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IDEL

Quid de la relation entre l'infirmière et le patient

Publié le 06/03/2013
infirmière libérale soins à domicile prise de tension

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Lorsque vous devenez infirmière libérale, vous rentrez plus ou moins dans la vie privée de vos patients, soins à domicile obligent... Alors comment gérer ces relations qui sont « plus intimes » que dans un établissement public ? Quelles sont les limites à ne pas franchir ?

Cet article a été publié le 9 janvier 2013 par CBA

Voici un témoignage d'Elodie Manikowski, infirmière libérale depuis 15 ans et exerçant dans la région de Toulouse.

Quelle relation menez-vous avec vos patients ?

La relation patient-soignant n'est jamais évidente. Elle se noue autour d'un soin tout en prenant soin... Nous, infirmières libérales, exerçons notre profession au domicile et non dans un établissement de santé, ce qui rend notre exercice un peu plus périlleux. Nous sommes amenées à entrer dans l'univers du patient, dans sa bulle, son intimité, son cadre de vie, son territoire ainsi que celui de sa famille parfois.Cette relation infirmière-patient doit rester professionnelle et être une alliance entre technicité, sécurité et respect de chacun. Il faut donc prendre quelques précautions afin de se protéger les uns et les autres de situations envahissantes, conflictuelles... mais chaque rencontre nous enrichit, nous amène de l'expérience, des leçons de vie.

Quels sont les risques, les limites à ne pas franchir ?

Personnellement, je suis très sensible aux règles de politesse, et je ne commence jamais un soin sans avoir eu un « bonjour », tout comme je ne passe jamais un objet sans avoir entendu la formule magique « s’il vous plaît » et bien sûr « merci » est de rigueur. Rien que ces trois formules permettent souvent déjà de poser de bonnes bases de travail.

Il m’est arrivée d’avoir des patients, heureusement peu nombreux, qui, à mon arrivée, ne disaient pas bonjour, « attaquaient » d’emblée sur la façon dont je faisais le soin, râlaient sur l’horaire, posaient de multiples questions sans me laisser le temps de répondre, en faisant le jeu des questions-réponses.

Je les laisse s’exprimer et lorsque la tirade est terminée, je réitère mon « bonjour » et je pose la question « qu’est-ce qu’il vous arrive monsieur ? » Cela oblige la personne soignée à se repositionner et reprendre les choses calmement, avec parcimonie. Il faut savoir faire la sourde oreille pour pouvoir être mieux entendue …

Les patients aiment comparer les pratiques des uns et des autres en terme de techniques de soins, et aussi les « petits bonus » qui ne font pas partie des soins mais que nous pouvons amener pour faciliter le quotidien des malades, et qui vont très souvent mettre en danger à la fois la prise en charge du patient et l'équilibre de fonctionnement de l'équipe de soins.

Je pense notamment au fait d'aller chercher le pain, sortir la poubelle, ou ouvrir les volets, actes non sanitaires, certes essentiels à la vie quotidienne, mais qu'il faut savoir faire avec parcimonie ! Des actes qui ne doivent pas être une obligation pour chacun des membres de l’équipe infirmière mais qui doivent être faits en fonction de chacun, selon ses possibilités, ses affinités, ses urgences…

Qui n’a pas entendu « eh bien votre collègue, elle au moins elle est gentille, elle est allée chercher le pain ! »
Comme souvent, les habitudes sont mauvaises. Le jour où il y a une urgence et que vous ne pouvez pas rendre ce service, vous serez considérée comme une « mauvaise infirmière »... C'est comme aussi prendre le café avec son patient. Bien que ce soit salutaire pour celui-ci et pour nous aussi, j'évite de le faire dans la prise en charge quotidienne, toujours chez la même personne, car un café non pris peut être vécu par le patient comme un drame !

D’où l’importance d’avoir une cohésion d’équipe dans la prise en charge, de savoir définir son rôle, de ne pas tout faire, tout accepter à tout prix pour plaire ou pour gagner de la patientèle. Il faut trouver le juste milieu, ce qui n’est pas évident et ne s’apprend qu’au fil du temps sur le terrain.

Parfois, malgré de bonnes volontés il y a des désaccords. Il faut donc savoir passer le relais à d'autres professionnels de santé. Nous ne pouvons pas nous entendre avec tous et vice-versa !

Quels sont aussi les bons côtés dans une relation infirmière libérale-patient ?

La plupart du temps, tout se passe bien avec les patients. Nous les accompagnons sur des tranches de vie plus ou moins longues, sur des prises en charge de quelques jours à quelques années, d’où une certaine appartenance au cercle intime parfois. Les échanges font partie intégrante du soin, qu’ils soient spécifiques à celui-ci ou totalement hors contexte : partager une recette de cuisine, échanger sur le jardinage… Porter un intérêt à quelqu’un est toujours très valorisant pour celui-ci, surtout pour les personnes âgées qui souvent vous disent « on ne sert plus à rien ». Pouvoir donner une astuce est un bonheur pour eux.

Les personnes âgées nous font redécouvrir l’Histoire, l’évolution des techniques, la modernisation … Le domicile est un formidable lieu d’échange, beaucoup plus riche qu’en établissement car nous sommes à un moment donné, pour un temps donné, chez une personne, pour elle et elle seule. Nous ne sommes pas interrompues dans nos soins, comme nous pouvons le vivre en établissement de soins, par le voisin de chambrée qui pose des questions sur son état, ou par le médecin qui vient vous chercher pour faire la visite là maintenant tout de suite, toute affaire cessante !

Et quelle est la relation à mener avec les membres de la famille du patient ?

C'est vrai qu'il ne faut pas oublier non plus le soutien, l'accompagnement de l'entourage social et familial du patient. Il faut que chacun (famille, voisins, amis, professionnels sociaux et de santé) trouve sa place (pour celui qui veut bien sûr en avoir une !) auprès du malade et à condition que celui-ci le veuille aussi. Le patient a toujours le dernier mot sur la réalisation ou non d'un soin; d'où la nécessité au départ de fixer à minima « des règles » pour chacun, après discussion et selon les possibilités...

Qui fait quoi ? Quand ? Quel est le matériel à mettre à notre disposition ? Quelle est notre amplitude horaire de passage ? Comment se coordonne-t-on ?

Ce sont toutes ces petites choses qui vont faire la qualité de la prise en charge. Si le kiné, l’aide-ménagère et l’infirmière arrivent en même temps, personne ne peut travailler correctement auprès de cette personne et nous, professionnels, avons ainsi des difficultés en terme de « timing » pour nos interventions suivantes.

Le patient est au centre du soin, la famille ou aidant naturel, quand ils sont présents, sont au centre de l’organisation. Ce sont eux qui vont être le relais des informations, vont assister la personne soignée tout au long du jour et de la nuit. Il faut savoir les accompagner, les guider, les soutenir et en prendre soin !

Je pense qu'il faut garder à l'esprit que chacun des intervenants est le soutien de l'autre afin de maintenir au domicile un patient dans les meilleures conditions possibles, d'améliorer sa qualité de vie, de respecter ses volontés.

Et vous, quelle est votre vision de la relation infirmière libérale-patient ? Quels sont les avantages dont vous pouvez bénéficier dans votre relation avec vos patients à domicile ? Quelles sont aussi les difficultés rencontrées ? Partagez vos expériences !

CBA
http://www.installation-infirmiere.fr


Source : infirmiers.com