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PSYCHIATRIE

Prévention du suicide : très tôt en milieu scolaire...

Publié le 27/01/2015
salle de classe

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Un programme de sensibilisation à la santé mentale développé en milieu scolaire a permis de réduire les tentatives de suicide et les idées suicidaires chez des adolescents, dans une vaste étude européenne, selon des résultats à paraître dans The Lancet.

Un programme ce sensibilisation à la santé mentale développé en milieu scolaire montre des effets très bénéfiques sur la prévention du suicide.

Il s'agit de la première étude européenne, menée dans 168 écoles de 10 pays de l'Union européenne (Autriche, Espagne, Estonie, France, Hongrie, Irlande, Italie, Roumanie et Slovénie), évaluant de manière randomisée un programme de prévention des comportements suicidaires chez l'adolescent, font observer le Pr Danuta Wasserman du Karolinska Institutet à Stockholm et ses collègues. L'étude SEYLE montre qu'un programme de sensibilisation à la santé mentale, mis en oeuvre dans les établissements scolaires, s'adressant à tous les élèves, de courte durée (cinq heures sur un mois), permet de réduire de manière statistiquement significative le nombre de tentatives de suicides et la survenue d'idées suicidaires fortes par rapport à l'absence d'intervention, se félicitent-ils.

Le programme évalué (YAM pour Youth Aware of Mental Health Programme) a été développé pour cette étude : son objectif est de faire prendre conscience aux adolescents de l'importance de leur santé mentale, de leur faire connaître les facteurs de risque et des facteurs protecteurs associés au suicide, de les aider à identifier les symptômes dépressifs et anxieux ainsi qu'à mieux gérer les aléas de la vie, le stress et les comportements suicidaires. Concrètement, le programme est mis en oeuvre par des animateurs formés, à travers des ateliers interactifs et des jeux de rôle, des posters affichés dans les salles de classes, des exposés sur la santé mentale ainsi qu'un fascicule que les élèves peuvent emporter chez eux.

Dans l'étude, les chercheurs ont comparé de manière randomisée le programme YAM à deux autres interventions, le programme QPR (Question, Persuade and Refer), qui consiste à former les professeurs et les autres personnels scolaires à identifier les élèves à risque suicidaire et à communiquer avec eux pour les inciter à consulter, et le programme ProfScreen, qui s'appuie sur un questionnaire distribué aux élèves puis examiné par des professionnels de santé pour repérer les adolescents à risque et les adresser vers une consultation. Au total 11 110 élèves âgés de 14-15 ans ont été randomisés entre les trois programmes et un groupe contrôle. Pour des raisons éthiques, les posters éducatifs du programme YAM ont été mis à disposition des quatre groupes. Après un an de suivi, l'incidence des tentatives de suicide était significativement réduite au plan statistique parmi les adolescents ayant suivi le programme YAM, de 55% par rapport au groupe contrôle, alors que la baisse associée avec les deux autres interventions n'était pas significative. Les résultats étaient similaires pour les idées suicidaires, avec une incidence réduite de 50% avec le programme YAM par rapport au groupe contrôle. Aucune tentative de suicide n'a abouti au décès au cours de l'étude.

Sur la base de cette étude, les chercheurs ont calculé que le programme YAM permet d'éviter une tentative de suicide pour 167 élèves sensibilisés. Dans un éditorial, David Brent du Western Psychiatric Institute and Clinic à Pittsburgh et Hendricks Brown de la Northwestern University Feinberg School of Medicine à Chicago notent qu'en tenant compte à la fois des tentatives de suicide et des idées suicidaires, il suffit d'avoir 91 élèves sensibilisés pour éviter un cas. D'autres études sont nécessaires pour confirmer ces résultats et évaluer le rapport coût-efficacité du programme YAM ainsi que tester d'autres modalités d'application, ajoutent les chercheurs. Les auteurs de l'éditorial leur suggèrent, avant une diffusion à grande échelle de ce programme, d'examiner notamment les données existantes pour d'autres programmes qui ont fait la preuve de leur efficacité en milieu scolaire.


Source : infirmiers.com