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L'imagerie médicale au service de l'autopsie

Publié le 13/12/2011
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L’imagerie coopère aujourd’hui avec la médecine légale dans la réalisation des autopsies. Rencontre avec le Dr Guillaume Gorincour, responsable du premier programme de recherche français en la matière.

La médecine légale possède depuis peu un allié de choix dans l’exécution de ses missions. L’imagerie médicale vient en effet s’associer aux procédures d’autopsie, pour les compléter, et y apporter des informations susceptibles de faire avancer plus rapidement les investigations sur les décès inexpliqués ou les enquêtes de police.

Il existe aujourd’hui en effet une vraie coopération entre ces deux mondes qui n’étaient pas forcément destinés à se rencontrer. Les techniques d’imagerie sur les cadavres a été mise au point par le Pr. Michael Thali, au sein de l’Université de Berne, en Suisse. Celui-ci a d’ailleurs déposé sa technique sous le nom de « The Virtopsy Project ». Mais c’est à Marseille qu’un programme de recherche ambitieux sur le sujet a été initié. Ce programme a été placé sous la direction du Dr Guillaume Gorincour, radio-pédiatre dans le service d’imagerie pédiatrique et prénatale de l’Hôpital de la Timone, et membre éminent de la Société Francophone d’Imagerie Pédiatrique. Le Groupe de Recherche en Autopsie Virtuelle et Imagerie Traumatique (GRAVIT) qu’il préside comprend notamment le service de médecine légale du Pr. G. Leonetti et fait appel à plusieurs équipes de radiologues de la Timone et de la Conception.

« L’autopsie virtuelle ne remplacera jamais l’autopsie classique, prévient tout d’abord le Dr Gorincour que nous avons rencontré. Elle est là pour en compléter les résultats et y apporter des informations nouvelles ». Les techniques d’imagerie en coupe, scanner, IRM et échographie sont toutes mises à contribution dans ce projet. Elles ont l’avantage d’être bien sûr non invasives, reproductibles et consultables à distance. Mais c’est par la visualisation spatiale des organes et la localisation précise des traumatismes et des corps étrangers notamment, qu’elle apporte des renseignements précieux aux médecins légistes. « On peut aisément aujourd’hui, à l’aide d’une reconstruction en 3D de coupes de scanner, suivre le trajet d’une balle ayant traversé un corps, poursuit le Dr Gorancour. »

De là à se croire dans une célèbre série TV américaine, il n’y a qu’un pas que nous ne franchirons pas. Car les applications de cette nouvelle spécialité sont nombreuses et beaucoup restent à écrire. Il est par exemple possible de proposer une alternative aux familles qui refusent de voir leurs défunts incisés par une autopsie classique. Le Dr. Gorincour réalise déjà, depuis un an, un examen scanner et IRM sur chaque nourrisson frappé de mort subite. Il espère ainsi réunir assez d’informations pour mieux cerner les causes de sa survenue. Il étudie aussi les accidents de plongée et a déjà formulé des hypothèses contradictoires sur l’apparition d’embolie pulmonaire ou d’emphysème sous-cutané après une noyade. « Ce projet est un vrai travail d’équipe, poursuit-il, et mes collègues de la Timone ont déjà réussit des expériences concluantes, comme la réalisation d’un angio-scanner post-mortem sous contrôle échographique. »

Ces nouvelles applications de l’imagerie sont une chance aussi pour les équipes de manipulateurs. Certains sont très impliqués et pourraient y trouver une vraie spécialisation. En attendant, le Dr Gorincour a organisé, en septembre dernier à la Timone, le « Premier Cours d’Autopsie Virtuelle » réunissant quelques 200 praticiens francophones, radiologues et médecins légistes entre autres. Il récidivera l’année prochaine afin de présenter les avancées du projet. Il est à prévoir qu’une audience plus importante se pressera à la Timone lors de cette deuxième session…

Bruno BENQUE
Rédacteur Infirmiers.com
bruno.benque@gmail.com


Source : infirmiers.com