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« Moi aussi, je suis en prison »

Publié le 14/04/2015
barreaux de prison

barreaux de prison

Cela fait près de quatre ans que Véronique n'a pas repris son poste d'infirmière à l'hôpital de Bicêtre. Depuis le 26 octobre 2011 : ce jour-là, un détenu bien décidé à s'évader lui avait donné un coup de béquille avec une force extrême pour couvrir sa fuite.

« Ma vie s'est arrêtée ce jour-là. Moi aussi, je suis en prison », témoigne l'infirmière avant de quitter la salle d'audience.

Le 3 avril, dans l'après-midi, le tribunal correctionnel de Créteil a condamné son agresseur - un colosse au casier judiciaire porteur de 18 mentions et incarcéré à Fresnes - à deux ans de prison ferme pour violences et évasion. Mais sa victime n'a pas assisté à l'énoncé du jugement. Ne parvenant pas à réprimer ses sanglots, elle est sortie pendant la plaidoirie de l'avocat de la défense.

Ma vie s'est arrêtée ce jour-là. Moi aussi, je suis en prison, témoigne-t-elle avant de quitter la salle. Infirmière depuis 26 ans, Véronique1 n'avait jamais eu de soucis : A l'hôpital, on n'est pas préparé pour la violence. On fait des soins. Et qu'il ait été démenotté, ça n'est pas normal. Un peu plus tôt, la juge assesseur avait lu le rapport d'enquête. Les trois surveillants pénitentiaires chargés de surveiller le récidiviste avaient reconnu : comme ça se passait bien, ils n'avaient pas jugé utile de le remenotter après l'examen médical. Sauf qu'en sortant des toilettes le détenu avait brandi sa béquille et lancé : poussez-vous ou je vous frappe. Par réflexe, les surveillants se sont écartés, a poursuivi la magistrate. Et Véronique, qui se trouvait par hasard dans ce couloir, a pris le coup. Résultat : contusion du coude droit, hématome sur le flanc, douleur lombaire. Son incapacité de travail est d'abord fixée à six jours, auxquels s'ajoutent trois jours pour stress post-traumatique aigu. Puis près de quatre ans, car Véronique ne se sent en sécurité qu'à son domicile, avance son avocat.

Dans le box, le prévenu écoute, médusé, ce récit : Quand j'ai appris qu'elle était arrêtée, ça m'a mis un choc, dit-il ensuite. Je suis extrêmement désolé. Mon but n'était pas de détruire sa vie, je ne la connaissais pas du tout. Le prévenu devait sortir de prison en 2017, mais cette nouvelle peine vient s'ajouter à celle en cours. A 36 ans, il a déjà passé seize ans en détention.

Note

  1. Le prénom a été changé.

Elsa Marnette    JournalisteLe Parisien

Cet article a été publié le 4 avril 2015. Nos remerciements au Parisien.fr


Source : infirmiers.com