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AU COEUR DU METIER

Ordre infirmier – Des conseillers nationaux contestent la présidente

Publié le 03/03/2011

La réponse musclée de Dominique Le Boeuf à Nora Berra a incité 4 conseillers nationaux à inviter la présidente à une gouvernance plus collégiale.

Il y a deux façons d’expliquer les difficultés que rencontre l’Ordre infirmier à faire s’inscrire et cotiser les infirmières et infirmiers. La première, qui est celle des opposants à l’Ordre, est de nier son utilité. La seconde, qui est celle des contestataires de sa direction, est d’incriminer sa gouvernance, autrement dit la manière qu’a sa présidente de mener la barque.

La secrétaire d’État à la santé, Nora Berra, a semblé pencher pour la première hypothèse quand elle a déclaré avoir « confiance dans nos infirmiers et infirmières y compris ceux qui ne sont pas inscrits ». Constatant que seuls 10 % d’entre eux s’étaient inscrits, elle avait invité la direction de l’Ordre à « faire des propositions de sortie de crise. » Il semble presque certain – mais les chiffres ne sont pas officiellement communiqués – que les inscrits sont loin de tous cotiser.

La réponse de la présidente du Conseil national de l’Ordre infirmier a été ferme. Pour elle, 16 % des infirmiers sont inscrits, « les cotisations sont encaissées » et « les inscriptions augmentent chaque mois. » Elle ajoute : « L’ONI ne connaît aucune crise en son sein. Il subit en revanche un grave préjudice causé par les intérêts particuliers qui veulent l’abattre. »

Madame Nora Berra parlait de crise financière, pas de crise « en son sein ». Pourtant, celle-ci existe bel et bien, venant donner de sérieux arguments à ceux qui penchent pour un problème de « gouvernance » en grande partie à l’origine de la désaffection ou du désintérêt de la profession pour l’Ordre. Jusque là, les rumeurs sur la grogne de départements ou de régions allaient bon train. Mais une lettre que 4 conseillers nationaux viennent d’adresser à la présidente ne laisse plus de place au doute. Nous la reproduisons ci-dessous, ainsi que la réponse de Dominique Le Bœuf. Les deux textes ont été adressés à l’ensemble des conseils départementaux et régionaux. Certains de leurs membres auraient cependant eu du mal à en prendre connaissance, la transmission vers le bas de certaines informations ayant quelques difficultés à se faire … Plusieurs conseils ont donné leur appui aux contestataires nationaux, dont le conseil régional de Gironde.

Nous publions également la question adressée au gouvernement par la députée UMP Marie-Jo Zimmermann en mai 2010 et la réponse de celui-ci, parue au journal officiel du 1er mars 2011, complément très instructif aux propos de Madame Nora Berra.

Pour terminer, une remarque : à l’heure de l’internet et de la participation directe des citoyens et des professionnels aux affaires qui les concernent directement, les institutions, y compris les instances ordinales, ont le devoir mais aussi l’intérêt de pratiquer la plus grande transparence sur leurs affaires internes.

Lettre ouverte à la Présidente du Conseil National de l'Ordre des Infirmiers - PDF

Paris le 20 février 2011
Lettre ouverte à la Présidente du Conseil National de l’Ordre des Infirmiers

Madame la Présidente,

La teneur du dernier communiqué de presse ne peut se prévaloir de l'avis du CNOI, ni celui du bureau, ceux-ci n'ayant à aucun moment été concerté dans cette communication.

La victimisation incessante n'est pas l'alliée du conseil national de l'ordre des infirmiers, et produire de tels écrits accusateurs n'est pas dans l’esprit de notre engagement.

A l’heure d’internet, aucune urgence n’implique que vous soyez contrainte de répondre vite et toujours seule. Il aurait été préférable d’envoyer par mail un « premier jet » aux 52 membres du CNOI, pour enrichir cette réaction de la contribution de chacun. Dans le même délai de 36 heures, nous pouvions aboutir à une réaction plus partagée, sur un ton plus ordinal.

Comment dès lors imaginer une relation constructive et faire reconnaitre par l'Etat les compétences des infirmiers en utilisant l’agressivité et la provocation?

Cette manière est également disqualifiante auprès des 85% de nos confrères restant à convaincre, car à défaut d’avoir raison sur tout, la Secrétaire d'Etat dit une vérité : le taux de recouvrement des cotisations et la trésorerie du CNOI nous inquiètent également.

Cette situation est ubuesque lorsque le gouvernement « se pose en soutien des infirmiers, et en défenseur de ces derniers » face à un conseil de l'ordre qu'il semble considérer comme peu à l’écoute des professionnels qu'il représente.

Espérer que c'est par la force et l'intimidation que le conseil trouvera sa place, ce n'est pas audacieux, mais suicidaire. Dans de précédentes réactions publiques, vous avez déjà évoqué le refus d'une mort lente du conseil, préférant alors une mort rapide.

