantes, qui s’activent au contact de l’air. »

Si l’objectif était donc d’améliorer l’efficacité de ces point chauds, d’autres risques bien connus des spéléos étaient à surveiller : « dans ce milieu clos et confiné, d’autres facteurs son évidemment à prendre en compte, explique Jean-Claude. Il y a les gaz produits par ces différents moyens de réchauffement, la concentration de CO2 expiré par la victime et les secouristes présents, l’oxygène médical présent ou non dans le point chaud... Les risques d’intoxications et d’explosions sont donc toujours à prendre en compte. Nous avons aussi pu tester ces facteurs grâce aux appareils de mesures du SDIS68. »

Au vu des avancées de ce long week-end, ces rencontres vont se pérenniser dans les années à venir pour devenir un rendez-vous des spécialistes du secours en milieu hostile.

Jérémie THIRION
Rédacteur Infirmiers.com
jeremie.thirion@gmail.com


Source : infirmiers.com