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« Réparer » les victimes de mutilations sexuelles

Publié le 30/05/2012

Depuis près d’un an, le service de gynécologie du CHU de Rennes accueille et accompagne les femmes victimes de mutilations sexuelles et leur propose une intervention chirurgicale réparatrice.

Cet article a été publié le 21 mai 2012 par le réseau CHU que nous remercions de cet échange productif.

A l’initiative du docteur Harlicot, chirurgien-gynécologue, une consultation spécifique a été ouverte tous les premiers mercredis de chaque mois pour les femmes rennaises d’origine ivoiriennes ou guinéennes ayant subi des excisions ou infibulations. Elles sont reçues par une équipe composée du médecin, d’une sage-femme et d’une psychologue.

Cette mutilation, qui remonte bien souvent à leur enfance, a un tel impact sur leur vie psychique et sexuelle que le recrutement ne peut s’effectuer que par « le bouche-à- oreille », avec l’aide des associations africaines rennaises et du médecin généraliste, chacun jouant un rôle prépondérant dans la transmission de l’information.

Si le service gynécologie reçoit de plus en plus de demandes, le temps de réflexion peut être long avant d’accepter le principe d’une intervention chirurgicale : crainte de la douleur, fin d’un engagement ancestral… Il s’agit d’un choix délicat dans un contexte culturel particulier. Consciente de cette difficulté, l’équipe propose une prise en charge graduée en fonction des besoins de la patiente. Un premier rendez-vous avec une sage-femme lui permet d’être écoutée et rassurée. Qu’il s’agisse uniquement de la prise en charge de la douleur ou d’explications relatives à l’acte chirurgical, le docteur Harlicot, intervient dès ce premier rendez-vous ou lors d’une seconde consultation. S’ensuit un temps de réflexion, où la patiente décidera ou non de se faire opérer.

A l’issue de l’intervention, une série de rendez-vous est programmée, tous les 15 jours, afin de surveiller l’évolution de l’intervention et d’accompagner la patiente. Aujourd’hui, le service gynécologie reçoit de plus en plus de demandes.

La réussite de cette activité et la qualité de prise en charge des patientes sont fondées sur des échanges en amont et en aval de l’intervention. Il ne s’agit donc pas uniquement d’un acte de reconstruction chirurgicale, mais d’une prise en charge pour laquelle la capacité d’écoute et la connaissance du contexte culturel sont fondamentales. C’est pourquoi, en partenariat avec l’association ACZA (Association Culturelle Zassa d’Afrique) et sa présidente, Martha Diomande, l’équipe du CHU assure un gros travail d’information et de sensibilisation auprès des femmes africaines.

Après Angers, Lyon ou Nantes, Rennes assure ces prises en charge délicates qui concernent chaque mois, deux à trois femmes africaines.

Les mutilations sexuelles dans le monde et en France

En Guinée et en Côte d'Ivoire, l'excision touche 45 à 50% des femmes. Selon les régions, ce chiffre peut atteindre 88%. Chaque année dans le monde, 3 millions de fillettes y sont soumises. L'excision est surtout pratiquée chez les filles âgées de 4 à 14 ans mais, dans certains pays, les nourrissons de moins d'un an peuvent constituer la moitié des cas.
Les mutilations sexuelles ne concernent pas uniquement les femmes vivant en Afrique puisqu'en France, la tradition africaine est parfois très ancrée au sein de la population. Ainsi, en 2010, on estimait que 53.000 femmes adultes vivant en France étaient excisées.(informations ajoutées par la rédaction d'Infirmiers.com)

Cécile Boisse
Directrice de la communication
CHU de Rennes
http://www.chu-rennes.fr/



Source : infirmiers.com