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IBODE

Métiers du bloc : un marché contraint sous tension

Publié le 25/03/2015
ibode masque

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Restrictions budgétaires obligent, les établissements de santé ont réduit en 2014 leurs demandes en personnels intérimaires sur les métiers du bloc notamment. Reste qu’aujourd’hui ces profils, en particulier celui d’infirmier de bloc opératoire diplômé d’État (Ibode), sont toujours très recherchés, la priorité des établissements étant avant tout d’avoir des blocs opérationnels. Via le secteur du travail temporaire, diverses options d’emploi (intérim, CDD, CDI, vacations) sont possibles partout en France pour celles sans lesquelles les blocs opératoires ne pourraient pas fonctionner en toute sécurité.

À la fois contraint et sous tension, avec des disparités régionales ou intra régionales plus ou moins marquées, telle est aujourd'hui la situation du marché de l’emploi intérim pour les métiers du bloc.

Le marché de l’emploi des métiers du bloc est actuellement sous tension, les établissements de soins ayant de forts besoins en recrutements/remplacements sur ces professions, mais peu de candidats disponibles. Les postes dans les blocs opératoires sont pas mal pourvus. On arrive mieux à recruter. Mais il manque des Ibode dans les blocs (seulement 35 % aujourd’hui, le restant étant des infirmières avec expérience bloc) pour les faire fonctionner correctement » constate Brigitte Ludwig, la présidente de l’Union nationale des associations d’infirmières de bloc opératoire diplômées d’État (Unaibode). Une tension qui risque fort d’ailleurs de s’accentuer avec les nouveaux actes et activités relevant désormais de leur compétence exclusive (voir encadré). Car si celles-ci n’avaient pas jusqu’alors d’exclusivité d’exercice dans les blocs – à la différence des infirmiers anesthésistes diplômés d’État (Iade) – cela n’est donc désormais plus le cas s’agissant de ces nouveaux actes et activités qu’elles seules seront donc habilitées à réaliser sur prescription du chirurgien une fois la formation complémentaire obligatoire (49 heures) validée. Cette nouvelle réglementation vient légaliser une réalité de terrain et vise à sécuriser toujours davantage la prise en soins du patient au bloc opératoire indiquent l’Unaibode et l’Association des enseignants des écoles d’infirmiers de bloc opératoire (AEEIBO ) dans un communiqué commun du 29 janvier dernier. Et de poursuivre : À l’horizon 2020, ce sont 9 245 Ibode à former et quelque 1 750 nouveaux Ibode qui viendront sécuriser les blocs opératoires.

Le salaire d'une Ibode oscille en intérim autour de 21 € (net)/heure. En CDD/CDI, la fourchette est large, de 2 200 à 4 700 € brut selon le diplôme d’Ibode ou non en poche et l’expérience professionnelle.

Un marché du travail contraint…

En attendant, les institutions de soins font de plus en plus appel au secteur de l’intérim pour pallier aux absences et départs de personnels infirmiers de bloc, même si un fléchissement de la demande a été constaté l’an passé, dû surtout aux restrictions budgétaires avec lesquelles les établissements de santé doivent dorénavant composer. Ainsi dans le secteur public, ces derniers ont imposé aux personnels des blocs opératoires de former des infirmières (IDE) qui ne connaissaient pas le bloc : Nos intérimaires (50 % IDE avec expérience bloc et 50 % Ibode) ont ainsi formé ces jeunes IDE ou des IDE européennes – venant d’Espagne et du Portugal entre autres – qui… leur ont ensuite pris "leur" place explique Roselyne Thiriot, consultante d’agence spécialisée bloc opératoire et dialyse à l’Appel Médical, acteur majeur du recrutement et du travail temporaire médical et paramédical. Pour éviter de faire appel à des personnels intérimaires, les établissements ont eu comme autre stratégie de placer la cadre de bloc en salle poursuit cette experte nationale du bloc opératoire.

Quant aux cliniques, elles ont tendance depuis à privilégier les vacataires, qui travaillent à la carte et qu’elles rétribuent en direct.  La vacation est rentrée dans les mœurs – surtout développée en Ile-de-France néanmoins – et permet à nos intérimaires, désormais multi-employeurs, de continuer à travailler. On voit aussi de plus en plus d’établissements qui proposent des contrats à durée déterminée (CDD) de 1 à 6 mois, offrant un salaire certes moins élevé mais en contrepartie une certaine sécurité d’emploi pour un temps donné, et des CDI renchérit-elle.

Question salaire justement, celui d’une Ibode oscille actuellement en intérim autour de 21 € (net)/heure. En CDD/CDI, la fourchette est large, de 2 200 à 4 700 € brut selon le diplôme d’Ibode ou non en poche et l’expérience professionnelle. La moyenne du marché se situe toutefois aux alentours de 2 800-3 000 € brut mensuel.

Globalement, le secteur public reste celui qui fait le plus appel à l'intérim (environ 50 %), suivi des secteurs privé et associatif à but non lucratif (respectivement 25 % chacun), sachant par ailleurs que 80 % des postes à pourvoir sont sur la fonction de circulante.

Les Ibode, pour peu qu’elles soient mobiles, ont la possibilité grâce à l’intérim, de bénéficier d’un large éventail de postes, avec plan de carrière et accompagnement à la carte.

