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DOCUMENTATION

Portrait - Restaurer le goût de soi

Publié le 23/08/2011

Après avoir travaillé 15 ans en établissements spécialisés auprès de grands brûlés et en rééducation, Véronique Andrieu exerce aujourd’hui une toute autre activité : le maquillage médical. Ce qui lui procure un vrai épanouissement. Rencontre.
Cet article a été publié dans la revue Avenir et Santé de juillet dernier, magazine de la Fédération nationale des infirmiers, que nous remercions une fois encore de cet échange productif.

Si elle s’est éloignée du strict exercice du soin, Véronique Andrieu, infirmière, n’en reste pas moins au service de ses patients pour leur redonner le goût de s’occuper d’eux, de reprendre contact avec leur corps et renouer avec leur image. Une action essentielle dont le retentissement psychologique est extrêmement important pour le bien-être et parfois même la guérison. Ce sont ces résultats qui procurent à Véronique l’enthousiasme et la passion pour son activité de maquillage médical.
Depuis 7 ans, l’infirmière exerce à l’établissement thermal d’Avène, qui accueille prioritairement des patients souffrant de problèmes dermatologiques.

« Nous bénéficions à Avène d’une eau particulièrement efficace sur les désordres cutanés. C’est une eau peu minéralisée qui tire son efficacité d’un excellent rapport calcium/magnésium. Lors du séjour de 3 semaines à l’établissement thermal, l’eau améliore en moyenne de 65% l’état cutané des curistes. La cure permet au derme de se reprendre en charge et de mieux fabriquer sa barrière hydrolipidique.»

Mais elle ne fait pas tout ! « Pour maintenir et prolonger les bienfaits de la cure, il est essentiel que les curistes pris en charge aient une bonne hygiène quotidienne. Il y a des gestes quotidiens qu’il convient d’adopter dont ils sont souvent ignorants.» Aussi l’établissement leur propose-t-il des ateliers gratuits d’éducation à l’hygiène de la peau.

« Nous leur expliquons la bonne température pour se laver et la nécessité impérieuse de consacrer 30 secondes, matin et soir, à appliquer une crème hydratante. En fait, c’est une éducation à la santé qui fait partie du rôle infirmier quel que soit notre domaine d’activité et qui n’est pas si éloignée de mes fonctions précédentes. »

L’établissement propose également d’autres ateliers également animés par Véronique dont la relaxologie et le maquillage médical. « Nous repérons les personnes qui souffrent de pathologies affichantes, de tâches disgracieuses sur la peau, de cicatrices… et nous leur proposons d’apprendre à les camoufler quotidiennement par un maquillage correcteur spécifique. »

Il ne s’agit pas d’un maquillage beauté, mais bien d’un maquillage médical rendu possible à l’origine par la gamme Couvrance, lancée de façon novatrice par le laboratoire Pierre Fabre pour répondre à une vraie carence en la matière. En effet, il n’existait pas de produits de maquillage pouvant être tolérés par les personnes hospitalisées, cancéreuses, allergiques à quantités de molécules. Ce concept de maquillage correcteur a été développé en France par Joëlle Nonni, responsable des ateliers de maquillage médical à Avène. Quand elle est devenue visiteuse médicale, cette esthéticienne, désireuse de faire bénéficier les patients d’un maquillage médical butait sur l’absence de gamme compatible avec l’extrême sensibilité de l’épiderme de cette catégorie de personnes. De sa rencontre avec le laboratoire Pierre Fabre était née la gamme spécifique Couvrance, qui n’est plus seule aujourd’hui sur ce marché.

Voilà 7 ans que Véronique utilise les produits Couvrance pour camoufler les petites ou grandes imperfections de la peau chez les curistes d’Avène. Bien souvent, c’est elle qui fait la démarche d’aller au-devant des patients, hésitants voire récalcitrants. Et c’est encore plus difficile chez les hommes auprès desquels il faut user d’une sémantique un peu différente où l’on ne parle plus de maquillage mais de camouflage. « Mais une fois qu’ils sont entrés dans l’atelier, ils ne veulent plus en sortir. Etre mieux dans sa peau, voilà qui n’est pas une mince affaire ! »

« Si je peux contribuer à permettre à ces personnes qui souffrent d’eczéma, de psoriasis, de brûlures ou encore de prurigo, d’oser sortir de chez eux, de renouer avec des activités sociales, de participer à nouveau aux repas de famille et tout simplement de retrouver une apparence normale, c’est ce qui donne tout le sens de mon travail quotidien. »

Passionnée, enthousiaste, Véronique tire une grande satisfaction de ce lien particulier face à la détresse dans laquelle vivent certaines personnes. « Ce sont des gens qui rasent les murs, qui sont complètement désocialisés. Combien de fois on nous dit, chez moi il n’y a plus un miroir. »
« Je me rappelle le cas de ce jeune homme » raconte Véronique, « qui travaille comme éclairagiste à France 2. Souffrant d’un psoriasis sévère sur le visage et le dos, il est venu en cure 3 semaines et a appris à cette occasion à camoufler les marques sur son visage. Il l’a fait tous les jours pour ne plus être victime de moqueries, commentaires, gêne permanente jusqu’au moment où il s’est rendu compte qu’il n’avait plus son psoriasis sur le visage, que ce dernier avait complètement disparu. On voit que la synergie entre l’effet de la cure et le retentissement psychologique a pu enclencher une démarche de guérison. »

Avec plusieurs cordes à son arc (relaxologie, maquillage, éducation à la santé), Véronique apprécie cette variété dans son activité qui lui donne aussi le sentiment qu’elle n’en aura jamais complètement fait le tour.

Nathalie PETIT
Responsable de la rédaction Avenir & Santé n°395, juillet 2011, pp. 40/41 ;
http://www.fni.fr


Source : infirmiers.com