Petite question par curiosité :
êtes-vous infirmier ?

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Pourquoi et pour qui écrivons-nous ?

Publié le 08/11/2013
écriture stylo plume

écriture stylo plume

De quelle liberté disposons-nous pour nous laisser aller à « dire », à écrire et à inscrire notre propos, nos états d'âme, nos souffrances, nos faiblesses, nos espoirs et nos désespérances ? A qui et pourquoi nous livrons-nous ? Plaidoyer pour le droit à la parole et à son respect.

Plaidoyer pour le droit à la parole et à son respect

D'abord une série de questions... Qu'est-ce qui nous relie aux autres ? Qu'est-ce qui nous ressemble dans notre identité de soignants et nous rassemble dans une même communauté ? Qu'est-ce qui nous permet de nous exprimer, de dire, de partager, d'élaborer, d'analyser, de synthétiser, d'applaudir, de critiquer, de s'indigner ? Qu'est-ce qui fait notre appartenance au groupe de soignants, que l'on soit étudiant en soins infirmiers, infirmier(e)de terrain, spécialisé(e), cadre de santé, « masterisé(e)», libéral(e), mais aussi aide-soignant(e) ou de tout autre profil ? De quelle liberté disposons-nous pour nous laisser aller à « dire », à écrire et à inscrire notre propos, nos états d'âme, nos souffrances, nos faiblesses, nos espoirs et nos désespérances ? Pourquoi et pour qui écrivons-nous ? A qui nous livrons-nous ? De quel espoir nourrissons-nous nos écrits ? Qu'attendons-nous de l'autre, des autres, de celui et ceux à qui nous confions notre parole, quelle qu'elle soit ? Pourquoi nous exposons-nous à la critique, à l'incompréhension, aux réactions parfois violentes que suscitent nos écrits et notre propos ? 

Cette semaine, un texte publié a retenu toute mon attention et je peux l'affirmer la vôtre également, par la force de vos réactions, de votre enthousiasme et/ou de vos critiques. Il illustre tout à la fois le dynamisme de notre communauté soignante mais aussi sa capacité à réagir vivement, parfois même violemment, et à s'emballer pour aller dans le sens du propos ou, au contraire, le critiquer et en détruire sa substance.

Qu'attendons-nous de l'autre, des autres, de celui et ceux à qui nous confions notre parole, quelle qu'elle soit ?

Libre à chacun de s'exprimer, c'est vrai, mais je ne peux m'empêcher d'observer que la violence exprimée à l'encontre du texte livré par un étudiant en soins infirmiers, - texte intitulé « Quand la vérité fait peur aux soignants...  » - a atteint les limites du genre. Sous prétexte que l'on n'a pas d'expérience professionnelle, que l'on est un « bleu », un « blanc-bec », un profane, comment peut-on oser porter un jugement sur ses futurs pairs ? On reproche à cet étudiant d'être « un donneur de leçon » sans aucune légitimité, un « Monsieur je sais tout », de se présenter comme « le sauveur de la profession », de prétendre « détenir la vérité » ? Mais la seule vérité ne serait-elle pas d'avoir la capacité de douter comme il le fait et de l'exprimer avec la force de sa jeunesse ? Certains ont osé le « rendez-vous dans 20 ans », ce qui, à mon sens, illustre parfaitement une certaine réalité de la profession infirmière. Sans illusions ni espoirs de lendemains qui chantent, désabusée et au-delà désespérée de n'avoir pas pu vivre le changement espéré... Ah si jeunesse savait, si vieillesse pouvait.... Heureusement, tout espoir n'est pas perdu, certains lecteurs ont tenté de modérer les phrases assassines et de saluer le courage de l'étudiant, de demander de la « bienveillance » à son égard et de ne pas s'exposer au « mauvais esprit » . Un rappel à la fraternité ? Une invitation à la solidarité intergénérationnelle ? Une parole pour ne pas s'entre-déchirer et partager, au contraire, une ligne de conduite forte et sans ambiguïté pour construire, ensemble, et enrichir, dans la durée, une communauté soudée.

La seule vérité ne serait-elle pas d'avoir la capacité de douter comme il le fait et de l'exprimer avec la force de sa jeunesse ?

Ce n'est que mon point de vue et, encore une fois, en vous le livrant, je m'expose moi-même à la vindicte populaire. Cependant, ce que je défends ici et maintenant, sur infirmiers.com comme ailleurs, c'est le droit à la parole, quelle qu'elle soit, - et à son respect -, du coup de gueule au coup de cœur, de l'analyse la plus fine à l'exutoire spontané. Parce qu'observer ces réactions violentes m'a été douloureux, j'ai ressenti, à mon tour, le besoin profond de vous le dire, de vous l'écrire et de le partager. Je ne doute pas que vous saurez le comprendre... et le critiquer !

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com