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PROTOCOLES

Protocole - La douche au lit : « une parenthèse dans la maladie et la douleur »

Publié le 15/09/2011
douche au lit soins a domicile

douche au lit soins a domicile

Le service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) de Desvres (62) s'est engagé dans une démarche d'amélioration de ses pratiques. Proposer aux patients la « douche au lit » s'inscrit dans cette logique qui fait rimer hygiène, bientraitance et bien-être.

La douche au lit : « une parenthèse dans la maladie et la douleur »1(cf. protocole en encadré ci-dessous) est un soin d’hygiène et de confort qui nécessite une proximité entre le soignant et le patient . Le confort est créé par les diverses sensations corporelles et psychiques que peut ressentir la personne lors du déroulement du soin. Certains sens sont donc en éveil. L’odorat est sollicité par les différents parfums des produits utilisés : shampooing, gel, douche…

La douche permet en effet de développer le sens du toucher de manière réciproque, tant pour le soignant qui assure la toilette que pour le patient qui accepte le contact corporel.

Toucher et se laisser toucher ? Toucher le patient « autrement » ?

La vue et le regard sont particulièrement sollicités tout au long du soin et doivent être préservés au niveau du patient pour qu’il garde une image corporelle satisfaisante .

Du côté du patient

La douche est un soin qui permet à la personne d’oublier « Un instant, le temps du soin, qu’il est grabataire »2. Par principe, la douche doit être pratiquée avec le consentement du patient et des familles pour permettre la bonne réalisation des soins et créer un climat de confiance. Elle a pour intérêt une détente physique, musculaire et psychique/mentale.

Le soignant travaille aussi sur la représentation de l’image corporelle en y intégrant la notion de revalorisation pour éviter la perte de sentiment de l’estime de soi (« se sentir encore aimable et regardable »). Le patient témoigne souvent d’une sensation de bien-être qu’il avait déjà connu avant sa maladie ou son handicap. Notion de verticalité : « l’homme debout ».

Du côte du soignant

Il est primordial pour l’être humain de se sentir utile et de s’épanouir dans la réalisation des tâches quotidiennes qu’il doit accomplir. La douche au lit est une découverte pour le patient, l’entourage et le soignant. Elle favorise un moment d’échange et peut aussi susciter de la curiosité et l’intérêt pour des familles qui semblent peu participatives.
Le soignant doit s’inscrire dans une démarche de bientraitance et de prendre soin, donner du sens à ses pratiques professionnelles en évitant la banalisation de ses actes et l’installation d’une certaine routine. C’est aussi une attention différente que l’on porte au patient :

  • les sens : ce sont les facultés par laquelle les êtres animés reçoivent les impressions du monde extérieur par la vue, l’ouïe, le toucher, le goût et l’odorat ;
  • le bien-être : terme qui désigne un équilibre parfait entre le corps et l’esprit . C’est un état qui touche à la santé, au plaisir, a la réalisation de soi, à l’harmonie avec soi et les autres ;
  • la bientraitance : cette notion recouvre un ensemble d’attitudes et de comportements positifs et constants de respect, de bons soins, de marque et manifestations de confiance, d’encouragement et d’aide envers des personnes/groupes en situation de vulnérabilité ou de dépendance ;
  • le toucher empathique : « Le toucher empathique apporte un réconfort, des bienfaits physiologiques, psychiques et physiques. Le toucher empathique est vecteur, d'écoute, d'affection, de tendresse. Ces avantages sont inestimables, autant sur le sentiment de solitude, la crainte de la mort, que sur le besoin inavoué d'être touché et d'être encore touchable »3.

Protocole de douche au lit (INS 19 A) SSIAD , Desvres (62).
Date d'application (4/03/2011)


• Conditions et pré requis pour la réalisation de la douche

Domicile adapté :

  • lit médicalisé à hauteur variable ;
  • Domicile adapté : eau chaude/froide à disposition en quantité, chauffage suffisant, installation électrique en bon état (prise de terre).

