La Fédération Hospitalière de France tenait, ce mardi 7 septembre, sa conférence de presse de rentrée. Financements, vaccination des personnels des établissements publics ou encore réformes à mener : on fait le point sur les dossiers en cours et les grands chantiers.
C’est par des chiffres que s’est ouverte la conférence de presse de rentrée de la Fédération Hospitalière de France (FHF), ce mardi 7 septembre à Paris. Des chiffres qui devaient donner l’ampleur de l’impact du Covid sur l’activité de l’hôpital. 260 000 séjours de moins au 1er semestre 2021 comparé à l’activité du 1er semestre 2019, soit une baisse de 3 % de l'activité. Des chiffres qu'il fallait néanmoins nuancer, car les impacts sont variables selon le mode d’hospitalisation (hospitalisation complète ou en ambulatoire) et selon les secteurs notamment (chirurgie ou médecine par exemple). Par ailleurs, l’hôpital public étant toujours mobilisé sur le front du Covid, le mois de juin ne permettait pas encore de parler d'un éventuel rattrapage de l’activité. "A ce jour, certains patients dont l'hospitalisation a été déprogrammée n'ont donc pas encore été traités ou avec retard", estimait la Fédération Hospitalière de France. La pandémie de Covid-19 a donc eu un impact financier de taille
pour les établissements publics qui va nécessiter un accompagnement budgétaire de la part du gouvernement
, a précisé Frédéric Valletoux, président de la FHF.
Obligation vaccinale : la FHF salue de nouveau la fermeté du gouvernement
A une semaine du couperet de l'obligation vaccinale contre le Covid pour les soignants, la Fédération Hospitalière de France, qui plaide depuis longtemps pour l'obligation vaccinale de ses personnels, a, là encore, dévoilé quelques chiffres : en établissement, 87 % des personnels ont reçu une première dose, soit une hausse de 6 % par rapport au 10 août dernier. Une dynamique
positive qui, selon elle, atteste de l’adhésion majoritaire des professionnels de santé à la vaccination obligatoire. Pour rappel, annoncée le 12 juillet par le président Emmanuel Macron
, l'obligation vaccinale pour les personnels des hôpitaux et des Ehpad (ainsi que les pompiers, ambulanciers et aides à domicile) entrera bien en vigueur le 15 septembre (au moins une injection). Ils auront ensuite jusqu'au 15 octobre pour justifier auprès de leur employeur d'une vaccination complète. A compter de cette date, tout salarié qui n'aura pas reçu au moins une dose de vaccin contre le Covid-19 pourra être suspendu
, sans rémunération.
La FHF a rapidement plaidé pour la vaccination obligatoire afin que les hôpitaux sortent rapidement la tête de l’eau
, a rappelé Frédéric Valletoux. Cette obligation concerne l’ensemble des personnels qui travaillent auprès des personnes vulnérables mais également des prestataires qui interviennent à l’hôpital, ou encore les étudiants en santé – à l’exception des premières années de médecine - tous secteurs confondus, privés comme public, a précisé la FHF avant de réaffirmer son soutien au gouvernement sur ce point, soulignant qu'il n'y aurait pas d'exception à la règle (sauf évidemment, un justificatif de contre-indication très encadré). Interrogés sur la réponse à apporter aux syndicats hospitaliers qui s'inquiètent de la perte de personnel dans un contexte déjà extrêmement tendu, la FHF n'a pas cillé : Le gouvernement a raison d’être très ferme sur le sujet. On approuve totalement cette fermeté. S'il est très clair que certains vont instrumentaliser des cas particuliers pour faire penser que des bataillons de soignants seraient réfractaires à la vaccination (…) en réalité, nous pensons que le refus de la vaccination ne concernera qu'une centaine de personnes
, a affirmé la FHF, sans, cette fois, oser avancer de chiffres précis. En pratique, les suspensions sont déjà possibles. Un agent qui refuserait aujourd'hui de se soumettre à un test pourrait se voir suspendu. La loi prévoit toutefois un entretien individuel pour permettre à celui-ci de régulariser sa situation, l'idée étant d'accompagner plus que de sanctionner. Les services où la vaccination posera problème seront obligés de se réorganiser, a précisé la FHF, interrogée sur ce point.
La réforme de la psychiatrie sur la table
La crise sanitaire a mis en évidence de façon plus accrue encore les dysfonctionnements et les manques. Le secteur de la psychiatrie fait depuis longtemps figure de parent pauvre du secteur de la santé. Sa réforme est donc plus que jamais sur la table, a affirmé la FHF, avec plusieurs enjeux à la clé : attractivité et financement du secteur (remise à niveau des ressources), maillage du territoire, coordination des différents acteurs ... A la veille des assises de la santé mentale et de la psychiatrie
, la FHF a donc réaffirmé son voeu de voir tenu le calendrier de cette réforme cruciale. Initialement prévue le 1er janvier 2021, elle doit en effet entrer en vigueur le 1er janvier 2022. Autre dossier de taille : l’hôpital de proximité (qui pourrait concerner quelque 350 établissements en France à terme, la labellisation étant en cours). Une réforme stratégique pour sauver des structures qui permettent l’accès au soin de la population est en train d'être menée
, a expliqué la FHF. Objectif : changer radicalement la manière dont s’organisent les relations entre les différents acteurs et construire, avec les pouvoirs publics, une garantie de financement de ces établissements
. Le décret sur le modèle de financement est justement attendu avec une certaine impatience par la FHF. Evoquant l'échéance des présidentielles, l’après de l’hôpital ne peut pas ressembler à l’avant-crise
, a assuré Frédéric Valletoux. Problématique de démographie médicale, pérennisation des personnels, attractivité : il va falloir donner un horizon pour remettre l’hôpital au cœur du système de santé. Il va falloir mener plusieurs réformes majeures si on ne veut pas désespérer les hospitaliers
, a-t-il assuré. Le 17 mars 2022 sera une journée d’hommage aux soignants. Il faut regarder cette échéance (présidentielle) avec sérieux et gravité car l’hôpital ne peut pas se permettre un nouveau rendez-vous manqué. Le prochain quinquennat doit être celui des grands chantiers
.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin
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