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IDEL

Les infirmiers libéraux tahitiens en colère

Publié le 27/04/2015
infirmière libérale tahiti

infirmière libérale tahiti

Les infirmiers libéraux polynésiens ne sont pas contents, et on les comprend ! Ils dénoncent des retards très importants de paiement et donc des problèmes de trésorerie et ce, depuis plusieurs mois maintenant. La gouvernance semble leur assurer du mieux à venir, alors qu'une nouvelle réglementation les oblige désormais à posséder un cabinet pour recevoir les patients... Merci à Tahiti Nui Télévision pour le partage de cet article qui ne manquera pas de faire réagir les infirmiers libéraux de l'hexagone.

Crédit - Tahiti Nui Television - A l'image de Pascale Carrere Debat, les IDEL tahitiens engagent un bras de force pour être enfin payés de leurs actes de soin.

Le 22 avril dernier, dans un communiqué, les infirmiers libéraux annonçaient qu'ils cesseraient toute nouvelle prise en charge, à domicile ou en cabinet, à compter du dimanche 26 avril minuit et ce jusqu’à ce que les délais conventionnels de paiement soient enfin réellement respectés par la Caisse de Prévoyance sociale (CPS). Les infirmiers libéraux dénoncent les retards de paiement de la Caisse qui peuvent aller jusqu’à plus de 6 mois… Certains n’arrivent plus à boucler les fins de mois. Il nous arrive que depuis plusieurs mois, plusieurs années même, nous ne sommes pas intégralement payés des factures que nous déposons, explique Pascale Carrere Debat, infirmière libérale à Faa'a.


Écouter le témoignage de Pascale Carrere Debat, infirmière libérale à Faa'a

Ils ont fait 3 ans d’études, ont un diplôme en poche, et des journées de travail qui commencent parfois à 3 heures du matin. Les infirmiers libéraux ne savent pourtant plus aujourd'hui comment payer leurs courses, leurs factures... Moi, là, je n'ai pas été payée depuis le 12 mars, raconte Pascale. Je vis à crédit. J’ai tapé dans mes économies. Je n'ai plus d'économie actuellement. J’ai vidé tous mes comptes bancaires, tout ce que je réservais pour la retraite. J'ai tout liquidé. Je n'ai plus rien. Pourtant, les infirmiers continuent de travailler. On a, théoriquement, de l'argent à notre banque CPS. La CPS est devenue notre banque. Et ça, ce n'est plus possible, s'exclame l'infirmière. La dernière fois que je suis allée à la CPS en disant que ce n'était plus possible, la dame m'a répondu : "mais qu'est-ce que tu veux que je te dise ? On n'a pas d'argent, on n'a pas d'argent. On ne va pas l'inventer ?" Comment est-ce qu'on peut nous répondre des choses comme ça ?, demande Pascale.

Je n'ai pas été payée depuis mars" souligne Pascale Carrere Debat, IDEL à Faa'a en Polynésie

Nouvelle réglementation : posséder un cabinet pour exercer en libéral

Par ailleurs, les infirmiers libéraux doivent désormais se mettre en règle : ils doivent désormais posséder un cabinet pour recevoir leur patients. Ce qui risque de faire augmenter leurs charges. Avec la récente obligation de cabinets de soins infirmiers, nous allons devoir faire face à une explosion brutale et arbitraire de nos charges de près de 15%, d’après les prévisions d’un cabinet indépendant d’experts en gestion d’entreprises, écrivent les infirmiers dans leur communiqué.

Jeudi dernier, la Présidence de la Polynésie française a souhaité réagir. Elle attribue les retards de paiement aux difficultés en matière de financement de la protection sociale. Suite à la signature de la convention État/Pays, l’État abonde en 2015 le budget du RSPF d’un montant de 1,4 milliard Fcfp. Cet apport va contribuer à la rémunération des professionnels libéraux dans des délais plus acceptables, rassure le gouvernement. La présidence annonce que le ministère de la Santé a donné des instructions à la CPS. La Caisse devra résorber dans les 10 jours, les retards générés par la grève du mois dernier et privilégier dorénavant le règlement des honoraires des professionnels dont la part de la patientèle relevant du RSPF dépasse celle de la moyenne de la profession.
Concernant la menace d'une suspension d'activité dès dimanche, la présidence a prévenu les infirmiers libéraux : nous savons qu’ils n’enfreindront pas à leurs devoirs déontologiques d’assurer les soins aux patients qui le nécessitent. En effet, la réglementation précise les motifs de refus de soins. Les critères financiers n’en font pas partie.

On apprend donc dans le même temps que les infirmiers libéraux ont mis leur menace à exécution : ils ne prendront plus de nouveaux patients à charge à compter d'aujourd'hui lundi.

Cet article est paru le 322 avril 2015 sur Tahiti Nui Télévision que nous remercions de cet échange.


Source : infirmiers.com