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Qui va sauver les urgences ?

Publié le 27/06/2014
Urgences SMUR véhicule

Urgences SMUR véhicule

urgences prise en charge

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Chacun sait que les finances de la santé en France vont mal. Chacun sait également que des efforts sont à fournir tant sur la gestion, que sur les modes de financement de l'assurance maladie. Cependant, le mouvement s'accélère et touche un pan particulièrement sensible et important pour la population française : les secours d'urgence qui voient leurs moyens diminuer de façon drastique. Explications.

Des urgences qui ferment, des SMUR moins efficaces

Urgences fermées, SMUR réorganisés, moyens abaissés... A quoi jouent les directions avec les SMUR ?

Le mouvement a débuté ces dernières années, mais il est en train de s'accélérer. Une des dernières nouvelles en date concerne le centre hospitalier de Riom dont 90% du personnel s'est mis en grève depuis le 18 juin dernier. Déjà en équilibre précaire, le Service d'Accueil des Urgences, le SMUR ainsi que l'unité d'hospitalisation de courte durée adossée au SAU, ne pourront plus bénéficier de l'aide d'un brancardier et de la coopération avec les sapeurs pompiers d'un homme qui conduisait le véhicule du SMUR.

Les exemples en 2013 sont également nombreux. Un des plus marquants reste celui de l'hôtel Dieu, dont la fermeture annoncée avait été repoussée devant la résistance du responsable du SMUR qui a purement et simplement été démis de ses fonctions.

Le personnel n'est en effet pas au centre des préoccupations, puisque au nom d'une certaine polyvalence, on lui demande d'être présent partout. Au SMUR si besoin, au SAU, aux lits porte et à assurer des tâches qui sortent de son champ de compétence. Au programme et en vrac : gestion administrative des examens complémentaires et des appels téléphoniques, brancardage, maintenance du matériel, aide dans les autres services en dehors même de leur pôle... La polyvalence est probablement une vertu si elle est consentie et source de formation et de compétence, mais, au regard de ce qui se passe, il s'agit simplement de combler des trous sur des plannings.

Pour reprendre l'exemple du personnel du SMUR de l'Hôtel Dieu, à Paris, ce dernier a tout simplement été sommé de muter à Cochin s'il voulait continuer à faire du SMUR. Il s'obligeait ainsi à participer également à l'activité du SAU.

Les directions des hôpitaux utilisent souvent le même mode opératoire. Il s'agit d'une « expérimentation » pour vérifier la faisabilité de la chose. Tous les professionnels de terrain savent bien comment cela se passe. Le personnel fait tout, tant bien que mal, pour que cela fonctionne dans la mesure où c'est le patient qui serait impacté en fin de chaîne. L'expérience se révèle donc concluante, les soignants servant d'amortisseurs pour absorber les chocs.

Quelle prise en charge des usagers en santé demain... un jeu de (ou en) construction ?

Des expérimentations sur la population...

Une expérimentation, c'est ce qui va se passer au SMUR de Strasbourg qui devrait voir disparaître un de ses moyens intervention à partir du mois d'octobre. L'argumentaire utilisé par la direction est pour le moins surprenant. Le SMUR de Strasbourg fait trop de sorties si on le compare aux autres SMUR. Cette « étude », qui n'a pour le moment pas été rendue publique, compare la structure alsacienne à d'autres CHU dits "de taille comparable ou supérieure". Elle considère les données brutes, sans tenir compte du maillage territorial, de la présence de moyens héliportés et des organisations spécifiques des régions concernées.

Un des moyens d'intervention devrait également prêter main forte à un SAU, mais sans toutefois réaliser de soins directs. Il s'agirait donc de se cantonner aux tâches indirectes, sans que ces dernières soient clairement définies. A cela s'ajoute une difficulté administrative supplémentaire ; les personnels des urgences ne dépendent pas du même pôle que ceux du SMUR. Si la mobilité peut être utilisée comme excuse au sein d'un même pôle, les choses se compliquent lorsque cela concerne d'autres pôles. En dehors d'un service de suppléance spécifique, rien ne peut obliger un agent à travailler dans un pôle dans lequel il n'a pas été affecté.

Ici encore, la direction met en avant l'argumentaire de l'expérimentation, sur laquelle une marche arrière serait possible en cas de résultats négatifs. A ce jour peu de ces expérimentations on donné suite à de réelles réévaluations et toutes ont été entérinées sans faire trop de bruit. Les agents vont sans doute entamer des actions pour défendre leur point de vue et la qualité de ce service publique, mais la bataille s'annonce difficile.

Il n'est pas certain que les patients, qui risquent d'attendre un peu plus longtemps qu'un véhicule soit disponible pour les secourir, soient favorables à une expérimentation mettant leur vie et celle de leurs proches en danger. Un sujet d'importance à suivre donc...

Bernadette FABREGAS avec la rédaction d'Infirmiers.comRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com