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Plan ORSAN contre l'épidémie de grippe 2015

Publié le 20/02/2015
malade alité grippe

malade alité grippe

Alors que l'épidémie grippale 2015, l'une des plus sévères de ces dernières années, sévit partout en France sans avoir encore atteint son pic, et sous la pression des urgentistes débordés par l'accueil des patients et la gravité de leur état, Marisol Touraine actionne le plan ORSAN, sorte de plan ORSEC hospitalier...

Les personnes de plus de 65 ans sont particulièrement vulnérables et le nombre d’hospitalisations augmente toujours.

Marisol Touraine a enfin entendu la supplique des urgentistes qui n'avait de cesse, depuis plusieurs semaines, de l'alerter sur la situation critique vécue dans les hôpitaux français face à l'épidémie massive de grippe. La sur-saturation des services d'urgence est comparable à celle de l'été 2003, durant lequel la canicule avait fait 15 000 morts, a en effet estimé le président du Samu-Urgences de France, François Braun. L'AMUF, de son côté, par la voix de Patrick Pelloux, soulignait par communiqué un afflux de patients âgés présentant des décompensations respiratoires aiguës et, malgré les déclenchements d’hôpital en tension, une situation qui ne cesse de se dégrader avec saturation des lits de réanimation et souvent absence totale de  lits d’hospitalisation. Les urgentistes réclamait donc à la ministre des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, l'activation du plan national ORSAN Epidémie (organisation de la réponse du système de santé en situations sanitaires exceptionnelles) qui fournit aux Agences régionales de santé (ARS) un outil central de planification de la réponse du système de santé en situation sanitaire exceptionnelle. Alors que plusieurs instructions leur avaient déjà été adressées en janvier et février ainsi qu'aux établissements de santé pour faire face à l’épidémie, le plan ORSAN est donc effectif depuis le jeudi 19 février au soir.

Le schéma ORSAN fournit aux agences régionales de santé (ARS) un outil central de planification de la réponse du système de santé en situation sanitaire exceptionnelle. Il a pour objet d’identifier les adaptations à prévoir sur l’organisation de l’offre de soins pour que le système de santé puisse monter en puissance lors d’événements inhabituels susceptibles de le mettre en tension, ou de perturber son fonctionnement.

 "Plus un patient fragile séjourne trop longtemps sur un brancard des urgences, plus les risques d’aggravation de sa maladie s’accentuent"

Pour Eric Revue, Chef de Pole Urgences Reanimation Pneumologie Neurologie, hôpital Pasteur Chartres, le déclenchement du plan ORSAN correspond en effet à une adaptation du dispositif du système de santé à une situation sanitaire « exceptionnelle » mais prévisible dans le cadre actuel de l’épidémie grippale actuelle qui touche les régions de France. La situation des services d’urgences est régulièrement tendue dans la gestion quotidienne des lits d’aval, principale cause d’engorgement des patients en attente de lits d’hospitalisation. L’épidémie de grippe aggrave très sensiblement la situation de recherche de lits en particulier pour les patients fragiles « polypathologiques » et aux âges extrêmes (personnes âgées et jeunes enfants). De plus, l'épidémie grippale qui touche également les établissements EPHAD rend la situation particulièrement compliquée pour les services d’urgences dans la recherche de lits d’hospitalisation. Une personne âgée de plus de 75 ans (limite d’âge retenue comme indicateur pour les urgences) a ainsi 2 chances sur 3 d’être hospitalisée à l’issue de son passage aux urgences. Le taux d’hospitalisation habituel (aux alentours de 25 à 30 % en France) peut croître ainsi en période hivernale ou d’épidémie, à condition de trouver des lits disponibles dans l’établissement ! Les SAU se retrouvent ainsi paralysées par une demande accrue de lits  pendant plusieurs jours entraînant de longues heures passées sur les brancards dans les couloirs des urgences et corrélé à un risque accru d’aggravation des symptômes ! En clair, plus un patient fragile séjourne trop longtemps sur un brancard des urgences, plus les risques d’aggravation de sa maladie s’accentuent.

