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RECHERCHE

Recherche en sciences infirmières : un pas vers plus de reconnaissance

Publié le 16/10/2017
cérémonie de remise des prix nationaux pour la recherche en soins infirmiers

cérémonie de remise des prix nationaux pour la recherche en soins infirmiers

Statue le penseur

Statue le penseur

Le 12 octobre dernier, au ministère des Solidarités et de la Santé, trois infirmiers chercheurs se sont vus récompensés pour leurs travaux prometteurs lors d’une cérémonie à laquelle s’est jointe le Pr Agnès Buzyn. C’est la première fois que ce prix est décerné par la Fondation de l'Avenir et la Chaire Recherche Sciences Infirmières ; une étape importante qui montre, s'il fallait encore le faire, que les paramédicaux peuvent être des chercheurs à part entière.  

Il existe beaucoup de prix pour les infirmiers, et depuis des décennies, mais celui-là est différent, il permet de valoriser et d’impliquer les infirmiers. Il montre qu’ils peuvent être des chercheurs à part entière , affirme le Pr Monique Rothan-Tondeur, responsable de la Chaire de Recherche en Sciences Infirmières lors de l’ouverture de la cérémonie. Les critères d’attribution de ces récompenses se sont avérés très sévères, on nous l’a reproché mais on ne peut pas être moins exigeant si on veut prouver la capacité des infirmiers dans ce domaine.

Quid de la préparation des seringues électriques

Ce discours est en partie repris par Bruno Garrigue, cadre de santé IADE au SAMU/SMUR/CESU 91 au Centre hospitalier Sud Francilien qui est le premier à recevoir son prix pour la meilleure publication scientifique. Celui-ci s’enthousiasme : cette initiative reconnait un progrès extraordinaire pour notre profession. Dynamique, il promet que son intervention sera de l’ordre de 180 secondes. De ce temps si précieux, il n’en prend que trop peu pour parler de son travail sur la préparation des seringues électriques . L’étude portait sur des principes actifs utilisés fréquemment en urgence : la noradrénaline, l’insuline et un traitement de la douleur (un mélange Ropivacine/Sufentanyl). Après avoir comparé les différents protocoles, les résultats montrent clairement des différences de concentration considérables entre le début et la fin des seringues si elles ne sont pas agitées. La quantité de principe actif délivrée n’est conforme que si le soignant homogénéise la seringue. Eh oui, tout ça pour ça, ironise le lauréat. Pourtant des recommandations sont en cours d’élaboration au vu de cette découverte. Si l’intéressé dépasse largement ces trois minutes, c’est qu’il détaille surtout son parcours professionnel et les rencontres qu’il a faites ce travail est interdisciplinaire, c’est infirmier dans la thématique, mais on a tous travaillé ensemble, raconte-il.

« Chercher c’est désobéir et c’est en désobéissant que je pense que je n‘ai pas été mauvais dans ma carrière »

TCA et image de soi...

Claire Line, cadre formateur en IFSI, anciennement infirmière à la Maison des Adolescents à Paris, est la deuxième à se voir attribuer le prix. Promue dans la catégorie « jeune chercheur » pour ses découvertes auprès des jeunes souffrant de troubles alimentaires, la soignante, qui parait timide et réservée, s’avère déterminée pour détailler son travail.L’obésité ne vient pas seulement bouleverser l’individu dans sa dimension psychologique, elle impacte également les dimensions psychiques, affectives et sociales du sujet, explique-t-elle. Forte de ces observations, la professionnelle de santé s’est donc penchée sur le principe d’incarnation chez les adolescents obèses. Ces patients n’habitant plus leur propre corps, les accompagner vers la guérison implique de comprendre les moyens qu’ils mettent en œuvre pour se réapproprier une enveloppe corporelle. Les résultats de ces recherches démontrent que la mise en mot de ce processus d’incorporation et sa prise de conscience chez ces jeunes contribuent à favoriser leur estime de soi et à améliorer leur qualité de vie. La prise en compte de l’expertise du patient a enrichi la relation soignant/soigné. Nous évoluons à présent dans une co-construction du savoir, souligne la lauréate. Celle-ci espère transmettre son goût de la recherche aux générations futures via sa nouvelle fonction de formatrice.

« Je sais que plusieurs infirmiers ont poursuivi leur études jusqu’au doctorat. Et je sais aussi qu’ils ont préparé cette thèse au prix d’un parcours du combattant » -  Agnès Buzyn

De l’engagement de soi lors de l’exercice soignant

Le 12 octobre s’est déroulée une cérémonie de remise des prix nationaux pour la recherche en soins infirmiers. Trois soignants ont été récompensés pour leurs travaux en la présence du Pr Agnès Buzyn, actuelle ministre des Solidarités et de la Santé.

Le dernier infirmier primé, Jean-manuel Morvillers, infirmier PhD, qui exerce en psychiatrie à l’hôpital Maison Blanche a été récompensé dans la catégorie « chercheur confirmé » par la ministre des Solidarités et de la Santé elle-même. Titulaire d’un doctorat en sciences humaines, il travaille sur le concept d’implication, notamment dans le domaine de la psychothérapie, c’est-à-dire l’engagement de soi lors de l’exercice soignant. La notion d’implication est déterminante pour aider l’autre à changer et évoluer, développe-t-il. Ces dernières recherches consistent à clarifier la mise en place d’une alliance thérapeutique (AT) entre le personnel paramédical (les infirmiers et les aides-soignants) et le patient adulte. Il s’agissait d’obtenir une AT en psychiatrie aigüe au moment de la crise des patients ou lorsqu’ils sont hospitalisés sans leur consentement. Les résultats révèlent que c’est possible et on a même observé de très bon scores, précise le soignant. Les patients, ont également été interviewés, afin de recueillir leur ressenti sur la question. A l’heure actuelle, les recherches sont pratiquement terminées et un article devrait être soumis dans les prochains jours.

« A mes yeux ce n’est pas un hasard si les sciences infirmières rejoignent l’éthique. Sans doute parce que l’éthique est constitutive de la discipline » - Agnès Buzyn

Compter sur et avec les infirmiers pour relever les défis de santé publique

A l'issue de la remise des prix, le Pr Agnès Buzyn s’est brièvement exprimée sur la discipline des sciences infirmières et son évolution. La ministre s’est félicitée de la réussite du programme hospitalier de recherche infirmier et paramédical (PHRIP) créé en 2010 qui a porté ses fruits avec  144 projets de recherche sélectionnés ces dernières années. Elle se réjouit également que les chercheurs paramédicaux intègrent à présent d’autres programmes et annonce avoir signé avec la minitre de l'enseignement supérieur et de la recherche une lettre de mission pour des concertations en vue de l’universitarisation des professions paramédicales.

 « Il faudra compter sur et avec les infirmiers pour relever les défis de santé publique et plus généralement pour la transformation de notre système de soins afin qu’il soit le plus accessible, le plus performant et le plus équitable possible. » - Agnès Buzyn

Enfin, c’est au Pr Monique Rothan-Tondeur qu’est revenu le mot de la fin. Celle-ci a surtout revendiqué sa fierté de faire partie de cette profession qui ose toucher les mains, les pieds, les pustules mais aussi toucher les cœurs.

Roxane CURTETJournaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com  @roxane0706


Source : infirmiers.com