À l’occasion de la Journée mondiale contre le cancer, ce 4 février, plusieurs associations montent au créneau pour interpeller les candidats aux élections présidentielles et législatives.
Dans la perspective des élections présidentielles et législatives, France Assos Santé, la Ligue contre le Cancer, ou encore l’Alliance Contre le Tabac (ARC) et les acteurs qu’elle fédère, ont un point commun : elles souhaitent inscrire la lutte contre le cancer dans le débat public. Ces associations emblématiques soumettent à cet effet un certain nombre de propositions pour intensifier et améliorer les politiques de santé publique de dépistage et de prise en charge de ces maladies.
Mieux prévenir, dépister, traiter
La lutte contre le cancer, ralentie en France par l’épidémie, doit faire l’objet d’un engagement fort : prévention, dépistage et parcours de soins doivent être sanctuarisés et améliorés.
C’est ce que réclame la Ligue contre le Cancer. Le sujet est d’autant plus urgent, relève-t-elle, qu’un homme sur 2 et une femme sur 3 déclareront un cancer avant leurs 85 ans, alors que 40% des cancers sont évitables. La lutte contre la maladie doit être menée de manière globale, avec détermination et énergie
, martèle-t-elle. S’il s’agit d’un enjeu prioritaire de santé publique, l’épidémie de Covid-19 a en effet creusé les inégalités en matière de dépistage et de prise en charge des cancers, avec pour conséquences des cancers découverts tardivement et donc plus difficiles à soigner
.
Dénonçant des mesures insuffisantes (manque de moyens investis dans la recherche, inégalités territoriales d’accès aux soins…), elle soumet des propositions urgentes à mettre en œuvre
sur sa plateforme dédiée Notre Cause. Parmi celles-ci, elle exige notamment d’assurer le dépistage pour tous en renforçant les campagnes à cet effet. L’association défend également une généralisation de l’accès aux soins de support (en donnant une information complète
aux malades mais aussi à leurs proches et en proposant le panier des soins de support non médicamenteux mis en place par l’Institut National du Cancer
) et un meilleur soutien apporté aux aidants (élargissement des conditions d’accès au congé de proche aidant). Financement renforcé de la recherche, accès équitable à des soins palliatifs de qualité, ou encore obligation de stocks de médicaments pour éviter les pénuries font également partie des priorités.
Les cancers évitables en chiffres • Parmi les 40% des cancers évitables, le tabac représente le premier facteur de risque (19,8%), suivi de l’alcool (8%), d’une alimentation déséquilibrée (5,4%) et du surpoids (5,4% également). • En 2015, 68 000 nouveaux cas de cancer étaient attribués au tabac, 28 000 l’étaient à l’alcool. • En 2018, cancer du poumon a provoqué en 33 100 décès, 80% des cas étant imputables au tabac. • Le cancer colorectal a, lui, provoqué 17 100 décès la même année, 21% des cas étant imputables à la consommation d’alcool. Source : Institut National du Cancer |
Pour une "génération sans tabac"
Par ailleurs, la Ligue contre le Cancer est l’une des 19 associations signataires réunies au sein de l’Alliance Contre le Tabac (ACT) d’un appel similaire pour assurer aux enfants et aux jeunes de ce pays un avenir sain et durable, loin des cancers et des décès liés au tabac
. Chaque année, 45 000 Français et Françaises perdent la vie des suites d’un cancer lié au tabac
, rappelle-t-elle dans un communiqué. Le 4 février 2021, lors de la précédente journée mondiale contre le cancer, Emmanuel Macron avait officiellement lancé la « stratégie décennale de lutte contre les cancers 2021-2030 »
. Parmi les objectifs définis : faire baisser le nombre de cancers évitables en agissant notamment pour que la génération qui aura 20 ans en 2030 soit la première génération sans tabac de l’histoire récente
. Rappelant dans un communiqué que la consommation de tabac débute jeune, vers 14 ans en moyenne, ACT propose trois mesures pour parvenir à cet objectif. Elle appelle ainsi les candidats aux présidentielles à s’engager sur la fin progressive de la vente de tabac à partir de 2030
, sur l’instauration d’espaces sans tabac aux abords de tous les établissements scolaires
, et sur le renforcement de la transparence dans les échanges entre industrie du tabac et décideurs politiques
. Pour rappel, le tabac est la première cause de cancer, notamment des poumons.
La lutte contre l’alcool, une préoccupation européenne envers et contre les lobbies
De son côté, France Assos Santé table sur la présidence française de l’Union européenne pour militer plus spécifiquement pour le renforcement de la lutte contre la consommation d’alcool, autre facteur de cancers évitables. Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, l’union nationale des associations représentant les usagers de la santé appelle à la mobilisation en faveur d’un plan de santé publique européen ambitieux
. Le Parlement européen porte un plan ambitieux de lutte contre le cancer dont les objectifs sont parfaitement en ligne avec ceux de la stratégie décennale française contre le cancer
, relève-t-elle. Il comprend notamment un volet prévention, rappelle-t-elle, qui inclut l’information des consommateurs quant aux effets cancérigènes de l’alcool et la définition d’ambitions politique de santé publique et de réduction des risques (lutte contre l’abus de consommation, prévention des mineurs et femmes enceintes, limitation de la publicité…). Autant de mesures auxquelles s’opposent les lobbies du secteur. France Assos Santé réclame donc un engagement fort de la France en faveur de ce plan, qui doit encore faire l’objet d’un vote le 15 février prochain au Parlement européen. Et de préciser à toutes fins utiles : En 2016, le cancer a étéÌ la principale cause des décès imputables à l’alcool, avec une part de 29 %, devant la cirrhose hépatique (20 %), les maladies cardiovasculaires (19 %) et les traumatismes (18 %).
Audrey ParvaisJournaliste audrey.parvais@gpsante.fr
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