«Par définition, une personne transgenre, ou « trans », s’identifie à un genre différent de celui correspondant à son sexe de naissance», rappelle l'Inserm. En France en 2020 étaient concernées : 8 952 personnes qui ont en tout cas vu leur prise en charge pour « transidentité » remboursée à 100 %. Or, cette prise en charge, qui implique un parcours long et complexe sur le plan physique, mental, préventif... est loin d'être parfaite, et notamment marquée et freinée par des stéréotypes.
Le monde médical est encore très empreint de préjugés, ce qui nuit à la prise en charge
Des stéréotypes, y compris dans le monde médical
La prise en charge médicale des personnes transgenres implique aussi un suivi sur le plan préventif : cette population est en effet davantage exposée aux maladies sexuellement transmissibles, notamment l’infection par le virus du sida, à des troubles de santé mentale, souvent liés à des discriminations (tentatives de suicide, troubles du comportement alimentaire : anorexie, boulimie…) ou encore à la consommation de substances psychoactives, souligne l'Inserm. Pour autant, les professionnels de santé ne sont pas toujours formés pour les accueillir.
Plus d'un patient transgenre sur deux rapporte avoir été victime de transphobie dans des lieux de soins
« Le monde médical est encore très empreint de préjugés, voire de transphobie, ce qui nuit à la prise en charge », assure Simon Jutant, codirecteur de l’association de soutien des personnes trans Acceptess‑T. Selon une étude auprès de 633 personnes transgenres françaises, plus d’une sur deux a rapporté avoir été victime de transphobie dans des lieux de soins et 45 % ont indiqué éviter ces lieux pour cette raison.
Inégalité d'accès aux soins
L'enquête Sesam-LGBTI+, menée par un chercheur de l'Inserm, porte sur une centaine d’entretiens auprès d’acteurs impliqués : professionnels de santé, militants associatifs et citoyens et vise à documenter les enjeux sanitaires, sociaux et professionnels de l’organisation actuelle des services de santé destinés aux minorités sexuelles et de genre, dont les personnes trans. Inégalité d'accès aux soins, prise en charge médicale limitée... Les obstacles à lever sont encore nombreux pour améliorer le parcours de soin de ces patients.
« Nos résultats – qui devraient être publiés fin 2024-début 2025 – mettent en exergue des inégalités territoriales d’accès aux soins, les grandes métropoles étant mieux dotées, ainsi que des inégalités au niveau des financements publics, qui peuvent mettre en concurrence les structures et limitent ainsi leur collaboration. De plus, il apparaît que la santé des personnes trans est souvent cantonnée aux enjeux de santé sexuelle, laissant souvent de côté les questions liées aux barrières systémiques dans l’accès aux soins, à la santé mentale ou aux consommations de drogues… », révèle Gabriel Girard, chercheur Inserm et sociologue à Marseille.
Courant 2024, la Haute Autorité de santé devrait publier de nouvelles recommandations médicales pour la prise en charge des personnes transgenres. Très attendues, celles-ci «changeront-elles la donne ?» s'interroge l'Inserm.
Retrouvez l'intégralité de cette publication sur le site de l'Inserm.
Retrouvez ici le détail de l'enquête Sesam-LGBTI+
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