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CADRE

Quel avenir pour les structures de formation infirmière ?

Publié le 05/06/2012

Isabelle Bayle, cadre formateur à l’Institut de formation en soins infirmiers de Saverne, a assisté, dans le cadre des Journées nationales 2012 du CEFIEC (Comité d’Entente des Formations Infirmières Et Cadres) à une conférence sur l'avenir des structures de formation et leur possible (probable) redéfinition. Elle nous en restitue la matière et nous interroge.

Joëlle Kozlowsky présidente du CEFIEC (Comité d’Entente des Formations Infirmières Et Cadres) a pris son bâton de pèlerin et fait le tour de France des régions pour aller à la rencontre des adhérents. Après avoir rappelé l’évolution du paysage de la formation infirmière, une question surgit :quel avenir pour les structures de formation ? Où en sommes-nous aujourd’hui ?

Joëlle Kozlowsky rappelle les écrits du rapport de Chantal de Singly (2009), relate ses échanges avec, par exemple, Monsieur Lemoine à la DGOS (Direction Générale de l’Offre de Soins), Monsieur Vaillant à l’université et nous propose les trois orientations qui se dessinent dans le paysage de la formation :

  • la création de Haute École en santé
  • l’intégration à l’université
  • la création d’instituts régionaux.

Trois propositions

Dans un premier temps tout le monde semble d’accord pour dire qu’il est important de défendre un référentiel national pour garder une garantie et une cohérence dans la qualité de l’appareil de formation.

Explorons les trois propositions :

Haute École en Santé :

  • c’est une structure autonome avec des multi-financements ;
  • la formation est centrée sur le cœur de métier soignant en lien avec les terrains professionnels ;
  • les formateurs ont suivi une formation universitaire (master, doctorat) ;
  • plusieurs paliers de formation peuvent être envisagés ;
  • un partenariat universitaire se créé.

Questions - Quel diplôme envisager ? Licence puis master ? Diplôme d’état infirmier ? Quelle tutelle ? Ministère de la santé ? De l’Education ? De l’enseignement supérieur ? Quel coût pour la formation universitaire des formateurs ?

Intégration universitaire :

  • la formation est réalisée à l’université par des universitaires ;
  • le programme et l’organisation de la formation deviennent spécifiques à chaque université (autonomie universitaire) ;
  • un parcours universitaire organisé dans une logique LMD ;
  • la mise en valeur de la méthodologie de la recherche.

Questions - Quelle université ? Médecine ? Sciences infirmières ? Sciences de l’éducation ? Qui analyse les situations de soins ? Qui enseigne le cœur de métier infirmier ? L’université permet-elle une garantie pour garder une place dans le territoire de santé ?

Remarque - Devant les différents rapports (2011) rendus sur l’université française faisant état de son niveau d’attractivité et de son manque d’employabilité, il est évident que la formation infirmière permettrait de redresser la barre et améliorerait les statistiques.

Les instituts régionaux :

  • ils seront pilotés par les régions ;
  • le quota sera géré selon les besoins de la région ;
  • la création des instituts dépendra du plan de maturation financier de chaque conseil régional.

Questions - Quelle tutelle ? Ministère de la santé ? De l’éducation ? N’y aura-t-il pas une disparité entre les régions ? N’y aura-t-il pas une influence en lien avec les orientations de la région et les personnes dirigeantes ?

Alors, quel choix ?

Ce qui semble important de soutenir c’est la qualité de la formation. Mais au-delà, il s’agit de former des soignants infirmiers qui sachent appréhender une situation de soins et y réponde avec compétence pour assurer la sécurité des soins dispensés.
La pratique infirmière aujourd’hui requière un haut niveau de compétences qui inclut l’intégration des savoirs scientifiques, le jugement clinique et l’autonomie pour faire face à la complexité des situations en lien avec l’évolution des pratiques dans notre société.

Outre ce choix, ne faut-il pas se demander en premier lieu : quelle identité infirmière de demain et quel type d’infirmière pour demain ?

Le périmètre du métier d’infirmier s’oriente parfois souvent (ces derniers temps) vers un transfert de tâches. Certains souhaiteraient (rapport Henart, janvier 2011) même créer un corps intermédiaire pour répondre au manque de médecin. Est-ce le souhait des professionnels infirmiers ?

Nous entendons parler de recherche infirmière, de recherche clinique infirmière, cela semble primordiale pour prouver et asseoir l’exercice infirmier et améliorer la pratique soignante mais avec « notre » identité.

Nous avons tous conscience que le référentiel de formation infirmière du 31 juillet 2009 n’est qu’un tremplin vers un nouvel avenir. Un séminaire aura lieu dans les prochaines semaines pour envisager le devenir des structures de formation. Une décision sera prise alors, ouvrons les yeux et prenons une place dans l’avenir de notre profession.

Il y a certes des avantages et des inconvénients dans les trois formules. Les deux premières semblent retenir les attentions de chacun. Néanmoins, ne perdons pas de vue que le nouveau professionnel va jouer un rôle pivot au sein des organisations de soins et assurer le renouvellement des pratiques soignantes. Il devra collaborer aux changements organisationnels et être force de propositions pour l’évolution du système de santé futur. Bref, un professionnel de santé compétent pouvant interagir dans le cadre d’une politique sanitaire. Il sera alors un partenaire de choix pour le travail interdisciplinaire dans la prise en soins des patients.

Bonne réflexion à tous….

Isabelle BAYLE
Cadre infirmier formateur
Ifsi Saverne
Rédactrice Infirmiers.com


Source : infirmiers.com