…mais aussi sous tension

Certes, le secteur du travail temporaire est contraint par les budgets de ses clients toujours plus serrés. Mais il n'en reste pas moins sous tension. Nous avons actuellement près de 200 postes d’Ibode et 83 postes d’IDE expérience bloc  à pourvoir sur l’ensemble du territoire national, précise Stéphane Volleau, responsable marketing de l’Appel Médical. La demande est ainsi très forte sur le Sud-Ouest, Toulouse principalement : Il y a beaucoup de postes à pourvoir sur la Ville rose. Les plannings au mois sont complets. On observe même une pénurie totale depuis un an. […] Une situation qui s’explique en partie par l’ouverture de nouvelles salles au CHU, l’implantation de cliniques de grande taille et la perspective de nouveaux établissements constate Roselyne Thiriot. Seul bémol : le manque de logements !. Il en est de même actuellement en Rhône-Alpes (Albertville, Moûtiers, Chambéry) sports d’hiver obligent. S’il n’y a pas dans l’ensemble de demande bloc en Auvergne, le département de l’Allier s’en distingue néanmoins par une pénurie d’infirmières de bloc qui s’observe surtout depuis ce début d’année. Les établissements du département (privé et public confondus) font appel à l’intérim pour des missions ou des vacations et anticipent leurs besoins. À Strasbourg aussi il y a un certain nombre de postes à pourvoir au bloc, surtout des vacations ou des CDD d’un mois.

Dans la grande région Centre-Ouest (Centre, Poitou-Charentes, Bretagne), les demandes d’intérim se font énormément dans l’urgence. Depuis décembre dernier, le secteur public a accru ses demandes de missions comme si des budgets supplémentaires avaient été octroyés en lien avec des agrandissements de salles poursuit-elle. À la différence du secteur privé où on observe un certain nombre de regroupements donc moins d’activité.

En mettant le cap au sud en région PACA, le marché diverge : si à Nice les demandes – émanant plutôt du secteur privé – sont assez soutenues (missions d’intérim seulement) et anticipées, le soleil est beaucoup moins au beau fixe dans la cité phocéenne où on constate une grosse baisse d’activité précise la spécialiste. L’intérim y reste ainsi très ponctuel, les établissements marseillais ne proposant pas non plus de vacations. Cette situation de grand calme est également le sort réservé à d’autres villes françaises comme Lille, Rouen ou Nancy.

Avec l'intérim, des possibilités multiples

À la fois contraint et sous tension, avec des disparités régionales ou intra régionales plus ou moins marquées, telle est aujourd'hui la situation du marché de l’emploi intérim pour les métiers du bloc. Il n’en demeure pas moins que toutes les Ibode, pour peu qu’elles soient mobiles, ont la possibilité grâce à l’intérim, de bénéficier d’un large éventail de postes, avec plan de carrière et accompagnement à la carte. Une option qui n’est pas sans manquer d’attrait compte tenu, entre autres, ces derniers temps, de la dégradation des conditions de travail dans les blocs.

De nouveaux actes et activités autorisés pour les Ibode

Le décret n° 2015-74 du 27 janvier 2015 relatif aux actes infirmiers relevant de la compétence exclusive des infirmiers de bloc opératoire, paru le 29 janvier dernier au Journal Officiel, définit les actes et activités que les infirmières et infirmiers de bloc opératoire sont seuls habilités à réaliser à condition d'avoir suivi une formation.

Ces nouveaux actes concernent :

  • l'installation chirurgicale du patient ;
  • la mise en place et la fixation des drains sus-aponévrotiques ;
  • la fermeture sous-cutanée et cutanée.

Le décret précise également les conditions dans lesquelles ces actes peuvent être réalisés, à savoir dans les conditions fixées par un protocole préétabli, écrit, daté et signé par le ou les chirurgiens » et sous réserve que ce ou ces derniers puissent intervenir « à tout moment.

Au cours d’une intervention chirurgicale, il habilite également l’Ibode, en présence du chirurgien, à apporter une aide à la mise en place et au maintien des instruments d'exposition directe et indirecte, à l’hémostase et à l’aspiration, et en présence et sur demande expresse du chirurgien à assurer une fonction d’assistance pour des actes d’une particulière technicité. Ces actes concernent précisément l’aide aux sutures des organes et des vaisseaux sous la direction de l'opérateur, l’aide à la réduction d'une fracture et au maintien de la réduction au bloc opératoire, l’aide à la pose d'un dispositif médical implantable (DMI) et l’injection d'un produit à visée thérapeutique ou diagnostique dans un viscère, une cavité, une artère.

Les infirmiers en formation préparant au diplôme d’État de bloc opératoire pourront également participer aux actes et activités réservées aux Ibode en présence d’un Ibode titulaire.

Pour ce faire, les Ibode en exercice ainsi que les étudiants en cours de formation pour cette spécialité devront suivre avant le 31 décembre 2020 une formation complémentaire dont la durée a été fixée à 49 heures par l’arrêté du 27 janvier 2015 relatif aux actes et activités et à la formation complémentaire prévus par le décret n° 2015-74 du 27 janvier 2015 relatif aux actes infirmiers relevant de la compétence exclusive des infirmiers de bloc opératoire.

Valérie HEDEF  Journaliste santé valerie.hedef@orange.fr


Source : infirmiers.com