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Lettre à un(e) ami(e) – « Ce travail, je l'adore »

Publié le 19/08/2013
soignante infirmière médicaments

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Nous vous avons sollicités à l’occasion de la Journée internationale de l’infirmière, le 12 mai, et vous nous avez répondu... Vos plumes se sont envolées... Votre imagination s’est déliée... Vos états d’âme se sont exprimés... Entre beaux et bons mots ou tristes maux, vos contributions toucheront ceux qui les recevront... Merci !

12 mai 2013 – journée internationale de l'infirmière

Entre le 10 et le 12 mai, nous avons publié les trois lettres qui nous ont le plus enthousiasmés à la rédaction. L'ensemble des lettres est désormais disponible sur un espace dédié. Voici l'une d'entre elles. Merci à tous pour vos contributions.

Lettre à un(e) ami(e) qui voudrait devenir infirmier(e)...

« Ce travail, je l'adore »

Ma belle,

Infirmière…

Si tu m’avais dit à l’adolescence que ce serait mon métier, j’aurais paniqué.

Moi, la littéraire ? Faire des piqûres, voir des plaies, la souffrance, l’hôpital qui sent comme chez le dentiste, parler le jargon médical, mettre une vilaine blouse blanche… Ça ne m’avait jamais attirée !

Et puis un jour, comme un déclic, j’ai dit à mes parents : “Je sais ce que je veux faire, je veux être infirmière”. Ma mère a répondu : “Attends, je m’assieds”.

Et me voilà lancée : la révision du concours, le concours en lui-même avec ces centaines de personnes qui voulaient la même place que moi, et puis l’entrée à l’école. Les cours… Je ne connaissais rien, il a fallu tout apprendre. Les stages… Euh, je suis vraiment sûre de moi, là ? Parce que les infirmières, elles ne sont quand même pas très sympa avec moi, et puis j’ai du mal à m’adapter au fonctionnement d’un service hospitalier. La timidité…

Après trois ans et demi de doutes, de stress, de travail, de prise de poids et une rencontre amoureuse, ça y est ! Je suis infirmière !

Bon, bah il faut y aller !

Qu’est-ce que je vais faire ? Je n’aime pas vraiment pousser mon petit chariot à l’hôpital, mais pour un premier poste, allons-y !
Je postule en EHPAD, j’obtiens le poste très facilement. C’est vrai ça, j’ai eu l’impression que c’était la cadre qui se vendait plutôt que moi. J’étais en position forte, je pouvais choisir où je voulais aller. Et c’était décidé : la gériatrie, j’ai aimé ça pendant mes études et j’y étais plus à ma place que dans un service très technique comme les urgences ou les soins intensifs.

Je suis alors parachutée dans ce service où je me rends vite compte qu’il fallait que je m’affirme, que je comprenne rapidement mes missions. La responsabilité… de tout : des 40 patients que je suis seule à gérer, de l’équipe aide-soignante et ASH que je dois “diriger”, du téléphone qui sonne toute la journée, de la paperasse, du médecin qui arrive toujours quand on n’a pas le temps, et la peur qu’une urgence se présente et qu’on ne sache pas gérer… C’est une rude prise de conscience. En fait, pendant mes études, je pense que je n’avais pas vraiment réalisé ce que c’était réellement qu’être infirmière.

Puis, petit à petit, je m’intègre, je sais où je vais, je deviens amie avec certaines de mes collègues (moins avec d’autres, mais c’est normal), et surtout, surtout, j’apprends à aimer mon travail. Enfin ! J’aime pousser mon chariot, j’aime sentir que je suis responsable de tout le service, j’aime mes résidents ; les accompagner dans leur vie quotidienne, discuter avec eux, qu’ils aient toute leur tête ou non. Entendre des paroles que je note dans un petit carnet, pour m’en souvenir :

« Vous venez pour la conférence de presse ? », un jour où je rentre dans la chambre d’une dame à qui je viens faire une injection.
« Pourquoi tu me noircis ? », un jour où on ferme les volets parce que c’est la canicule.
« Que c’est joli ! » (et moi : “De quoi vous parlez?”) « Bah, ton… ton … ton visage ! ».

Évidemment, ce n’est pas toujours tout rose. Les conditions de travail sont affreuses, il y a énormément de travail, on doit revenir sur nos jours de repos, on n’a pas vraiment le temps de parler aux résidents comme on le voudrait, les tensions entre collègues sont parfois difficiles à supporter, les résidents sont parfois énervés, agressifs (de nous sentir nous-mêmes fatigués, sûrement).

Mais finalement, moi qui viens de quitter ce service pour aller vivre quelques temps aux Antilles avec mon infirmier d’amoureux, chercher le soleil et un nouvel emploi, ce que je retiens, c’est que ce travail, je l’adore. J’ai appris énormément en deux ans de gériatrie, grâce aux médecins avec qui j’ai travaillé, grâce aux collègues avec qui on parle beaucoup, grâce aux résidents à qui je me suis beaucoup attachée. Ah oui, il ne faut pas le dire, ça. Mais pourtant, je l’éprouve vraiment. Ces personnes, c’étaient mes patients, je fais la différence mais j’ai été deux ans auprès d’eux, plus présente pour certains que leur propre famille. Et quand il faut faire face à un décès, j’ai le droit d’être triste. L’accompagnement vers la mort, c’est un moment très fort que l’on vit avec le patient, avec sa famille et avec nos collègues. C’est un moment où nos divergences s’effacent et où on pense seulement au bien-être de la personne qui se trouve dans le lit, et auquel on souhaite un apaisement total pour partir tranquillement, sans angoisse et sans douleur.

Voilà, si j’ai pu te conforter un peu dans ton choix, c’est tout ce que je voulais. Je sais que tu es faite pour ça et que tu te plairas dans ce métier très diversifié et très enrichissant. Des difficultés, il y en a dans tous les métiers, je pense. Et le nôtre, il a ce quelque chose en plus, qui fait que lorsque tu rentres chez toi, tu es fière de ce que tu as accompli. Et comme moi, tu noteras peut-être des souvenirs dans ton petit carnet, pour sourire quand tu le reliras.

Je te souhaite beaucoup de courage, car la route est longue et éreintante, et le marcheur s’en trouve tout transformé.

Clara

Toutes les années, le 12 mai, la Journée internationale des infirmières, instaurée en 1965 par le Conseil international des infirmières (CII), une fédération de plus de 130 associations nationales d’infirmières, représentant plus de 13 millions d'infirmières du monde entier, est là pour rappeler à tous combien les infirmières œuvrent pour garantir des soins infirmiers de qualité pour tous et pérennisent par leur apport de solides politiques de santé. A cette occasion, Infirmiers.com a lancé un appel à contributions au sein même de la communauté soignante. Le projet intitulé « Lettre à un(e) ami(e) qui voudrait devenir infirmier(e) » a su séduire certains d’entre vous qui nous ont envoyé leur contribution. L’idée était la suivante : raconter sur tous les tons, sous toutes les formes, via tous les mots et/ou les images ce que vous pourriez dire pour convaincre – ou dissuader – l’un(e) de vos ami(e)s qui voudrait tenter l’aventure du soin et embrasser cette profession que vous connaissez si bien pour l’exercer vous-même avec plus ou moins de bonheur...

Elevez la voix, prenez de la hauteur, faites-vous connaître - et reconnaître - partagez et profitez de cette journée internationale des infirmières du 12 mai 2013 qui vous est dédiée pour exister plus encore.

Bernadette FABREGAS Rédactrice en chef Infirmiers.com bernadette.fabregas@infirmiers.com


Source : infirmiers.com