Sarah Leavitt, dans son roman graphique "Le Grand désordre – Alzheimer, ma mère et moi", raconte comment elle a vécu la maladie de sa mère. Tantôt drôle, tantôt dramatique, Sarah fait toujours preuve d'une extrême justesse dans son récit. Sans doute parce que l'auteure ne livre pas une "simple" histoire mais un véritable témoignage de son expérience personnelle…
Dès que le diagnostic de la maladie d'Alzheimer fut posé sur sa mère, Sarah Leavitt su qu'elle devait garder une trace écrite de tout ce qui allait se passer. Ainsi, durant plusieurs années, Sarah décrit les moindres détails de sa vie dans un carnet, « des moments de folie, de beauté et de tragédie ». « Il m'arrivait de jeter quelques phrases sur le premier bout de papier venu, décrivant ce qu'il se produisait alors que nous étions en train de le vivre, comme cette fois où, à table, maman s'est adressée aux brocolis », explique-t-elle. Sarah prend finalement la décision de rassembler toutes ses notes et tous ses souvenirs afin de réaliser un « graphic memoir » c'est-à-dire des mémoires sous forme de BD. Pendant quatre ans, Sarah s'attelle donc à l'écriture et au dessin de « Le Grand désordre – Alzheimer, ma mère et moi ». « J'ai écrit ce livre parce que je veux me souvenir de ma mère avant sa maladie, mais aussi pendant. Je veux me rappeler comment certains de ses traits de caractère ont été profondément affectés par Alzheimer, mais aussi comment elle a conservé d'autres aspects de sa personnalité jusqu'à la fin ».
Les « bons » et mauvais côtés de la maladie d'Alzheimer
La maladie d'Alzheimer est difficile à appréhender. Midge, la mère de Sarah, voit son état se détériorer jour après jour. Les choses simples deviennent très rapidement compliquées, comme le fait de cuisiner ou de se laver, et les souvenirs s'estompent petit à petit. Toutefois, pas question pour Sarah et sa famille de baisser les bras et de laisser Midge affronter seule la maladie. Ainsi, Sarah, sa sœur, son père ainsi que ses tantes se relaient pour s'occuper au mieux de Midge. Cela mène parfois à des situations cocasses, où l'ensemble de la famille prend plaisir à rire de bon coeur. D'autres passages s'avèrent quant à eux bien plus bouleversants. En effet, la mère de Sarah s'interroge régulièrement. Elle se sent exclue et estime « ne plus être une vraie personne ». De plus, elle supporte difficilement que l'on s'occupe d'elle ce qui ne facilite pas les choses. Mais Midge n'est pas la seule à souffrir de cette situation. « Je savais qu'elle pointait son doit vers les oiseaux qui venaient de s'envoler, raconte Sarah. Mais je fis comme si je n'avais pas la moindre idée de ce dont elle était en train de me parler. J'en avais marre d'essayer de combler les blancs de son discours. J'en avais marre de l'aider. J'en avais marre de la voir malade. Plus tard, ma colère retombée, je me sentis coupable. Puis terrifiée... ». Bref, la maladie d'Alzheimer chamboule tout, et Midge n'est pas la seule que la maladie a transformé. « J'ai changé moi aussi, souligne-t-elle. Contrainte de réexaminer ma propre identité en tant que fille et en tant qu'adulte, et de recréer ma relation avec ma mère ».
Sarah résume ainsi son ouvrage : « il ne s'agit finalement que de mon histoire, celle d'Alzheimer, ma mère et moi ». Mais, bien que personnel, ce roman graphique illustre la maladie d'Alzheimer dans son intégralité et sans pudeur. Il révèle une histoire qui permet de se faire une idée des dégâts causés par la maladie -mais pas que !-, et dans laquelle les proches des malades se reconnaîtront peut-être…
• LEAVITT S., Le Grand désordre : Alzheimer, ma mère et moi, Steinkis, 2010, 129 p., 18€
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