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AU COEUR DU METIER

Le Port-a-Cath expliqué par une IDE/patiente

Publié le 04/12/2013
chambre implantable témoignage d

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Leslie est une jeune infirmière qui se retrouve désormais « de l'autre côté de la barrière » en tant que patiente. Elle a donc décidé de partager ces deux différentes expériences sur son blog. Son billet du jour est consacré au Port-a-cath (PAC) ou chambre implantable.

Le Port-a-Cath : la pose, les complications, la ponction, le quotidien

Lorsque l’on doit avoir une chimiothérapie anticancéreuse par voie intraveineuse, il est conseillé de se faire poser un PAC (prononcez « pack », oui comme pour la bière). Pourquoi, comment et à quoi cela sert, c’est ce que je vais essayer d’expliquer.

Qu’est ce qu'un PAC et de quoi a-t-il l'air ?

C’est l’une des formes de cathéter de voie centrale. Il se présente sous la forme d'un petit boîtier qui sera mis sous la peau et relié à un cathéter placé dans une veine (jugulaire ou sous clavière) rejoignant la veine cave supérieure (grosse veine atteignant le cœur).

Pourquoi doit-on en avoir un ?

Pour plusieurs raisons :

  • les produits de chimiothérapie sont des produits « agressifs » et leur injection répétée dans les veines des bras (veines périphériques) qui sont plus fines et plus fragiles que les vaisseaux centraux (plus gros et plus profonds) finiraient par les abîmer ;
  • une fois ce cathéter mis en place, il va le rester jusqu’au moment où on n’en aura plus besoin. Lors des cures de chimiothérapie, l’infirmier(e) aura simplement à piquer dedans, ce qui évite les traumatismes des veines du bras si on avait à piquer dedans à chaque cure.

Le Port-a-Cath en vidéo

Comment se passe la pose du PAC ?

C’est un chirurgien qui pose le PAC au bloc opératoire, la plupart du temps sous anesthésie locale. Pour certaines personnes il peut être conseillé de le faire sous anesthésie générale. Dans ce cas, une courte hospitalisation peut être nécessaire afin de surveiller les risques liés à l’anesthésie. La veille de la pose, il peut être demandé au patient de prendre une douche antiseptique à son domicile. Le jour J, le patient doit de nouveau prendre une douche antiseptique chez lui ou au sein de l'établissement (selon le protocole). Si le patient dispose de traitements particuliers, le médecin a dû indiquer au préalable s'ils doivent être pris ou non. Selon le protocole de l’établissement il peut être demandé au patient d’être à jeun quelques heures avant le geste, mais en général, comme il s’agit d’une anesthésie locale, ce n’est pas nécessaire.

La pose du PAC effectuée sous anesthésie locale permet d’être réalisée en ambulatoire. Le patient arrive le matin (ou la veille selon les établissements). Viennent ensuite les formalités administratives puis la préparation en chambre (prise des paramètres : tension, pulsations, température, douche antiseptique si non faite à domicile, dépilation du torse si nécessaire, tenue…). Puis, il passe au bloc pour environ 30 minutes/1 heure. Enfin, le patient retourne en chambre et, dès que tout est bon après une courte surveillance et accord du chirurgien, il peut rentrer chez lui. Au bloc, je me souviens avoir senti les piqûres d’anesthésie mais une fois que le produit a agi, je ne ressentais plus que les sensations sans la douleur. En fin d’opération, on vérifie que le cathéter est bien en place avec une radio du thorax.

Le patient aura normalement 2 petites plaies : une qui a servi à l’insertion du cathéter dans la veine et une plus grande au niveau de l’insertion du boîtier sous la peau. Là encore, selon les protocoles, le patient aura soit des fils résorbables ou à faire retirer par un(e) infirmier(e), soit de la colle biologique (et dans ce cas là, il n’y a rien de particulier à faire). L’infirmier expliquera selon le cas comment doit être refait le pansement et au bout de combien de temps s’enlèvent les fils. Personnellement j’ai eu de la colle biologique avec un pansement en spray par dessus et j’ai trouvé ça vraiment bien. Il n’y a pas de pansement à refaire, la pellicule finit par s’enlever au bout de 6 à 7 jours et au niveau de la cicatrice, j'ai juste un trait tout fin.

Quelles sont les complications possibles au niveau du PAC ?

