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Les métiers de la santé victimes de désaffection

Publié le 13/02/2012

La directrice générale de l'offre de soins (DGOS), Annie Podeur, a fait part le 8 février 2012 de son inquiétude sur la désaffection des jeunes pour les métiers de la santé qui émerge de manière "extrêmement grave" alors que la demande de soins augmente et que de nombreux médecins et soignants vont partir prochainement à la retraite.

Elle est intervenue en ouverture du colloque annuel de l'Intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) sur le thème "L'hôpital public à l'horizon 2017", auquel participait la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH).

Annie Podeur a déploré le manque d'intérêt actuel pour l'altruisme dans les jeunes générations et a observé qu'il y avait plutôt une tentation au "repli sur soi". "Chez les étudiants, chez les lycéens, le service aux autres, le service à la personne et aux malades ne fait pas recette (...), il ne fait plus rêver".

"Nous avons un vrai défi dans notre pays de mobilisation sur ces services publics", a-t-elle déclaré.

D'autant plus, que "dans les cinq années qui viennent, il y a à peu près 100.000 infirmières et aides-soignantes qui vont partir à la retraite", soit respectivement 22% et 19% des effectifs actuels dans la fonction publique hospitalière, a-t-elle souligné.

Pour le personnel médical, Annie Podeur n'a pas démenti les chiffres avancés par la présidente de l'INPH, Rachel Bocher, qui évoquait le départ de 40% de praticiens à la retraite d'ici quatre à cinq ans, un âge moyen de 58 ans à l'hôpital et entre 15% et 20% de postes vacants, voire jusqu'à 36% dans certaines spécialités en temps partiel.
Ce "renouvellement générationnel important" attendu chez les praticiens hospitaliers et hospitalo-universitaires présente des situations contrastées "en fonction des disciplines et selon les régions", "quelques fois extrêmement graves en termes de déséquilibre", a observé la directrice générale de la DGOS.

En anesthésie-réanimation, "nonobstant les mesures prises pour résorber le déficit endémique de postes (...), on est encore loin du compte", a-t-elle observé.
Pour elle, il y a aussi un "vrai défi" sur la néphrologie "compte tenu des prises en charge de l'insuffisance rénale chronique".

Pour faire face à cette situation, elle a indiqué que le ministère de la santé avait "sur le feu" une "campagne sur les métiers de l'hôpital et du système de santé en général".
Elle estime que l'attractivité des professions devrait être renforcée notamment par l'accord-cadre sur l'exercice médical, signé le 23 janvier 2012, et par la réforme LMD (licence, master, doctorat) pour les infirmiers.

Annie Podeur a déclaré avoir entendu le souhait des syndicats de négociations "plus structurantes" sur les niveaux et modalités de rémunération des praticiens, les conditions de travail et les parcours de carrière.

Enfin, elle a indiqué que les protocoles de coopération entre professionnels de santé seraient allégés.

Le président de l'Intersyndicat national des chefs de clinique assistants des hôpitaux (ISNCCAH), Julien Adam, a rapporté que les jeunes praticiens ressentaient "un certain désenchantement" à l'hôpital mais qu'il n'y avait pas de crise de vocation pour l'hôpital public car ils sont "extrêmement attachés" à ses valeurs.

Pour attirer les jeunes, il a notamment conseillé de mieux valoriser le travail en équipe, d'investir dans les plateaux techniques, d'améliorer le déroulement de carrière, de réduire le différentiel de rémunération avec le privé en début de carrière et de donner plus de lisibilité à l'ouverture des postes de PH.

Des missions de service public à réserver à l’hôpital

La question des missions de service public a également été abordée lors du colloque.

Pour Rachel Bocher, ces missions ne doivent "en aucun cas (...) s'exercer à la carte comme le souhaitent certains acteurs du système concurrentiel".

Pour le nouveau président de la conférence des présidents de commission médicale d'établissement (CME) de centre hospitalier universitaire (CHU), le Pr Guy Moulin, il faut éviter le "saupoudrage" de ces missions sinon "c'est la fin de la qualité et de l'excellence".

"L'hôpital public doit pouvoir assurer toutes les MSP [missions de service public] et elles doivent être correctement financées", c'est-à-dire soit par la tarification à l'activité (T2A), soit par les missions d'intérêt général (MIG), a-t-il souligné.

Il a mis en garde contre la convergence entre les tarifs publics et privés qui risque de réduire les moyens des hôpitaux et donc poser des difficultés pour maintenir des MSP puis créer des carences. Or la réduction des MSP assurées par l'hôpital pourrait au final réduire son attractivité, a-t-il mis en garde.


Source : infirmiers.com