Les tentatives de suicide responsables de 90 000 hospitalisations par an

Environ 90.000 hospitalisations sont dues chaque année en France à des tentatives de suicide, principalement par absorption de médicaments, montre une étude publiée le 13 décembre 2011 dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

L'étude menée par Christine Chan-Chee et Delphine Jezewski de l'Institut de veille sanitaire (InVS) est la première, à leur connaissance, sur les tentatives de suicide à partir des données du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI). Elle a été réalisée sur 2004-07 dans les établissements de médecine-chirurgie-obstétrique (MCO) de France métropolitaine, comptabilisant 359.619 séjours pour 279.843 patients.

La moyenne annuelle a été estimée à 70.000 personnes hospitalisées, soit 90.000 hospitalisations, avec 84% des patients hospitalisés une seule fois et 16% plusieurs fois pour tentative de suicide.

La durée de séjour des deux tiers des hospitalisations pour tentative de suicide était d'une journée ou moins et 24% ont duré entre deux et cinq jours.

L'absorption de médicaments représentait 85,3% des modes opératoires de tentatives de suicide, principalement les psychotropes (75%). L'auto-intoxication par d'autres produits (alcool, produits chimiques, pesticides, émanation de gaz) arrivait ensuite (7,1%). La phlébotomie représentait 4,9% des séjours hospitaliers et la pendaison 1,4%, les autres modes opératoires (saut dans le vide, arme à feu, collision volontaire) étaient plus rares.

Les adolescents (15-19 ans) présentent les taux les plus élevés d'hospitalisation pour tentative de suicide, avec 43 cas pour 10.000 (environ 8.300 séjours par an). Le taux diminue ensuite pour atteindre un pic de 21 cas pour 10.000 chez les hommes de 35-39 ans et de 31 cas pour 10.000 chez les femmes de 40-49 ans.

Après l'hospitalisation, 70,9% des patients rentrent chez eux. Dans 28,2% des cas, il y a eu un transfert dans une autre structure, majoritairement vers un service de psychiatrie et dans 0,8% des cas, les patients sont décédés.

Un ou plusieurs diagnostics psychiatriques ont été codés dans 65% des séjours hospitaliers pour tentative de suicide correspondant à 60% des patients hospitalisés, principalement des troubles dépressifs (67%), les troubles liés à l'utilisation de l'alcool (33%) et des troubles anxieux (17%).

L'analyse des données pour les personnes qui ont été hospitalisées plus d'une fois pour tentative de suicide indique que le taux de ré-hospitalisation pour tentative de suicide était globalement de 14% à 12 mois, 18% à 24 mois, 21,3% à 36 mois et 23,5% à 48 mois.

Cette étude donne une image homogène mais partielle du phénomène suicidaire car dans le PMSI, ne sont pas comptabilisés certains patients suicidaires non hospitalisés après un passage dans les services d'urgence, commentent les auteurs.

"Ces données montrent l'importance de cette problématique de santé publique et la nécessité de continuer et de compléter la surveillance des tentatives de suicide à partir des données d'hospitalisation tant en médecine et chirurgie qu'en établissement psychiatrique", concluent-ils.

Ils préconisent également de développer la surveillance des recours aux urgences pour tentative de suicide, de cibler les programmes de prévention vers les adolescentes et d'évaluer les modalités de suivi des patients afin de prévenir les récidives.

Une autre étude publiée dans le BEH est issue des enquêtes du Baromètre santé. Dans l'échantillon interrogé en 2010, 3,9% des 15-85 ans ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires au cours de l'année passée et 0,5% avoir fait une tentative de suicide.

Dans ce numéro thématique figurent également des données sur la connaissance de la mortalité par suicide, le risque suicidaire et activité professionnelle, le suicide en prison et le risque suicidaire des minorités sexuelles.