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Le coup de gueule d’une infirmière qui en a marre !

Publié le 14/09/2012

Ce « coup de gueule » d'une infirmière reçu spontanément à la rédaction ne nous a pas laissés de marbre. C’est pourquoi en cette rentrée qui s’avère délicate dans beaucoup d’établissements de santé, nous le partageons avec vous, par pure solidarité !

« Deux articles publiés récemment sur votre site me donnent envie de pousser un « coup de gueule » que j’espère salutaire... sinon il aura vocation à me libérer, ce qui n’est déjà pas rien. Ce sera court, rassurez-vous ! Cependant, si mes consœurs et confrères pouvaient m’imiter...

Je travaille dans une clinique privée dans le Gard. Une jeune femme de 39 ans a récemment mis fin à ses jours. Son mari venait de demander le divorce ne supportant plus ses horaires décalés et sa charge de travail croissante... A Libourne, en Gironde, une autre infirmière de 38 ans, mère de 3 enfants, s’est également suicidée, pour les mêmes raisons...

Trop, c’est trop... A lire l’article « L’automne 2012 verra-t-il fleurir le printemps des infirmières ? », je m’interroge : un printemps des infirmières ? Ne rêvons pas, ne rêvons plus... J'étais à Paris en 1988 lors du grand mouvement infirmier, battant les pavés avec colère et espoir... j'y ai cru ! Hélas pas longtemps. En effet, je constate aujourd’hui que la grande majorité des infirmières garde la cornette des nonnes sur la tête et préfère subir qu'agir.

Arrêter de culpabiliser...

J'ai 56 ans et plus de 30 ans d'exercice, en hôpital, en libéral et dans le privé. Divorcée... Ah ! Bien sûr ! Quel couple supporte longtemps les horaires, la pression, les week-end au boulot, le salaire qui est une insulte ? Combien d'infirmières cessent d'exercer au bout de 10 ans ? Quel est le pourcentage de femmes seules, avec enfants ? Quel est le nombre de suicides dans les hôpitaux, les cliniques et même en libéral ? Parce que vie de famille et exercice de notre métier sont incompatibles...

Combien de cancers dus au stress ? Combien de professionnels abîmés physiquement ? Mal de dos, coiffe des rotateurs... et qui continuent quand même parce que quand on est infirmière, on ne s'arrête pas... quitte à être épuisée ? « Vous n'allez pas vous arrêter ? Comment vont faire vos collègues ?... » Et toujours la culpabilité qui vient à bout de l’argument... Combien parmi les décideurs et le grand public, celui des usagers, entendent et comprennent ? « Ah quel beau métier, une vraie vocation... » Oui mais... Coup de gueule ? La liste des maux serait trop longue. Et dire que j'en ai encore pour 10 ans pour avoir une retraite tout juste décente ! Si j'avais su... »

Marie-Laurence DANAN
Infirmière dans le Gard


Source : infirmiers.com