Les complications sont RARES, mais voici celles qui peuvent arriver « le plus souvent » à  la suite de l’intervention :

  • présence d’un hématome : souvent sans gravité, il suffit de le surveiller mais normalement il disparaît après quelques jours ;
  • pneumothorax : écoulement d’air dans la cavité pleurale. S'il est faible, une simple surveillance sera effectuée. S'il est plus important, un drain sera mis en place pour évacuer l’air pendant plusieurs jours ;
  • mauvaise position du cathéter : détectée à la radio de vérification faite au bloc, le repositionnement se fait directement par le chirurgien ;
  • infection : surveiller l’absence de frissons, fièvre, de rougeur ou d’écoulement au niveau des plaies… En cas de problème, le patient doit contacter immédiatement son médecin.

Des complications ultérieures peuvent également survenir :

  • obstruction du cathéter : le cathéter peut se boucher (à cause des médicaments injectés et mal « rincés », d’un caillot de sang…). Dans ce cas, les médecins tenteront de le déboucher, mais si cela ne fonctionne pas, il faudra le changer ;
  • infection : elle peut être locale (simplement au niveau de la peau ou du boîtier) mais elle risque de s'engager dans la voie centrale et de devenir une infection généralisée (septicémie). En plus de bonnes règles d’hygiène, il faut aussi surveiller l’absence de rougeur, douleur ou gonflement au niveau du boîtier, ainsi que la présence de fièvre, frissons… ;
  • extravasation  : cela arrive pendant que la perfusion est en train de couler. Le produit de chimiothérapie, au lieu de couler dans la veine, s’infiltre dans les tissus environnants. Cela peut être dû à une désunion entre le boîtier et le cathéter, une mauvaise ponction ou au déplacement de l’aiguille. Si c’est pris en charge rapidement, il peut n’en résulter qu’un gonflement douloureux et rouge. Mais, si l’écoulement est plus important, cela peut aller jusqu’à la nécrose (mort) des tissus.

La ponction dans le PAC

La ponction se fait de façon stérile, après une asepsie de la peau en quatre temps (nettoyage, rinçage, séchage, antiseptique). L'infirmier(e) pique dans le PAC à l’aide d’une aiguille de Huber (aiguille spéciale pour les chambres implantables). Lors du geste, l’infirmier(e) maintien le PAC pour qu’il ne bouge pas. Il/elle demande au patient de prendre une grande inspiration et de bloquer. A ce moment là il/elle pique bien au centre, perpendiculairement à la peau et bien au fond jusqu’à la « buttée » de l’aiguille. Il/elle s’assure que le produit passe correctement dans le cathéter, protège l’aiguille à l’aide d’une compresse et d’un pansement transparent, puis branche la perfusion. Une fois la perfusion terminée, l’infirmier(e) déconnecte la perfusion, retire le pansement, puis l’aiguille et laisse un petit pansement enlevable quelques heures plus tard.

Pour ma part au niveau des sensations : lorsqu’on pique, ça me fait aussi mal qu’une prise de sang et une fois que l’aiguille est bien en place, je la sens mais ce n’est pas douloureux. Lorsqu’on l’enlève je ne trouve pas ça douloureux non plus. Mais nous avons chacun notre sensibilité et notre tolérance. Si cela est douloureux, le médecin peut prescrire des patchs qui anesthésient la peau localement. Ils sont à poser une à deux heures avant le geste pour une efficacité optimale.

Le PAC au quotidien

Une fois la cicatrisation complète, on peut reprendre des bains, aller à la piscine, faire du sport (à part pour quelques exceptions comme les sports trop violents ou pouvant tirer sur le PAC (golf), ou la plongée pour des questions de pressions), et on ne sonne pas aux portiques (enfin normalement:) ). En gros le PAC ne change pas grand chose au quotidien. Son seul inconvénient, c’est qu’il peut être perçu par certain(e)s comme un « stigmate » de la maladie, surtout en été lorsque l’on porte des décolletés ou si l'on se promène en maillot de bain.

Pour ma part, je l’ai toujours assumé. Il faut dire aussi que j’ai toujours aimé ce qui touche aux modifications corporelles (tatouages, piercings…). Du coup, ça ne m’a pas dérangée plus que cela. En général, quand les gens me demandent « c’est quoi ça ? » en le pointant du doigt, je leur réponds simplement « j’ai un cancer et ça comme tu dis, c’est ce qui me permet d’avoir mes traitements de chimiothérapie ». Bon j’avoue ça met souvent les gens mal à l’aise sur le coup, mais ne dit-on pas que la curiosité est un vilain défaut ?

Mon PAC fait partie de moi pour le moment et même s’il déforme quelque peu mon corps, il est là pour me permettre de continuer à me battre. Je le vois comme une arme et non comme une faiblesse.

Leslie http://www.pink-loutre.com/


Source : infirmiers.com