C’est à la suite de l’étude de la DREES, qui souligne qu’un infirmier sur 2 quitte l’hôpital public après 10 ans de carrière, que l’Ordre national des infirmiers a réagi en insistant sur l’urgence de réformer le système de santé pour résoudre « la crise que traverse le système de santé ». Aggravée par la période Covid, celle-ci perdure depuis. Ainsi, en décembre 2021, l’ONI notait dans le sillage d’une consultation réalisée auprès des professionnels inscrits à son tableau que 72% d’entre eux « décrivaient un état d’esprit marqué par la lassitude », et que « 85% d’entre eux jugeaient leurs conditions de travail dégradées par rapport au début de la crise sanitaire ».
Un manque de reconnaissance et d'autonomie pointé du doigt
Paradoxalement, pourtant, il n’y aurait pas « de crise de vocation dans le secteur infirmer », selon Patrick Chamboredon, son président, cité dans le communiqué. Avec 630 000 professionnels en exercice, les infirmiers représentent la profession de santé dont les effectifs sont les plus nombreux, avec une présence dans les 1 663 bassins de vie du territoire français. Ce qui fait dire à l’Ordre qu’il n’existe pas de désert infirmier. « En revanche, il existe, en effet, de nouvelles aspirations de la part des professionnels que le système hospitalier ne comble pas. Le manque de reconnaissance, d’autonomie ou de perspective de carrières sont les principaux facteurs d’explications », poursuit toutefois Patrick Chamboredon.
Poursuivre la transformation de la profession
La situation est telle que même les dernières avancées, aussi bien en termes de rémunération (augmentations actées avec le Ségur de la santé), d’extension des compétences (vaccination) ou d’évolution de carrière (création de l’infirmier en pratique avancée) ne suffisent pas à renforcer l’attractivité du métier et, surtout, à fidéliser les professionnels. « Il est impératif de poursuivre les réformes et de mettre en œuvre de nouvelles mesures afin de faire évoluer le rôle des infirmiers », martèle ainsi l’Ordre dans son communiqué. Et cette évolution est d’autant plus urgente que le système de santé se retrouve confronté à un vieillissement croissant de la population, avec son cortège de maladies chroniques, dont il faut anticiper les impacts. En 2040, il faudra « 1 million d’infirmiers pour prendre en charge la santé des Français », selon l’institution.
Poursuivre les travaux sur le décret de compétences, engagés par Olivier Véran et François Braun, les précédents ministres de la Santé, conduire une réflexion sur de nouveaux modes d’organisation (avec l’instauration de ratio infirmiers/patients, par exemple), ou encore repenser les parcours de carrière des infirmiers sur le long terme sont autant de pistes qu’il faut mobiliser. « Il faut libérer les énergies et donner encore plus d’autonomie aux infirmiers », conclut Patrick Chamboredon.
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