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Lettre à un(e) ami(e) – Hum, j’aurais mieux fait d’écouter ma mère…

Publié le 18/11/2013
soins infirmiers

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Nous vous avons sollicité à l’occasion de la Journée internationale de l’infirmière, le 12 mai, et vous nous avez répondu... Vos plumes se sont envolées... Votre imagination s’est déliée... Vos états d’âme se sont exprimés... Entre beaux et bons mots ou tristes maux, vos contributions toucheront ceux qui les recevront... Merci !

Entre le 10 et le 12 mai, nous avons publié les trois lettres qui nous ont le plus enthousiasmés à la rédaction. L'ensemble des lettres est désormais disponible sur un espace dédié. Voici l'une d'entre elles. Merci à tous pour vos contributions.

Lettre à un(e) ami(e) qui voudrait devenir infirmier(e)...

Amandine et ses dix-sept années d'expérience...

Hum, j’aurais mieux fait d’écouter ma mère…

Avant d’entamer ma carrière d’infirmière, j’ai eu l’expérience du monde hospitalier avec mon BEP sanitaire et social et par les vacations à l’hôpital effectuées durant mes vacances. Lorsque j’ai annoncé que j’envisageais de devenir infirmière à ma mère, infirmière elle-même, elle ne fut pas enchantée. On a eu plusieurs discussions au cours desquelles ma chère maman m’a dépeint son travail. Elle m’a décrit les bons et les mauvais coté du métier car tout métier en a.

Elle m’a rappelé qu’elle n’ était pas présente certains soirs ou certains week-ends... Qu’une IDE avait des horaires décalés ainsi que des contraintes horaires. Certaines travaillent de nuit et durant certaines fêtes familiales... Que ce métier prenant a une incidence sur notre vie de femme et de famille... Qu’une IDE ne faisait pas de simples pansements, des bandages, ou des prises de sang.  Elle ne fait pas que des soins « propres » et des câlins aux bébés/enfants. Elle ne côtoie pas que des gens bien portants. Elle voit et touche des plaies béantes, des cicatrices. Elle fait face à la douleur des adultes mais aussi des enfants malades, des personnes âgées. Elle fait face à la déchéance de l’homme et à ses souffrances et parfois même à la mort. Elle touche le sang, les selles, l’urine.

Mais il y a aussi la course contre la montre... Le manque de personnel... Des journées surchargées où le temps manque pour réaliser tous les soins avec l’application que l’on voudrait. Ces journées où l’on oublie de se restaurer ou de vider sa vessie... Où l’on perd notre patience et même ce sourire réconfortant. Dans ces moments, face à ce ras-le-bol, à cette charge de travail, à ce travail non effectué avec le soin optimum, à cette démotivation…  Je me dis que j’aurais mieux fait d’écouter ma mère !!! Et pourtant, qu’aurais je fais dans ce cas… Je me suis déjà maintes et maintes fois posé la question…

Ce que j’ai appris au cours de mes 17 ans d’expérience...

  • Qu’être infirmière, c‘est avoir une tête et des jambes. Elle doit être attentive, consciencieuse, observatrice du moindre détail à une vue globale.
  • C'est être organisé, pragmatique et avoir un sens de l’optimisation… Etre multitâche avec une once d’ingéniosité style « Mac Gyver » pour pallier le manque de matériel. Savoir réfléchir, être réfléchie et agir dans toutes les circonstances d’urgence ou de détresse ; un mélange de dynamisme et de force tranquille.
  • C'est savoir communiquer avec tous : médecin, collègue, patient, famille... Concilier les humeurs de chacun, donc avoir beaucoup de patience et de diplomatie avec une touche de fermeté. Avoir le savoir et savoir le transmettre. Transmettre notre savoir auprès de la  « future relève », voilà une tâche optionnelle où une capacité d’adaptation, un sens de la simplification et de rigueur sont nécessaires.
  • C’est aussi être capable, avec l’expérience, d’anticiper les actes, les prescriptions, faire des suggestions auprès des médecins des soins pour le confort du patient. Savoir réconforter, travailler en équipe... Seule on ne peut tout réaliser…
    Une infirmière, c’est aussi une personne sensible, donc elle doit apprendre à se protéger.
  • Il y a aussi les sourires de la personne dont vous vous occupez qui vous remercie :

    • pour les soins que vous avez prodigué, le confort retrouvé ;
    • pour le soulagement de sa douleur ;
    • pour le soutien apporté dans sa souffrance, sur le chemin de la mort pour eux-même mais aussi pour leur famille ;
    • ou, tout simplement, pour le sourire que vous lui avez donné.
  • La satisfaction d’avoir fait notre travail selon notre conscience, la satisfaction, dans certains cas, d’avoir fait notre maximum, ou tout du moins d'avoir essayé… La reconnaissance de nos pairs :  infirmier, aide-soignant ou cadre, médecin.
  • J’ai aussi beaucoup appris et pas seulement par mon expérience mais surtout par la satisfaction qu’avait maman en rentrant de son travail, et tous ces non-dits qui traduisaient son épanouissement. Et en cela, j’ai écouté maman et emprunté son chemin professionnel..
  • J’ai toujours su une chose : je suis là où je devais être.
  • J’aime mon métier avec ses bons et ses mauvais cotés.
  • J’aime mon métier mais je ne le recommande pas à tout le monde. Il demande tellement... un tel investissement intellectuel, physique, émotionnel.

Il faut avoir eu au moins une vision de l’intérieur, une expérience d’observation du monde médical, du monde hospitalier. Avoir un avis éclairé comme lorsque ma mère m'a fait découvrir le métier.

Et avec ces éléments, faire son choix et le respecter comme elle l’a fait : elle voulait simplement que je le fasse en toute conscience. Je pense qu’elle est fière du fait que j’ai suivi sa trace car elle a aussi aimé son métier.

Amandine

Toutes les années, le 12 mai, la Journée internationale des infirmières, instaurée en 1965 par le Conseil international des infirmières (CII), une fédération de plus de 130 associations nationales d’infirmières, représentant plus de 13 millions d'infirmières du monde entier, est là pour rappeler à tous combien les infirmières œuvrent pour garantir des soins infirmiers de qualité pour tous et pérennisent par leur apport de solides politiques de santé. A cette occasion, Infirmiers.com a lancé un appel à contributions au sein même de la communauté soignante. Le projet intitulé « Lettre à un(e) ami(e) qui voudrait devenir infirmier(e) » a su séduire certains d’entre vous qui nous ont envoyé leur contribution. L’idée était la suivante : raconter sur tous les tons, sous toutes les formes, via tous les mots et/ou les images ce que vous pourriez dire pour convaincre – ou dissuader – l’un(e) de vos ami(e)s qui voudrait tenter l’aventure du soin et embrasser cette profession que vous connaissez si bien pour l’exercer vous-même avec plus ou moins de bonheur...

Elevez la voix, prenez de la hauteur, faites-vous connaître - et reconnaître - partagez et profitez de cette journée internationale des infirmières du 12 mai 2013 qui vous est dédiée pour exister plus encore

Bernadette FABREGASRédactrice en chef Infirmiers.combernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com