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Isabelle Barreira : d'identité en identité...

Publié le 11/11/2011

Aide-soignante, étudiante en soins infirmiers, maintenant infirmière... Isabelle Barreira jongle avec les identités professionnelles... Cela ne va pas sans quelques interrogations... mais aussi récompenses...

Aide-soignante douze ans durant, Isabelle Barreira a entrepris des études d'infirmières à l'Institut de formation en soins infirmiers de Saint-Dizier (Haute-Marne) à l'âge de 30 ans, soit 3 ans de formation professionnelle continue, prise en charge par l'hôpital. Pour valider sa formation d'infirmière, en aout 2010, elle présente un travail de fin d'études original, mais surtout d'une grande qualité. Son sujet « Le professionnel aide-soignant et son identité d'étudiant » finalise brillamment sa formation (58/60) et, dans la foulée, obtient le prix Cefiec 2011. Une belle réussite qu'Isabelle Barreira aujourd'hui infirmière aux urgences de l'hôpital de Mont-de-Marsan, nous raconte.

« L’expérience professionnelle antérieure peut-elle aider à construire l’identité d’étudiant ?
C’est ce qu'Isabelle Barreira met en lumière dans ce sujet ».

« La thématique de mon travail de fin d’études s’est imposée à la lumière de différentes situations vécues en stage. Je me suis en effet rendue compte que durant ma première année d’étude beaucoup d’émotions différentes me submergeaient : surprise, interrogation, frustration, tristesse et même colère. En analysant ces émotions, j’ai compris qu’elles résultaient d'une part de ma position ambiguë entre l’étudiante que j’étais à ce moment-là et la professionnelle, l’aide-soignante que j’étais encore quelques mois avant et d’autre part, que ces émotions s'apparentaient aux sentiments vécus dans les différentes étapes d’un deuil.
Mon premier métier d'aide-soignante constituait en effet mon identité professionnelle. J'étais reconnue des autres, j'avais confiance en mes compétences, j'étais autonome, socialisée en appartenant à un groupe spécifique. Revenir sur les bancs de l'école était une chose, être encadrée durant les stages alors que j'avais plutôt l'habitude d'encadrer des nouveaux venus en était une autre. Je me sentais comme une professionnelle en stage , mais je n'étais en fait qu'en formation. C'était donc assez frustrant.
J’ai compris que je devais donc faire le deuil de ma perte d'identité professionnelle pour parvenir à en construire une nouvelle : celle d’étudiante en soins infirmiers. Ce processus s'est apparenté à une véritable « mutation » et ma réflexion m'a beaucoup aidé ensuite car il a fallu également faire le deuil de mon statut d'étudiante pour intégrer le corps des infirmières... Cette nouvelle étape ne s'est pas faite immédiatement et aujourd’hui encore je construis ma nouvelle identité professionnelle et la place qu'elle suppose au sein de l'équipe soignante. Je retrouve progressivement ce sentiment de confiance, d’autonomie, de socialisation et d’appartenance à un groupe que j’avais perdu lors de ma première année d’étude. Mais il m'aura fallu plusieurs mois de progression pour y parvenir. Je reste persuadée que mes douze années d'exercice en tant qu’aide-soignante m'ont enrichi et m'ont aidé à acquérir plus vite une certaine maturité professionnelle car je connaissais bien le milieu dans lequel j'évoluais avec de nouvelles pratiques. Je vis aujourd'hui mon nouveau métier d’infirmière avec passion et je m’épanouis dans mes nouvelles fonctions. Évidemment, j’ai encore beaucoup à apprendre. Une chose est sûre : je ne regrette pas du tout d’avoir repris mes études pour évoluer professionnellement mais je n’oublierai jamais mon ancien métier.

Avoir été primée par le CEFIEC (Comité d'Entente des Formations Infirmières et Cadres)1 pour mon TFE m'a procuré une grande fierté. Avant de recevoir ce prix, j’avais appris à la remise des diplômes à l'Ifsi que j’étais major de la région Champagne-Ardennes (ex-aequo avec une étudiante de Charleville Mézières sur 382 étudiants des 7 IFSI de la région Champagne-Ardenne. ). Ces deux résultats représentent donc pour moi l’accomplissement de ces trois années d’études, comme une récompense de l’investissement que j’ai fourni durant toute ma formation, même si j’ai mis quelques semaines à réaliser que ces résultats étaient les miens. J’éprouve évidement une grande satisfaction personnelle mais j’ai été agréablement surprise de l’impact que cela a eu sur mon entourage familial, amical et professionnel, de son intérêt et de sa fierté à mon égard. Mes collègues de travail - surtout d'ailleurs les aides-soignantes - m'ont également beaucoup complimenté... Je me sens même un peu gênée parfois par tant de reconnaissance - même la presse locale s'est intéressée à mon travail, c'est pour dire ! - mais je me dis que si une de mes collègues avait eu les mêmes résultats j’aurai eu la même réaction… ».

Lire ici le TFE d'Isabelle Barreira (PDF)

N'hésitez pas à nous adresser vos TFE, à partir du moment où ils ont été soutenus, et notés, et nous les publierons sur infirmiers.com. Pour cela, envoyez le à : bernadette.fabregas@izeos.com

Notes


1. Ce prix pour le meilleur travail de fin d'études a été remis à Isabelle Barreira lors des Journées d'études du CEFIEC, en mai dernier à Paris. Ce prix est organisé en partenariat avec la MNH, la GMF, la Banque fédérale mutualiste (BFML), les éditions Elsevier Masson et Lamarre. Il récompense trois travaux de fin d'études (IFSI, IFCS, Spécialités). Ce sont les instituts de formation qui font la première sélection, puis le jury du CEFIEC choisit les trois lauréates. Les récompenses attribués à chacune d'elles sont les suivantes : un chèque de 1000 euros, un an d'abonnement aux revue Soins et L'infirmière magazine, 200 euros de bon d'achat aux éditions Lamarre, 150 euros de bon d'achat aux éditions Elsevier Masson.


Bernadette FABREGAS
Rédactrice en chef IZEOS
bernadette.fabregas@izeos.com


Source : infirmiers.com