Que pensent les Français de l’idée de transférer certaines tâches, aujourd’hui dévolues aux médecins, à d’autres professionnels de santé disposant des compétences nécessaires pour s’en charger ? Dans le sillage de la décision du Comité de liaison des instances ordinales (CLIO) relative au partage des tâches en premier recours, l’Ordre Infirmier a souhaité interroger les usagers sur le sujet. L’enquête*, qui s’est déroulée entre les 16 et 17 novembre, révèle ainsi une inquiétude face aux questions d’accès aux soins.
87% des Français font « tout à fait confiance » aux professionnels paramédicaux pour exercer de nouvelles missions.
Des Français inquiets pour leur santé
Sur les 1 003 personnes qui ont répondu, 89% se disent ainsi « inquiets à l’idée que l’offre de soins se dégrade à l’avenir ». Et 87% estiment que les difficultés d’accès aux professionnels peuvent mettre en danger leur santé et celle de leurs proches. 81 % et 79 % jugent de plus en plus difficile d’obtenir un rendez-vous avec un professionnel de santé en cabinet et à l’hôpital pour des consultations et examens respectivement, constate l’Ordre dans le communiqué présentant ces résultats. « Devant cette situation, ils se déclarent en grande majorité favorables aux principes du transfert de compétence et de la possibilité d’accès direct aux professions paramédicales en l’absence de médecins traitants. » Effectivement, 90% des répondants se déclarent favorables à la proposition défendue par le CLIO de permettre à des professionnels de santé autres que les généralistes à prendre en charge et orienter un patient en zone sous-dotée, dont 44% qui s’y disent « très favorables ». Et, de manière générale, ils sont 87% à faire « tout à fait confiance » (à hauteur de 12%) et « plutôt confiance » (59%) aux professionnels paramédicaux pour exercer de nouvelles missions, dans leur champ de compétences.
95% considèrent les infirmiers comme « des acteurs de santé de proximité indispensables dans les territoires ».
Plus spécifiquement, les infirmiers sont considérés à 95% comme « des acteurs de santé de proximité indispensables dans les territoires ». Et de fait, si les déserts médicaux représentent une problématique majeure, il n’existe pas de déserts infirmiers. Les répondants jugent également en grande majorité que le renforcement de l’attractivité du métier passe par plus de reconnaissance et d’autonomie (94%), et qu’il est nécessaire de fixer des ratios soignés/soignants dans les établissements (93%). « Ils sont largement favorables à ce [que les infirmiers] exercent de nouvelles missions, dès lors que le médecin traitant est informé », note ainsi l’Ordre. Parmi les actes à transférer à ces professionnels, se retrouvent ex-aequo en tête (à 88%) la possibilité de prescrire une radio en cas de fracture, un bilan sanguin, et celle de proposer des consultations pour arrêter de fumer, sans prescription médicale. Alcoolisme (86%) et obésité (85%) sont également concernés.
Quant au renouvellement des ordonnances pour des affections de longue durée (diabète, asthme…), ils sont 81% à se dire favorables à leur transfert vers les infirmiers. Enfin, 94% des personnes interrogées pensent que les infirmiers sont des professionnels compétents, même si environ 9 d’entre elles sur 10 déclarent que leurs compétences ne sont pas assez reconnues.
Un partage des tâches aussi réclamé par les infirmiers
Des constats que les infirmiers eux-mêmes partagent, alors que les travaux sur le décret de compétences, qui doit remplacer le décret d’actes, débuteront au moins de janvier. Dans une autre enquête menée dans un second temps (du 18 au 22 novembre), 84 % des 44 802 infirmiers ayant répondu se sont dit « favorables au développement du partage des actes de soins entre les médecins traitants et les autres professionnels de santé (infirmiers, pharmaciens, kinés…) ». Une évolution qui, pour la grande majorité, ne pourra se faire que grâce à une réécriture en profondeur du décret qui cadre leur activité. Et qui, dans un contexte de difficultés de plus en plus critique d’accès aux soins, devient particulièrement urgente. « L’Ordre National des Infirmiers appelle plus que jamais professionnels et élus à se saisir de l’urgence, par la modification de la loi et la réécriture du décret infirmier. Les patients l’attendent, les infirmiers y sont prêts », en conclut Patrick Chamboredon, le président de l’ONI.
*Enquête réalisée avec l’aide de l’entreprise de sondage OpinionWay.
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