Madame la Présidente, pourtant notre règlement intérieur, voté le 15 juin 2010 explique en sa page 8 une de nos valeurs essentielles. « Emanant de l’ensemble des infirmières et des infirmiers, l’Ordre est à leur écoute (..). »

N’oublions pas également que le Gouvernement a changé. Xavier Bertrand a signé la loi créant l’ONI, il soutiendra l’Ordre qu’il a souhaité pour les infirmiers.

En juin dernier, le Député Richard Maillé, qui a participé aux Etats Généraux Infirmiers de janvier 2006, travaillé à nos cotés, puis porté la loi créant notre Ordre, est venu nous 2 conseiller amicalement afin d’aider notre Ordre : en réponse, nous avons refusé la main tendue par Pierre Méhaignerie et Richard Maillé. Ne reproduisons pas la même erreur.

Alors que ces dernières semaines le travail local a pu aboutir à une évolution des ARS et des directions d’établissement, ne claquons pas une porte qui s’entrouvre !

Le ministère nous demande un geste sur la cotisation. Mais c’est aussi très largement la demande des infirmières salariées. Pour véritablement les représenter, le CNOI doit entendre cette demande de ses pairs.

Entre une cotisation symbolique, et 75 euros, à nous de trouver un juste milieu, qui permette à l’ONI de fonctionner tout en étant d’un montant acceptable pour le plus grand nombre. Il y aura toujours une minorité d’irréductibles, comme chez les médecins ou avocats, qui refuseront de cotiser, quelque soit le prix. Et une autre minorité qui cotisera toujours car elle est comme nous persuadée le l’importance de l’ONI.
Mais la majorité de nos consoeurs et confrères infirmier(e)s cherchent encore leur place à l’Ordre. L’action de l’ONI doit donc être plus visible et soutenue, et sa cotisation baissée. Si la cotisation est plus basse, nous aurons plus d’inscrits.

Nous enregistrons une progression régulière, qui fait que dans six mois nous devrions atteindre le cap des 100.000 inscrits… Mais combien de cotisants ? Pour convaincre, nous avons besoin de temps, pas de faire un bras de fer avec les ministres successifs.

Pour conclure, et vous rejoindre sur un point, ce n’est pas l’ONI qui est en crise, s’il y a une crise c’est bien celle de sa gouvernance.

Confraternellement,

Didier BORNICHE
Vice Président du Conseil National de l'Ordre des Infirmiers
Président du Conseil Régional de l’ordre des Infirmiers de Haute-Normandie

Karim MAMERI Secrétaire Général Adjoint du Conseil National de l'Ordre des Infirmiers
Président du Conseil Départemental de Seine-Maritime

Thierry AMOUROUX
Président du Conseil Départemental de Paris

Christophe BOUCHET
Président du Conseil Régional Midi-Pyrénées

 

Lettre de Madame LeBoeuf aux membres du CNOI et aux présidents des CDOI et CROI - PDF

Aux membres du CNOI et aux Présidents des CDOI et CROI

Paris, le 21 février 2011

Chers Collègues Elus de l'Ordre,

Quatre membres du Conseil national de l'ONI viennent de vous communiquer une "lettre ouverte" qu'ils m'adressent, datée du 20 février 2011. Ils y mettent en cause la communication de l'Ordre, sa gouvernance et les montants de cotisation que nous avons ensemble décidés en 2009 et 2010 pour les deux premiers exercices annuels de notre institution.

Ils ont choisi de diffuser ce document au lendemain d'une déclaration de Mme Nora BERRA, largement publiée, sur ce dernier sujet, et du communiqué de presse qui a dû lui répondre au nom du CNOI.

Je souhaite vous faire partager ici quelques remarques sur les allégations de cette lettre et sur la "démarche interne" qu'elle vous presse de seconder. Je vous dois en effet ces commentaires, au nom du bon sens et de la loyauté ordinale de l'immense majorité d'entre vous.

Sur le communiqué de presse du 17 février

Chacun peut relire ce communiqué : tout y est vrai. De plus, les termes en sont modérés, au regard du préjudice dévastateur que nous causent des déclarations officielles successives, jamais précédées d'aucune acceptation de rencontre avec nos représentants. Des déclarations qui font fi des contraintes économiques élémentaires s'imposant à tout Ordre professionnel - dans une vie non pas "symbolique" mais réelle.

Dans leur lettre ouverte, les quatre élus en question, bien que parfaitement informés surtout cela, nous traitent d'"accusateurs". Nous serions coupables de "victimisation incessante", d'"agressivité", de "provocation", de "manière disqualifiante" et d"intimidation" : vous jugerez de leur bonne foi, comme de la tonalité de leur propre expression.

Sur la gouvernance de l'Ordre

Le communiqué du 17 février illustrerait, en outre, une "crise" de la gouvernance de l'ONI.