Entourage/patients coopérants et volontaires :

  • cas particulier : si le patient n’est pas en mesure de s’exprimer, l’accord de son entourage doit être demandé (au minimum par téléphone par l’infirmière coordinatrice et tracé sur Ménestrel/suivi de notes) ;
  • demander l’autorisation à l’entourage de prendre des photos lors du déroulement du soin (préciser que la confidentialité et la pudeur seront respectées).

• Organisation des soins

  • la programmation est faite lors de la réunion hebdomadaire de transmissions ;
  • support : tableau mural avec fiches en T (patients concernés, périodicité souhaitée, aide-soignante concernée) pour la semaine à venir ;
  • la douche au lit est réalisée par deux soignants en binôme (aide-soignant /-infirmière coordinatrice/stagiaires), compter en moyenne une heure par douche ;
  • en cas de présence de plaies (escarres, ulcères…), l’accord de l’infirmier libéral doit être demandé et signalé sur Ménestrel/suivi de notes).

• Préparation

  1. Venir chercher le matériel dans le service (s’assurer que les bureaux sont ouverts) : douche au lit à roulettes avec les deux bidons vides, caisse contenant alèses non tissés, gel douche1, (prévoir senteurs différentes), alèse plastique (si pas le patient n'en a pas), 4 pinces de maintien de l’alèse plastique, gants de toilette non tissés, lingettes désinfectantes, doses de produit Anios, spray Hexanios , cahier de suivi des douches .
  2. S'assurer que le patient est consentant au moment du soin et que son état de santé le permet (hyperthermie, toux, asthénie…).

• Réalisation du soin

  • Effectuer le soin en binôme (faire participer la famille ou l’entourage proche si possible).
  • Veiller à ce que : le patient soit rassuré, n’ai pas froid, que sa pudeur soit respectée, que l’alèse plastique soit bien positionnée pour éviter les écoulements d’eau sur le sol.
  • Vérifier l’état de la protection/effectuer une petite toilette si nécessaire.
  • Installer l’alèse plastique et le drap en non tissé sous le patient.
  • Procéder au déshabillage du patient et le recouvrir d’un drap non tissé ou d’une grande serviette de bain.
  • Disposer les 4 pinces au niveau des barrières de lit remontées pour donner à l’alèse plastique une forme de baignoire .
  • Proposer les différents produits de bain (senteurs diverses…) et évaluer si le shampooing est à effectuer.
  • Remplir le container d’eau propre à l’aide des bidons (la température de l’eau est laissée à l’appréciation du patient).
  • Mettre en route après adaptation des deux tuyaux (douchette et aspiration).
  • Prévenir le patient et le rassurer (moteur de la pompe bruyant).
  • Procéder au soin : un soignant qui savonne, lave et rince/l’autre soignant aspire l’eau stagnante.
  • Sécher le patient en veillant à enlever l’alèse en non tissé pour aspirer le restant d’eau.
  • Arrêter la pompe, la débrancher, ôter l’alèse plastique, selon les habitudes du patient, effectuer son transfert lit/fauteuil, ou remettre un drap de dessous sur le matelas.
  • Procéder à l’habillage du patient selon les souhaits et les habitudes du patient, l’installer confortablement.

• Nettoyage et rangement du matériel

  • Désinfecter l’alèse plastique avec le spray désinfectant de surface et laisser agir 2 à 3 mn (avec gants) (à adapter si le patient est au lit ou au fauteuil).
  • Vider le bac d’eau sale après vidange des tuyaux (douchettes et aspiration).
  • Vider le sachet d'Anios dans le bac d’eau sale (25ml pour 5 l d’eau froide).
  • Mettre le tuyau d’aspiration dans ce bac et laisser circuler le produit en circuit fermé.
  • Rincer le bac deux fois à l’eau froide pour éviter la mousse et jeter l’eau.
  • Désadapter les tuyaux après leur vidange et désinfecter avec les lingettes.
  • Procéder de la même façon pour l’extérieur de l’appareil, les bidons et le câble d’alimentation électrique.
  • Faire sécher au domicile du patient (ou l’amener au service ou au pressing2 si nécessaire) (il est utile d’informer la famille que l’alèse peut être lavée en machine à 60°).
  • Renseigner le cahier de suivi de douches.
  • Amener l’ensemble du matériel au bureau et refaire le stock de consommables3.