Saluant par ailleurs l’important travail accompli depuis plusieurs semaines par les professionnels de santé, à la fois en ville pour prendre en charge de très nombreux malades et à l’hôpital pour soigner les cas les plus graves, et rappelant  l’importance de la vaccination anti grippale, notamment pour les personnes âgées, fragiles et les professionnels de santé. Marisol Touraine a donc demandé aux ARS, en lien avec les acteurs du secteur sanitaire et social, de renforcer les actions déjà mises en œuvre :

  • mobilisation du secteur ambulatoire (médecine libérale) pour favoriser au maximum la prise en charge ambulatoire des malades et ne recourir à l’hospitalisation que pour les situations d’urgences le nécessitant ;
  • mobilisation de l’ensemble des établissements de santé, y compris les établissements privés, pour accompagner la mise en œuvre des dispositifs de réponse aux situations sanitaires exceptionnelles : dispositif « hôpital en tension » et, le cas échéant, les plans blancs. Ces dispositifs doivent permettre de déprogrammer des activités non indispensables, d’ouvrir des lits supplémentaires, de rappeler des personnels et de renforcer ponctuellement les équipes de professionnels de santé dans les établissements en difficulté ;
  • mobilisation du secteur médico-social pour assurer la prise en charge sur place des malades dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD).

Plus de 2 millions de personnes ont été touchées par la grippe saisonnière depuis le début de l’épidémie et 72 Français sont morts de la grippe depuis le 1er novembre 2015.

"Trouver des lits reste le principal défi pour tous..."

Pour Mickaël Perchoc, infirmier aux urgences (Hôpital Bichat, Paris), Evidemment, les journées sont très chargées en ce moment, lundi dernier, on a frôlé les 290 patients ! On s'emploie chaque jour à gérer cet afflux de patients graves et altérés en gardant nos principes qualités (aucun patient dans les couloirs, temps de passage inférieur à 4h...). Trouver des lits reste le principal défi de la journée, ce qui occupe passablement cadres, chef de service, bed manager et direction de l'hôpital...Tous les patients en décompensation respiratoire, même sans fièvre ni toux, sont considérés en suspicion de grippe et donc donc isolement (masque) et Tamiflu. Cependant, y a tellement de patients grippés qu'on réfléchit plutôt à isoler les patients qui ne le sont pas ! A priori, le vaccin de la grippe n'est guère efficace en Ile-de-France et donc les décompensations de patients âgés et chroniques sont nombreuses pour des arrivées aux urgences dans des états déjà très altérés. Bien évidemment, tous les autres services d'urgence et services d'aval sont aussi en flux tendu...

En effet, les personnes âgées sont particulièrement vulnérables et les surrinfections respiratoires particulièrement délétères chez ces personnes en institution ou à domicile et nécessitant une hospitalisation en urgence.

Dernier bulletin épidémiologique de l'Institut national de veille sanitaire du 18 février 2015 : www.invs.sante.fr/

Epidémie proche du pic

  • Le nombre de consultations pour syndromes grippaux en médecine ambulatoire augmente mais plus faiblement que les semaines passées : le pic devrait être proche.
  • L’épidémie est dominée par le virus A (H3N2)

Personnes âgées plus sévèrement touchées

  • Le nombre d’hospitalisations augmente toujours, surtout chez les personnes de 65 ans et plus.
  • Les épisodes de cas groupés d’infections respiratoires aiguës en collectivités de sujets âgés sont aussi particulièrement nombreux.
  • L’excès de mortalité toutes causes poursuit son augmentation, essentiellement chez les personnes de 65 ans et plus. La part attribuable à la grippe dans ces décès n’est pas connue.

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com @FabregasBern


Source : infirmiers.com