Les quatre auteurs de la lettre me reprochent en effet d'avoir préparé ce texte en urgence : à leurs yeux, et "à l'heure d'internet "je n'étais "pas contrainte de répondre vite", sans avoir entrepris de recueillir "la contribution de chacun"des "52 membres du CNOI" (!).

A l'évidence, au contraire, avec l'information instantanée répercutée partout sur la Toile, et dans le contexte sensible que nous connaissons, nous avons l'obligation de réagir sans retard à des événements aussi sérieux. Qui ne le comprend pas ? Comment peut-on avancer l'exigence réellement "ubuesque" (pour reprendre cet autre terme visant à nous déconsidérer) d'"enrichir" un communiqué en lui donnant 52 auteurs - dont 4 au moins auraient tenus à l'amputer des vérités que nous sommes, hélas, contraints de rappeler toujours ?

Puisque ces quatre élus invoquent notre règlement intérieur, je les renvoie au point 3.3.2, page 17, sur les compétences du président d'un conseil ordinal : « Il veille à l'application des délibérations adoptées. Par délégation du bureau ou en cas d'urgence, il prend lui-même les décisions nécessaires au bon fonctionnement du conseil et à l'exécution de ses missions. »

Dans une circonstance grave et urgente comme celle-ci, la présidente du CNOI est donc parfaitement fondée à répondre au nom du Conseil et de son Bureau à une mise en cause publique de nos décisions.

En revanche - vous en êtes constamment les témoins et les acteurs - toutes ces décisions sont collectives. Pour les prendre, nous sommes bien, comme le dit notre règlement intérieur, "à l'écoute" des infirmières et des infirmiers : les positions que nous avons élaborées depuis un an sur plusieurs grands dossiers métier prouvent cette écoute.

Mais cela ne peut s'étendre de la même manière à la gestion matérielle de l'Ordre : nous avons la charge (qui demande lucidité, vision d'avenir et courage), de déterminer avec rigueur les moyens minima d'accomplissement de nos missions. Toute injonction ou insinuation contraire n'est qu'appel à la démagogie.

Nous allons devoir, dans quelques semaines, adopter le troisième budget de l'Ordre, avec tous les éléments d'information désormais disponibles sur la réalité des choix possibles. Je vous promets que cette décision sera, une nouvelle fois, concertée au- delà de ce que prévoient la loi et le règlement intérieur de l'Ordre. Je vous annonce ainsi que la décision dont est chargé le CNOI sera précédée à nouveau d'une réunion d'échanges avec l'ensemble des présidents de CDOI et de CROI, le 28 mars prochain en lieu et place du 31 mars. Lors de la réunion du Bureau du 8 ou 11 mars, le Trésorier national et moi-même ferons les propositions que nous estimerons en conscience les plus appropriées, en fonction de toutes les données alors en notre possession.

Sur la "démarche interne"entreprise par les auteurs de la lettre ouverte

Comme le garantit le point 2.1.2 du règlement intérieur, « Au sein de son conseil, l'élu ordinal dispose d'une entière liberté d'expression et de vote. Il ne peut être lié par aucune consigne, d'où qu'elle vienne. »

En contrepartie, selon le point 2.1.3, « En toute circonstance, le conseiller ordinal veille à donner une bonne image de l'institution. H s'interdit, à son égard, tout propos de nature à nuire à son crédit. Il s'abstient de dénigrer ou contredire publiquement une position ou décision qu'elle a arrêtée. »

La lettre que m'adressent ses quatre auteurs mérite assurément, par sa large diffusion, le qualificatif d'"ouverte" qu'ils lui donnent eux-mêmes... Dans les termes outrés mentionnés ci- dessus, elle critique avec virulence la politique de l'Ordre sur un sujet majeur et sa gouvernance, prétendument fautive. Ainsi, ces élus contreviennent formellement à leur devoir ordinal de réserve.

Nous ne devons pas nous aventurer sur cette voie, fatale au bon fonctionnement que nous avons solennellement adopté pour notre démocratie institutionnelle. Nous ne devons pas nous laisser manipuler par cette méthode de déstabilisation : n'importe quelles improvisations, non sérieusement informées, envoyées tous azimuts, où nos rôles et nos responsabilités respectifs sombreraient dans une confusion désastreuse.

Le Conseil national prendra le 29 mars prochain les décisions budgétaires qui lui incombent Il le fera avec l'extrême sérieux exigé par le sujet, et après la concertation que je viens de vous annoncer. Si vous souhaitez, auparavant, me communiquer personnellement des observations ou suggestions, je les examinerai avec attention et j'en ferai part au bureau du Conseil national.

Dans l'attente, je me consacre au travail de chaque jour pour la profession et l'Ordre, puisque c'est avant tout pour cela que nous sommes élus, et que vous m'avez depuis deux ans honorée de votre confiance.

Je vous prie de recevoir, chers Collègues, l'assurance de mes sentiments toujours chaleureusement confraternels et dévoués.

Dominique LE BOEUF

 


Source : infirmiers.com