Notes

1. Le patient peut utiliser son propre gel douche s'il le souhaite.
2. Au coin de la rue Jean Jaurès/rue Dupontchel à Desvres.
3. Penser à anticiper les commandes de consommables (à voir avec Mme Battez)

Cas concrets

Exemple d’une personne de 50 ans, hémiplégique, qui vit en couple. Au départ, elle a des réticences car elle ne sait pas comment le soin se va se dérouler et ce, dans le respect de sa pudeur. La personne a peur de l’inconnu et du changement que cela va induire dans l’organisation de sa journée. Elle craint que l’on « mette de l’eau partout »

Exemple d’une personne de 75 ans qui est grabataire en GIR 14
Cette dame ne parle plus depuis quelques années, il est donc difficile de communiquer. Elle ne soutient pas le regard lorsque l’on se place près de son visage et reste rétractée au niveau des membres supérieurs et inférieurs. Si elle n’exprime pas directement sa douleur, elle émet toutefois certains sons. L'accord de la famille est demandé et obtenu.

• Les ressentis positifs

  • La personne se sent relaxée et détendue, la patiente de 50 ans retrouve ses sensations « d’avant la maladie ».
  • On observe une mobilisation plus facile des membres rétractés, la manipulation semble moins douloureuse.
  • Les soignants expriment leur satisfaction quant à la découverte de ce nouveau soin, se sentant valorisés par les retours positifs de la personne.

• Les ressentis négatifs

  • Il y a ceux qui ne veulent pas recommencer.
  • Des patients ont eu froid lors du soin ou se sont fatigués trop rapidement ;
  • Le soin a été proscrit par le médecin chez des patients ayant une fragilité plus importante.
  • La patiente n’aimait pas les douches avant la maladie, « pas dans sa culture ».
  • Le bruit de l’appareil peut être surprenant ainsi que l’enclenchement de la douchette qui peut faire sursauter le patient s’il n’est pas prévenu.

En conclusion

Pour les soignants, cela représente un apprentissage nouveau, un changement d’habitudes de travail et de déroulement des tournées, une charge de travail supplémentaire, mais aussi une occasion de réfléchir en équipe sur le sens de leur mission, de se sentir gratifiés, de transmettre de nouvelles compétences aux stagiaires, de travailler en équipe sur le support (protocole du déroulement du soin et de nettoyage du matériel…)

Pour le service de soins à domicile, c’est un engagement supplémentaire dans la démarche d’amélioration continue de nos pratiques (notre service est certifié NF X 50-056), une mise en application des recommandations relatives à la bientraitance de l’Agence nationale de l'évaluation de la qualité des établissements et services sociaux et médico-sociaux (ANESM) et relatives à l’hygiène de l'Agence régionale de santé (ARS). Une pratique qui est communiquée aux patients dans le livret d’accueil et sur le site internet de notre service de soins infirmiers à domicile (SSIAD) et à nos partenaires.

Notes

  1. Parole d’aide soignante
  2. Idem
  3. Le toucher empathique de bien-être®, Isabelle Guyader.
  4. GIR 1 (groupe iso-ressources 1) : dépendance totale, mentale et corporelle de la personne.

Anik HOFFMANN
directrice et infirmière coordinatrice.
Violaine DUMOULIN
infirmière coordinatrice
Les aides-soignantes
Service de soins infirmiers à domicile 5, rue du cygne 62240 Desvres.
www.assad-desvres-samer.fr


Source : infirmiers.com