La représentation de la schizophrénie dans les médias passe par "des stéréotypes porteurs de sur-stigmatisation", selon une étude publiée par l'association Promesses, co-fondatrice du Collectif Schizophrénies, à l'occasion du 14ème congrès de l'Encéphale à Paris.
L'étude, qui a été commandée à l'Observatoire société et consommation (Obsoco), avec le soutien des groupes pharmaceutiques Sanofi et Ipsen, a été conduite de mars à septembre 2015 avec les outils de la linguistique et de la sociologie. Un corpus de 1,3 million d'articles issus d'un échantillon représentatif de la presse écrite de 2011 à 2015 (Le Monde, Le Figaro, La Croix, Libération, Le Parisien, L'Express, Le Point, Paris Match) a été analysé avec le logiciel Alceste, afin de vérifier si la stigmatisation médiatique dénoncée par les conférences et études internationales dans l'usage du terme schizophrénie vaut aussi pour la France
, a indiqué l'association PromesseS dans un communiqué de presse.
Le traitement médiatique français apparaît comme, voire plus qu'ailleurs, insuffisant et inadapté
: sur 2 038 articles mentionnant la maladie sur cette période, seulement 1% y sont vraiment consacrés. Et lorsque le terme est mentionné, seulement quatre articles sur 10 y font référence pour désigner véritablement la maladie dans son sens médical
. L'étude note également la corrélation constante du terme avec des idées fausses, comme la violence, le dédoublement ou l'absence d'espoir d'une guérison. La France se classe ainsi parmi les pays du monde qui stigmatisent le plus leurs patients atteints de schizophrénie
, très loin derrière tous les grands pays européens, selon l'étude internationale Thornicroft de 2009, menée avec la Fédération mondiale de la psychiatrie, et à laquelle font référence l'association PromesseS et le Collectif Schizophrènes, créé en 2015.
Cette dérive française
est qualifiée d' étonnante
, alors que la schizophrénie touche une personne sur 100 en France (source Inserm), rappelle l'association, qui estime à 600 000 le nombre de malades en France, et entre trois millions et cinq millions le nombre de personnes concernées en comptant les parents et l'entourage immédiat.
L'étude pointe des spécificités nationales à cette mauvaise représentation : la référence à la maladie avant tout dans des articles culturels (56%) et avant tout sur un mode caricatural, un usage métaphorique courant déclinant à l'infini l'image du double
, ainsi qu' une dérive forte de cet usage métaphorique, vers un sens diamétralement opposé à la réalité médicale: celui de la manipulation
.
Le discours médiatique tend donc à véhiculer, via la métaphore, un sens fantasmé et antithèse de la réalité de la schizophrénie
, conclut l'étude, qui appelle à une vigilance particulière des patrons de rédactions, conférences de rédaction, chefs de service
, à une mobilisation des supports et rubriques jeunes et éducation
, la mise en place de partenariats de long terme avec les représentants des associations ainsi que la collaboration avec les écoles de journalisme
. Sur le dernier point, une démarche de ce type a déjà été entreprise sous la forme d'un partenariat été mis en place en 2013 entre la fédération régionale de recherche en psychiatrie et santé mentale du Nord-Pas-de-Calais (F2RSM) et l'Ecole supérieure de journalisme (ESJ) de Lille, pour aborder la question de la schizophrénie et former les futurs journalistes aux grandes notions de la maladie mentale et de la psychiatrie (cf APM VLQIU006).
Les personnes atteintes de schizophrénie qui sont traitées ne sont absolument pas plus violentes que le reste de la population générale (4%)
Un autre programme pour les écoles de journalisme a également été proposé par la F2RSM, avec le groupement d'études et de prévention du suicide (Geps) et l'Association des internes et anciens internes de psychiatrie de Lille (AIAIP), afin d'améliorer le traitement médiatique du suicide (cf APM VLRJ7003). Dans le cadre de cette initiative, des internes ont réalisé un glossaire en psychiatrie à destination des élèves journalistes.
Le Collectif rappelle que la schizophrénie est une maladie du cerveau, neurobiologique, qui affecte le système nerveux central
, qui résulte de l'interaction d'une vulnérabilité génétique et de facteurs dits environnementaux
; elle n'affecte pas directement les capacités intellectuelles mais plutôt la mise en oeuvre de ces capacités. Les personnes atteintes de schizophrénie qui sont traitées ne sont absolument pas plus violentes que le reste de la population générale (4%)
, souligne l'étude, qui insiste sur l'espoir de guérison des malades diagnostiqués pris en charge de façon précoce, et le rétablissement possible pour tous les patients.
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