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PUERICULTRICE

Puéricultrice et sociétaire de la Haute École de Santé de Genève

Publié le 05/03/2012

La tête et les mains : la sociétaire de la Haute école de santé de Genève s’attache à étoffer avec opiniâtreté chaque facette de son métier d’infirmière puéricultrice, la théorie et la pratique.
Cet article a été publié dans la revue Avenir et Santé de février 2012, magazine de la Fédération nationale des infirmiers, que nous remercions une fois encore de ce bel échange.

L’entendre expliquer qu’elle n’a eu de cesse de « vouloir travailler avec des enfants » sonne comme une évidence. Elle assure que pareille ambition « a toujours été présente » et « correspondait à mon tempérament ». Dès lors, il suffisait d’emprunter la voie tracée au chevet de ses contemporains. En l’occurrence, un Bac D décroché en 1988, le diplôme d’infirmière à Saint-Nazaire (44) en 1993, celui de l’École de puéricultrice de Montpellier en 1994, et, en sus, une licence en science de l’éducation. Un cursus qui a validé des aspirations initiales.

Une dimension relationnelle et informative

Une première expérience professionnelle à la maternité de la clinique Notre-Dame-de-Grâce à Nantes se révéla fructueuse : « J’ai été confortée dans mon rôle d’infirmière puéricultrice. Je m’occupais des mamans à l’issue de l’accouchement. Je leur apprenais à décoder les besoins du nourrisson. Une aide qui s’apparentait à de l’éducation à la santé et requérait un sens de la pédagogique ». Sans oublier « une très grande richesse des échanges sur le plan humain ».

L’heure de s’expatrier arriva en 1995. Delphine Coulon adressa une candidature spontanée à l’hôpital Pourtalès de Neufchâtel, là où elle avait effectué des remplacements en 1994. Elle fut recrutée au service de gynécologie obstétrique avant d’officier en pédiatrie et néonatalogie. L’occasion d’envisager différemment la spécialité : « En France, on avait tendance à scinder les deux, tandis qu’en Suisse, le suivi de la mère et de son bébé était global. Une telle approche a des avantages : des conditions d’exercice supérieures, un nombre limité d’intervenants et l’opportunité de tisser des liens de confiance avec les patients. L’objectif est qu’ils dédramatisent les choses. Il y a une cohérence accrue et un véritable accompagnement de notre part dans la mesure où les actes ne sont pas cloisonnés. Notre contribution est valorisée vis-à-vis des médecins et parce que nous avons la latitude nécessaire à la mise en œuvre de nos propres actions. Elles comportent une dimension relationnelle et informative et pas uniquement de la technicité. En tout cas, c’est ainsi que je conçois ma fonction ».

Delphine Coulon a également conçu, en collaboration avec une consœur, un outil d’e-learning à destination des soignants intitulé « Le syndrome du bébé secoué, quel outil autour des pleurs ? ».

Les parents encouragés dans leurs capacités

Avec, à la clef, la conviction que, dans l’Hexagone, il n’aurait guère été aisé de s’épanouir de la sorte faute de disposer des moyens en personnels et financiers adéquats. De quoi prolonger le bail chez nos amis helvètes, à l’hôpital de la Tour de Genève, avec, là encore, le souci de former. En 1996, la Française instaura, à l’intention des jeunes mères, des cours de puériculture avant et après la naissance. Alimentation, sommeil, allaitement, aptitude à appréhender les attitudes du nouveau-né, massage... : le rappel s’est avéré précieux pour les intéressées. « Le but est que les parents se rendent compte qu’ils peuvent être compétents avec leur progéniture, qu’ils soient encouragés dans leurs capacités et autonomes une fois qu’ils sont de retour à leur domicile afin qu’ils n’aient pas à être assistés ».

L’orée du millénaire fut le moment de franchir le Rubicon. D’abord envoyée mensuellement en Albanie, en tant que vacataire, y réaliser des audits de cadres infirmiers participant à des projets de développement via la Haute école de santé (HEDS) de Genève, Delphine Coulon intégra l’établissement en 2002 avec le titre de chargée d’enseignement en santé de l’enfant et de la famille. Des disciplines dont elle inculque les subtilités à ses élèves sur le terrain, au sein même des institutions médicales. Le début d’une seconde carrière intellectuellement stimulante, agrémentée d’un statut de chercheur auquel aimeraient accéder certaines de ses consœurs de ce côté-ci de la frontière.

L’enseignement, mais pas seulement

« Au sein de l’HEDS, qui a le statut d’université depuis 2005, on nous demande de nous impliquer dans la recherche et dans des projets ou actions de santé publique. Les cours n’occupent que 50 % de notre temps. Tout cela fait partie du profil de poste et valorise l’établissement ainsi que notre propre cursus. C’est assez fréquent en Suisse où les passerelles sont nombreuses. Néanmoins, une telle tendance est relativement récente. »

Une polyvalence qui ravit Delphine Coulon dont les travaux sont entre autres menés sous la houlette de la Canadienne Francine de Montigny qui s’intéresse à la post-natalité. Les thèmes concernent les difficultés qu’une naissance suscite chez les parents qui se sentent démunis, avec les risques afférents pour le nourrisson et les conséquences sur la vie de famille. « Notre rôle est préventif. Il consiste à construire avec eux des dispositifs qui leur correspondent en tenant compte de leur degré d’expertise, ce qui est novateur dans la pratique infirmière », explique Delphine Coulon, chercheuse associée au Centre d’études et de recherche en intervention familiale de l’Université du Québec et qui a, par ailleurs, la possibilité d’être nommée, à Genève, professeur à condition de décrocher préalablement un doctorat ou de publier régulièrement des articles dans des revues spécialisées.

En outre, l’HEDS comprend un département de recherche-développement que les infirmières sont susceptibles d’intégrer en CDD ou en CDI, si elles ont déjà le titre de professeur. Elles ont alors l’opportunité d’y consacrer la quasi-totalité de leur temps, un système également en vigueur dans les Hautes écoles de santé de Suisse romande et du Valais. En outre, Delphine Coulon a élaboré avec Laetitia Baillod, également chargée d’enseignement à l’HEDS, un outil pédagogique interactif de e-learning pour soutenir la parentalité à l’attention des étudiants et professionnels, autant de contributions à la science infirmière qui se matérialisent essentiellement en étant périodiquement incorporées dans les programmes dispensés aux élèves.


Cet article est paru dans la revue de la FNI Avenir & Santé, n°401 pp. 40/41 - Février 2012


Alexandre TERRINI
http://www.fni.fr


Source : infirmiers.com