Les soignants exerçant de nuit sont sujets à des modifications de comportement au travail ainsi qu’à des pathologies induites. Lors du salon Préventica, qui s’est récemment déroulé à Toulouse, quelques pistes de prévention pour en réduire l’impact sur les salariés ont été proposées.
Le travail de nuit, ou plus généralement le travail « posté », a des répercussions sur l’état de santé et le comportement au travail des salariés, comme le confirment de récentes études. Ce thème a été traité à plusieurs reprises lors du salon Préventica qui s’est tenu du 9 au 11 juin 2015 à Toulouse.
Des stratégies de prévention primaires et secondaires
Nous avons assisté à l’une de ces présentations, un atelier proposé par Anthony Dubroc, Président de Mysommeil, une société de conseil et d’accompagnement en ligne dans ce domaine, qui posait la question des plans d’action pour aider les salariés en travail de nuit ou « posté ». Devant la privation de sommeil, les erreurs d’alimentation, les insomnies et la désynchronisation provoquées par le travail de nuit, posté ou à horaires décalés, les entreprises, dont tous les établissements de santé et médico-sociaux, se doivent en effet de réfléchir à des stratégies de prévention primaire et secondaire pour aider les salariés à s’adapter à ces rythmes de travail non physiologiques.
Des changements de comportement des salariés au travail
Huit millions de travailleurs exercent en horaire décalé, dont 15% en horaires de nuit. Ce facteur de pénibilité est d’ailleurs pris en compte dans les nouvelles dispositions législatives en cours de traitement par les tutelles. C’est ainsi que la prévention est obligatoire pour les établissements de plus de 50 salariés. Il s’agit tout d’abord de réaliser un diagnostic du travail de nuit dans l’entreprise, d’actionner des leviers de prévention et de tracer ces actions afin de les évaluer dans le temps. Anthony Dubroc est revenu lors de sa présentation, sur les impacts de ce travail de nuit sur le comportement des salariés en situation de travail.
Hypovigilance et perte de concentration entre 2h et 7h du matin
Le premier d’entre eux est le phénomène de désynchronisation, du fait du décalage exercé sur l’horloge biologique, avec son corrolaire d’hypovigilance. Viennent ensuite les insomnies, ou une qualité de sommeil réduite de 50%. La fatigue qu’elle engendre est responsable en grande partie des pertes de concentration dont font preuve certains salariés concernés. Enfin, le dernier impact majeur sur le comportement des salariés nocturnes est la dette de sommeil, évaluée à 1h par nuit, et qui, cumulée semaine après semaine, est responsable de somnolence et de perte de vigilance au poste de travail. L’orateur a d’ailleur évoqué une étude montrant que la plupart des accidents du travail mortels se produisaient entre 2h et 7h du matin.
Affections cadiovasculaires, surpoids et sentiment d’isolement
Mais, outre le comportement au travail, c’est bien la santé des salariés qui est soumise à rude épreuve par le travail de nuit. Des affections cardiovasculaires, notamment l’hypertension artérielle, mais également des troubles gastro-intestinaux sont répertoriés comme pathologies spécifiques. Des repas segmentés et de la nourriture peu équilibrée, représentés par des snacks et des boissons gazeuses et sucrées en sont responsables, de même que du taux élevé de surpoids et d’obésité. Enfin, la santé mentale est aussi éprouvée et le sentiment d’isolement fait souvent partie des témoignages.
Plans de prévention et formations pour réduire l’impact du travail de nuit
Anthony Dubroc propose dès lors aux entreprises des moyens de prévention par une analyse de l’existant et des impacts sur les salariés, puis par un plan de prévention impliquant les salariés et le CHSCT, pour des recommandations quant à l’organisation du travail, de l’environnement de travail (lumière, bruit, pauses, distributeurs, etc.), ou de conseils spécifiques à chacun. Il réalise enfin des formations aux salariés, afin que ces derniers gèrent mieux leur insomnie notamment, en insistant sur les bienfaits de la luminothérapie et de la caféine dans certains cas et en prohibant l’utilisation de médicaments ou de toute autre substance addictive.
Ces dispositions s’avèrent désormais utiles dans les établissements de santé, pour un meilleur état de santé des soignants de nuit, mais aussi pour les patients qui sont susceptibles d’être victimes de l’hypovigilance et de la perte de concentration de ces professionnels.
Bruno Benque Rédacteur en chef cadredesante.com bruno.benque@cadredesante.com
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