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L'épidémie de grippe porcine pourrait être comparable à la pandémie de grippe modérée de 1968, estime Antoine Flahault

Publié le 01/05/2009

Il est encore "trop tôt" pour faire des prévisions, mais on s'attend à ce que l'épidémie de grippe d'origine porcine avec le nouveau virus A(H1N1) soit comparable à la pandémie de grippe A(H3N2) de 1968 qui a été "modérée" et a été "oubliée" par rapport à la pandémie de grippe espagnole de 1918, indique le spécialiste qui est également directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP).

Cette nouvelle grippe "n'est pas différente" de la saisonnière au niveau de l'expression clinique. Sa gravité n'est "pas beaucoup plus importante". En revanche, elle risque d'avoir une plus grande ampleur, de toucher plus de personnes que la grippe saisonnière car toute la population pourrait être sensible à ce virus nouveau, explique-t-il en soulignant qu'on ne sait pas si les personnes âgées qui ont déjà rencontré par le passé un virus H1N1 humain pourraient avoir une protection croisée vis-à-vis du nouveau virus.

L'épidémiologiste fait remarquer que cette nouvelle grippe risque de saturer le système de santé et notamment les urgences, comme cela se produit déjà pour des épidémies très fortes de grippe saisonnière.

Il ajoute que la pandémie de grippe de 1968 a provoqué 30.000 décès qui sont passés relativement inaperçus à l'époque en raison de l'absence d'un dispositif de surveillance des décès. Actuellement, ce nombre de décès qui représente "deux fois la canicule" serait perçu comme "un échec", ajoute-t-il.

Antoine Flahault explique également que la grippe n'est grave que chez une toute petite partie de la population, que le plus souvent les décès sont liés aux complications bactériennes de la grippe, de type pneumonie, et que ce serait "une très grosse erreur historique" de croire qu'un jour la pandémie de 1918 avec son cortège de victimes pourrait se reproduire, car on a actuellement des antibiotiques, des vaccins, des antiviraux, une meilleure infrastructure de santé, du moins dans les pays développés.

Interrogé sur le fait que ce sont les sujets jeunes qui pourraient être les plus touchés, l'épidémiologiste explique que la grippe est "quand même la maladie des enfants avec 50% des cas saisonniers qui ont moins de 20 ans". C'est la raison pour laquelle, il est prévu des mesures de fermeture des écoles dans le plan de préparation à une pandémie de grippe.

Cet "ouragan épidémique" qui est en train d'arriver "va prendre un an ou deux". Pour l'hémisphère Nord, son arrivée juste avant la saison chaude va peut-être offrir "un sursis jusqu'à l'hiver prochain", avec la possibilité qu'un vaccin soit disponible d'ici là, indique le Pr Flahault.

"Aujourd'hui, on ne peut pas imaginer de bloquer les frontières. D'ailleurs, ce n'est pas recommandé" par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Le fait de vouloir confiner les personnes porteuses du nouveau virus représenterait une "décision politique visible qui pourrait laisser croire qu'on fait quelque chose", mais elle serait "une des plus inefficaces possibles", estime-t-il.

De fait, dans la grippe saisonnière comme dans la pandémique, la moitié des personnes n'ont "aucun signe clinique", juste une "simple goutte au nez". "Vous pouvez prendre l'avion et disséminer le virus sans l'avoir su simplement." Le nouveau virus circule déjà probablement en France "à bas bruit".

Le spécialiste souligne que des mesures de confinement géographique sont adaptées en revanche pour des infections de type fièvre hémorragique à virus Ebola, qui est "mortelle à coup sûr", se "voit tout de suite", n'a "pas de formes asymptomatiques" et pour laquelle le virus "n'a pas une longue carrière".


Source : infirmiers.com