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Quelle formation pour quels professionnels ?

Publié le 30/11/2011

La revue « Pratiques » a consacré deux numéros à la formation de deux professions clés du système de soins : les infirmières et les médecins. La plupart des auteurs s’inquiètent du privilège donnés aux soins techniques au détriment de la relation avec les malades. On ne peut que s'en réjouir...

En juillet 2011, la revue « Pratiques » (www.pratiques.fr) proposait un ensemble de réflexions sur les infirmières (« La fin d’un mythe ? »), suivies en octobre d’un numéro consacré à la formation des médecins (« Quelle formation pour quelle médecine ? »). Sa rédaction organisait le 18 novembre 2011 une réunion portant sur les deux parutions, tant il lui est apparu que les problématiques en étaient proches. En effet, la façon dont on forme les professionnels est calqué sur ce qui est attendu d'eux.

Pour une grande majorité des auteurs de la revue, les réformes en cours de la formation, et donc de la profession, vont dans le sens d’une « hypertechnicisation » des soins au détriment de ce qui, pour eux, importe en premier lieu : la relation soignante, de sujet à sujet. Cette insistance sur les actes techniques va de pair avec une mise en forme des processus, au détriment du « flou » de la pratique réelle, celle qui se fait tous les jours au contact du malade. Cette protocolisation est sous l’égide de la biomédecine, comme il est d’usage de l’appeler depuis quelques années.

La raison principale de ce mouvement est qu’il donne prise aux gestionnaires sur le travail des professionnels de santé : la description des actes permet de resserrer l’organisation des soins et surtout de les évaluer financièrement. En somme, il s’agit de transférer aux soins les méthodes de gestion du privé, selon une logique dite « néolibérale » largement dominante aujourd’hui, en France comme ailleurs. Sur ces points, les professionnels de santé humanistes, infirmiers et médecins, sont à la même enseigne.

La réforme LMD (Licence-Master-Doctorat) s’inscrit dans ce processus, avec le risque de séparer les enseignements théoriques dispensés par l’université de l’apprentissage pratique donné par les instituts de formation en soins infirmiers (Ifsi). Cependant, d’autres auteurs mettent l’accent sur la chance ainsi donnée à la profession infirmière d’affermir son identité, certains faisant remarquer que cette réforme étant annoncée depuis 1998, les Ifsi avaient largement le temps de s’y préparer …

Le problème est, bien sûr, de savoir s’il existe une telle « identité » infirmière : n’est elle pas un mythe ? Le problème se pose également pour les médecins généralistes qui ont mis de nombreuses années à faire reconnaître, imparfaitement, leur spécificité. La question de fond, abordée par quelques auteurs, est l’articulation entre la théorie et la pratique, avec notamment une interrogation récurrente : dans quelle mesure la pratique peut-elle fonder une théorie, voire une discipline scientifique ? Inversement, dans quelle mesure une théorie est-elle une aide ou une entrave à la pratique ?

Ce très rapide tour d’horizon ne doit pas faire oublier que les personnes qui se sont exprimées aiment profondément leur métier, ou celui qu’elles apprennent, mais sont terriblement inquiètes de son avenir et de la façon dont il (leur) est enseigné.

Serge CANNASSE
Journaliste, rédacteur Infirmiers.com
serge.cannasse@mac.com


Source : infirmiers.com