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A l'Assemblée, des infirmiers plaident pour un master en psychiatrie

Publié le 27/02/2013

Les représentants de deux syndicats infirmiers - (SNPI-CFE-CGC et CNI), auditionnés le 22 février 2013 par la mission d'information sur la santé mentale et l'avenir de la psychiatrie de l'Assemblée nationale, ont plaidé pour la création d'une spécialisation infirmière en psychiatrie de niveau master (bac+5).

La mission doit rendre ses conclusions en juin 2013. Son rapporteur, Denys Robiliard (PS, Loiret), a mené les 21 et 22 février 2013 des auditions pour recenser les demandes de révision à la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement en psychiatrie. Des dispositions concernant les patients ayant fait l'objet d'une décision d'irresponsabilité pénale ou ayant séjourné en unités pour malades difficiles (UMD) doivent en effet être réformées avant le 1er octobre 2013, en raison d'une décision du Conseil constitutionnel d'avril 2012.

Depuis la suppression du diplôme d'infirmier de secteur psychiatrique (ISP), en 1992, la formation initiale en santé mentale des infirmiers ne s'effectue plus que dans le cadre des études de soins généraux, a rappelé Régine Wagner, membre du bureau national de la Coordination nationale infirmière (CNI). La formation actuelle, "assez réductrice et incomplète", néglige certaines bases théoriques, comme la psychanalyse, l'ethnopsychiatrie ou la psychopathologie, a-t-elle regretté. Les aménagements instaurés depuis 1992, comme la mise en place en 2006 d'un tutorat infirmier dans les services, ne sont "pas suffisants", a-t-elle ajouté.

Le syndicat réclame la mise en place, au niveau national, d'une formation spécialisée de niveau master permettant aux infirmiers d'acquérir une "expertise clinique et organisationnelle" en psychiatrie et santé mentale. Cette évolution irait de pair avec "un élargissement du champ d'exercice" des infirmiers psychiatriques, notamment en libéral, voire des transferts de compétences des psychiatres aux infirmiers.

Le secrétaire général du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI-CFE-CGC), Thierry Amouroux, a lui aussi soutenu l'idée d'un master spécialisé, tout en soulignant que les syndicats ne souhaitaient pas un retour à l'ancien système à deux filières. Il a lui aussi pointé un problème de "perte de compétences" depuis 1992. Il a noté que le master de recherche en sciences cliniques en soins infirmiers de l'Université de Versailles/Saint-Quentin-en-Yvelines proposait une spécialisation en psychiatrie et santé mentale, mais a regretté qu'une telle formation ne permette pas aux professionnels de bénéficier d'une reconnaissance statutaire.

Audiences du JLD exclusivement à l'hôpital

Thierry Amouroux a cité d'autres priorités du SNPI pour réviser la loi du 5 juillet 2011. La première est que les audiences devant le juge des libertés et de la détention (JLD) aient lieu exclusivement dans les hôpitaux, et non pas au tribunal, comme cela a lieu dans une proportion importante des cas. Le SNPI demande aussi la fin de l'expérimentation des médiateurs en santé mentale, qui consiste à ce que d'anciens malades soient salariés et intégrés aux équipes de soins.

Thierry Amouroux a affirmé que le recours à la contention en psychiatrie tendait à augmenter en raison d'un "manque de personnel criant". La "perte de sens" qui en résulte engendre "un turn-over important" dans les équipes soignantes, a-t-il estimé.

Thierry Alberti, membre du bureau de la CNI, a souligné que les infirmiers étaient très peu préparés, pendant leur formation initiale, à gérer des situations de violence. Effectuer des contentions ou des injections de force "n'est pas le quotidien de la pratique, mais cela vient impacter la réalité d'un soignant", a-t-il pourtant noté.
Comme les bonnes pratiques en matière de contention n'apparaissaient pas dans les manuels, mais s'apprennent par un "compagnonnage" dans les services, il a jugé important qu'elles soient abordées lors d'évaluations des pratiques professionnelles (EPP) ou dans des référentiels. Il a lui aussi demandé que les rencontres avec le JLD aient lieu à l'hôpital, faisant valoir entre autres que conduire les malades au tribunal réduit encore la présence des soignants dans les services. Il a déploré que la loi du 5 juillet 2011 ait entraîné une multiplication des procédures administratives et des documents à faire signer aux patients.

Les syndicats d'infirmiers devraient être à nouveau auditionnés par la mission parlementaire d'ici la fin de ses travaux, a affirmé son rapporteur, le député Denys Robiliard (PS, Loiret). Egalement entendus vendredi, quatre syndicats de psychiatres ont demandé l'allègement de la procédure des hospitalisations sous contrainte en vigueur depuis 2011, la jugeant trop complexe.


Source : infirmiers.com