Comme chaque année, les Journées Francophones des Aides-soignants (JFAS) sont l’occasion de faire le point sur les dossiers chauds notamment la réingénierie du référentiel de compétences ou encore la fameuse prime pour les aides-soignants exerçant dans les établissements publics promise par Agnès Buzyn. Si les questions étaient nombreuses, les réponses ont été vagues ou inexistantes et pour cause, le principal interlocuteur, la DGOS, n’a pas fait le déplacement !
Cette année lors de la table ronde sensée faire le point sur l’actualité et surtout sur les potentielles avancées de la réingénierie de la formation initiale, la Direction Générale de l’Offre de Soins (DGOS) a brillé par son absence. En effet, elles s’est excusée mais n’a pas pu faire le déplacement au grand dam des professionnels présents. Arlette Schuhler, présidente de la FNAAS (Fédération Nationale des Associations de Aides-Soignants) a donc pris la parole pour résumer sa conversation téléphonique avec les interlocuteurs de la DGOS.
Première nouvelle, comme annoncé précédemment lors d’un point presse parmi les chantiers de Ma Santé 2022
, il était prévu de mettre un coup d’accélérateur sur les mises à jour des référentiels d’activités et de compétences des AS. Les travaux avaient démarré en 2015, depuis c’est le statu quo. Néanmoins, les concertations devraient reprendre en mars 2019
, informe Arlette Schuhler s’appuyant sur les déclarations de la DGOS.
En parallèle, le nouveau métier d’assistant médical
a également été évoqué il sera ouvert aux aides-soignants après une formation mais les concertations sont toujours en cours pour définir précisément les profils, les missions et les rémunérations
. La présidente de la FNAAS a aussi souligné que le principal but de la fédération était d’obtenir la légalisation des actes que les aides-soignants accomplissent tous les jours hors compétences et nous espérons y parvenir cette année
.
Nous, on prend le temps de venir, pourquoi la DGOS ne le prend pas ?
La prime de la discorde
Le principal sujet qui a causé débat est la fameuse prime pour les AS en poste dans les EHPAD publics
. Les conditions sont les mêmes dans le privé !
, s’agacèrent certains. Ce à quoi Arlette Schuhler et Dominique Le Pestipon, responsable pédagogique des JFAS, ont répondu : il y aura vraisemblablement des négociations avec les employeurs du secteur privé pour inclure une revalorisation financière dans les conventions
.
Or, le 30 janvier, suite à des propos tenus par le syndicat FO-Santé, le ministère s’est expliqué sur cette fameuse prime qui sera en réalité une revalorisation d’une prime déjà existante pour les soignants ayant suivi une formation en gérontologie.
Cette nouvelle n’a pas manqué à susciter des commentaires incisifs des aides-soignants, déjà peu convaincus par cette prime. Il me semble qu’augmenter les effectifs serait plus judicieux
. La FNAAS acquiesce : on n’a pas demandé cela, on a demandé des moyens supplémentaires !
J’avais l’impression d’être à l’usine, l’usine des toilettes, l’usine des repas…
Nous ne sommes pas une profession invisible !
De manière générale, les aides-soignants ont profité de cette réunion entre professionnels pour crier leur ras-le-bol
. On n’est pas écouté alors qu’on est 450 000 en France !
Le métier a changé. Je suis en poste depuis 8 ans. J’ai des collègues qui travaillent depuis 2 ans et qui sont déjà en reconversion hors milieu de la santé. En cause : les conditions de travail compliquées !
Les faibles rémunérations, les emplois précaires, les troubles musculosquelettiques… trop c’est trop. Niveau dos comme niveau psycho, on n’en peut plus !
Certains haranguent leurs consœurs et confrères pour davantage manifester et montrer leur colère : si on veut la parole, il faut qu’on la prenne !
La FNAAS va aussi dans ce sens : il faut vous exprimer. On a des réseaux sociaux comme outils pour cela. En ce moment on est en train d’écrire un livre blanc avec vos sollicitations. Il sera remis au ministère pour les travaux sur le grand âge. N’hésitez pas à partager vos propositions !
Les doléances risquent d’être nombreuses pour cette profession qui se sent depuis longtemps oubliée par les responsables politiques et par ses tutelles.
Roxane Curtet Journaliste infirmiers.com roxane.curtet@infirmiers.com @roxane0706
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